
Omar al-Qattaa, photographe à Gaza. Photo DR
Ma ville n’était plus celle que j’ai connue. Défigurée en à peine deux semaines. La tour ach-Chourouk, d’où je prenais très souvent des photos du dernier étage ou un café au premier, est à terre. Tout comme la désormais célèbre tour al-Jala’ où je passais voir les copains et collègues dans les bureaux d’al-Jazeera par exemple. Je ne m’en fais pas parce que je sais que Gaza renaîtra de ses cendres et sera encore plus belle. Je suis photographe freelance depuis 2011. Il y en a beaucoup à Gaza, et il faut jouer des coudes pour pouvoir avoir du travail. Pour l’instant, je n’en ai plus, notamment à cause de la crise de Covid-19, je n’ai plus eu de projets avec les ONG. Ce que j’aime le plus, c’est prendre des clichés de la ville, des gens, des souks. Avant que tout cela n’arrive, j’ai immortalisé la fête de Pâques orthodoxe à Gaza ou bien les décorations du marché al-Zawiya pendant le ramadan. Entre ces instants heureux, il y a aussi les photos de guerre. J’en ai connu trois, celle-ci a été ma quatrième et indéniablement la plus difficile. Par la puissance des bombardements, par la peur qu’elle a suscitée dans tous les foyers gazaouis chaque nuit. La plus difficile aussi parce que je suis père désormais et que j’avais très peur pour ma famille. En 2012 et en 2014, j’empoignais ma caméra et je courais dans les rues ravagées, je marchais sur les décombres, et photographiais les destructions et les victimes. Cette fois-ci, je suis surtout resté auprès des miens. Mon fils de deux ans et demi a très bien compris ce qui se passait. Chaque bruit le terrorisait et il sautait dans mes bras. Au deuxième jour de la guerre, un éclat d’obus israélien a atterri dans mon salon. Je n’ai pas hésité et nous sommes partis, ma femme, mon petit et moi, nous réfugier chez mes parents. Au moins, là-bas, nous n’étions pas seuls, nous pouvions nous remonter le moral tous ensemble. Mon fils voyait ses petits cousins effrayés lors des bombardements, alors il les imitait. Il me disait : Papa, papa, une bombe arrive, et il se cachait les yeux avec ses petites mains. Quand les rumeurs d’une trêve ont commencé à émerger, nous n’y croyions pas nos yeux. Et quand la nouvelle a été confirmée hier soir, j’ai sauté de joie, j’ai quitté l’appartement d’un proche, d’où j’étais en train de prendre des photos, pour courir retrouver ma famille. Chez mes parents, tout le monde était réuni, soulagé. Nous sommes restés à célébrer jusqu’au petit matin, fiers de la Résistance qui nous a si bien défendus, avant de nous endormir un peu plus sereins. Hier, nous sommes rentrés chez nous comme si de rien n’était, et on a fait un peu de ménage.
Ma ville n’était plus celle que j’ai connue. Défigurée en à peine deux semaines. La tour ach-Chourouk, d’où je prenais très souvent des photos du dernier étage ou un café au premier, est à terre. Tout comme la désormais célèbre tour al-Jala’ où je passais voir les copains et collègues dans les bureaux d’al-Jazeera par exemple. Je ne m’en fais pas parce que je sais que...
commentaires (3)
Ce journal n’en a pas marre des articles en boucle pour dire la même chose. Combien coûte de parler de notre pays? Dites votre prix L’OLJ nous sommes prêts à vous l’accorder pour voir des articles ressassant les malheurs et les joies des libanais et avec objectivité. Non mais c’est bon on a compris. Il y a eu des grabuges à Gaza et des pauvres réfugiés incommodés. Vous allez nous bassiner comme ça pendant combien de temps alors que nos malheurs sont innombrables et les corps de nos 230 morts en 30 seconde pas encore refroidis. Un peu de décence ne vous fera pas de mal.
Sissi zayyat
17 h 58, le 22 mai 2021