Comme il l’avait promis lors de sa prise en charge en février du dossier sur la double explosion au port de Beyrouth (4 août), le juge d’instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar, a médiatisé hier la méthode et les étapes de son travail, sans toutefois en annoncer des éléments concrets. Recevant hier à son bureau au Palais de justice six médias dont L’Orient-Le Jour, il leur a affirmé œuvrer à établir un « dossier documenté », basé sur « des expertises et études techniques », assurant que les investigations se poursuivent de manière « efficace et rapide ». Mais s’agissant pour lui d’« une mission nationale consacrée à un dossier sensible », il a refusé de s’exprimer sur des détails concernant les différents angles de l’enquête. Celle-ci se concentre « simultanément » sur l’identité des propriétaires du nitrate d’ammonium à l’origine de la double déflagration, ainsi que sur les responsabilités liées au débarquement et au stockage de la marchandise dans l’enceinte portuaire, et les causes directes des explosions, a précisé le magistrat, se contentant d’indiquer qu’il étudie l’éventualité de plusieurs hypothèses pour chacun de ces points. Le juge Bitar a affirmé avoir envoyé des dizaines de commissions rogatoires à l’intérieur du pays pour recueillir des renseignements précis, et s’est félicité à cet égard de « l’étroite collaboration » des services sécuritaires, citant « l’armée, les Forces de sécurité intérieure, et la Sûreté générale ».
Quant à la coopération des États étrangers, Tarek Bitar affirme avoir demandé à 13 pays de lui fournir des images satellites du port avant, pendant et après l’explosion, soulignant également avoir adressé 23 commissions rogatoires à l’étranger. Il a reconnu n’avoir pas encore reçu de réponses, espérant que celles-ci lui parviendront dans un délai raisonnable. M. Bitar a évoqué à ce sujet une coopération entre les ministères de la Justice et des Affaires étrangères pour accélérer les procédures. À la question de savoir s’il pourrait clôturer son enquête sans avoir recueilli des images satellitaires, il a affirmé à L’OLJ qu’à défaut de ces preuves essentielles, il le ferait s’il obtient d’autres éléments probants, assurant que la justice libanaise détient le plus grand nombre de données sur le dossier.
Interrogé également par L’OLJ sur la possibilité de convocation prochaine de personnes qu’il jugerait suspectes, le magistrat a indiqué qu’il doit d’abord constituer un dossier solide renfermant toutes sortes de preuves dont des documents et des auditions de témoins, précisant qu’il compte encore recueillir de nouveaux témoignages. Pour lui, un juge peut davantage confronter un mis en cause lorsqu’il détient au préalable des preuves à son encontre. Quid si des lignes politiques rouges se dressent devant lui, comme lorsque son prédécesseur Fadi Sawan s’était vu dessaisi parce qu’il avait voulu faire comparaître des députés et ministres ? « Je ne m’arrêterai devant aucune ligne tant que la loi m’autorise à agir », a assuré Tarek Bitar, soulignant qu’il est autant attaché à élucider les circonstances du cataclysme que les victimes et l’opinion publique.
« J’ai l’intime conviction que nous arriverons à savoir la vérité », a-t-il conclu, dévoilant entre les lignes que plus de la moitié de l’enquête a été effectuée.
commentaires (3)
L' enquete est à un stade avance..... d' enterrement...
LeRougeEtLeNoir
16 h 37, le 11 mai 2021