
La carte de financement devrait bénéficier à 750 000 familles nécessiteuses. Photo Ibrahim Chalhoub/AFP
Le gouvernement sortant de Hassane Diab souhaite finalement maintenir les subventions sur le pain, voire « de les augmenter de 12 % », selon le contenu d’une version intermédiaire d’un projet de rationalisation des subventions partagé par nos confrères de L’Orient-Today.
Le document de 16 pages, visiblement rédigé en mai, détaille une partie des modalités d’application de la stratégie établie par le gouvernement pour remplacer certains mécanismes actuels de subventions dont bénéficient les importateurs de plusieurs produits – blé, carburant, médicament, matériel médical ainsi qu’une liste de denrées alimentaires considérées comme nécessaires – contre un système d’aide directe versé via des « cartes de financement ». Ce document devrait servir de base à un projet de loi à venir. Une réunion devait d’ailleurs avoir lieu hier soir au Sérail, selon certains médias.
Selon nos informations, il ne s’agirait pas a priori du plan préparé il y a plusieurs mois par le ministère de l’Économie et du Commerce en coopération avec la Banque mondiale, même si les deux stratégies se ressemblent beaucoup. Celle préparée avec la Banque mondiale a déjà été publiée sur le site web du ministère.
Suppression des subventions sur le carburant
Les dispositifs actuels permettent aux importateurs d’échanger leurs livres contre des dollars à des taux plus faibles que ceux du marché parallèle, qui s’est envolé depuis le début de la crise il y a deux ans. Les dollars sont puisés dans les réserves de devises de la Banque du Liban, qui n’ont cessé de fondre sur cette période, d’où la volonté des autorités de modifier les mécanismes actuels qui coûteraient « 420 millions de dollars par mois », selon les termes du plan (un peu plus de 5 milliards par an).
Le fait que le gouvernement souhaite augmenter les subventions sur le pain interpelle dans la mesure où depuis un mois, les importateurs de blé peuvent obtenir de la BDL au taux officiel 100 % des dollars demandés par leurs fournisseurs au lieu de 85 % auparavant. Autre point, le texte évoque un mécanisme de subvention sur le paquet de pain (arabe) et non le blé. Or le coût du pain dépend également du prix de l’énergie, de celui des sacs plastique et des autres éléments qui entrent en jeu lors de sa fabrication, son conditionnement et son transport. Toujours est-il que la décision d’augmenter les subventions sur le pain semble traduire un consensus au sein de la classe dirigeante, qui avait évoqué plusieurs pistes ces derniers mois. Selon les auteurs du rapport, le coût de l’augmentation des subventions de ce paquet de paquet de pain passera de 15 millions de dollars à 16,47 millions mensuellement.
Autre point important de l’ébauche du plan, la baisse de plus de 54 % des subventions sur les médicaments, avec la suppression potentielle de plusieurs références de la liste de ceux qui sont actuellement couverts, une mesure qui ferait passer la facture mensuelle des aides de 108 millions à 49,8 millions. Les subventions sur l’essence, le gaz et le mazout – ce dernier carburant étant notamment utilisé par les générateurs privés – seraient eux supprimés (225,5 millions de dollars par mois, soit 53,57 % du total des subventions), tout comme l’ensemble de celles couvrant les denrées alimentaires (71,5 millions par mois). Aucune mention n’est en revanche faite sur l’avenir des subventions sur les importations de matériel médical.
Les subventions actuelles coûtent, selon le document, 420 millions de dollars par mois, alors que celui des mécanismes restructuré tombe à 66,3 millions, et celui de la carte de financement à 115,31 millions. Ainsi, ces deux derniers nécessitent 2,179 milliards de dollars par an, représentant donc une économie de 2,86 milliards de dollars par an pour les réserves de la BDL.
S’agissant du financement de la carte promise à 750 000 familles libanaises (75 % des familles qui ont le plus besoin d’aide financière, selon les estimations de la Banque mondiale), le plan évoque des fonds de deux projets, le Programme national de ciblage de la pauvreté (National Poverty Targeting Program-NPTP) et le projet de protection sociale en réponse à une crise d’urgence et le Covid-19 (ESSN), tous deux relevant de la Banque mondiale, dont une partie des fonds devrait également provenir de pays donateurs, selon les auteurs du rapport. En accord donc avec la mise en garde hier du vice-président du Parlement Élie Ferzli contre toute atteinte aux réserves de la Banque centrale pour financer cette carte. Ainsi, chaque famille recevra en moyenne (selon le nombre de personnes) près de 154 dollars par mois (compris dans une fourchette entre 60 et 210 dollars).
commentaires (3)
Ce Diab risque d'avoir à répondre des abus qu'ils considère avec simplicité. Toute atteinte aux dépôts des gens dans la banque centrale est passible de prison. Qu'il cherche l'argent ailleurs, une fois pour toute. Toute cette classe de corruption, fait tout pour éloigner une vraie faim qui risque de les engloutir et rapidement . L'heure de vérité est arrivée. Ils ne peuvent plus s'échapper.
Esber
19 h 49, le 05 mai 2021