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Politique - Liban/Israël

Frontière maritime : Aoun donne ses directives à la délégation libanaise

Le chef de l'Etat souligne l'importance de rectifier le tracé des frontières, à la veille de la reprise des pourparlers indirects.

Frontière maritime : Aoun donne ses directives à la délégation libanaise

Une carte détaillant les enjeux des négociations sur la démarcation des frontières maritimes. Mark Mansour

Le chef de l’État Michel Aoun a présidé lundi matin une réunion avec les membres de la délégation libanaise aux négociations indirectes avec Israël sur le tracé de la frontière maritime, qui doivent reprendre mardi, a annoncé l’Agence nationale d’information (ANI). La réunion s’est déroulée en présence du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.

Le chef de l'État a "donné aux membres de la délégation ses directives" avant la reprise des négociations, a indiqué l'Ani. "Le président a souligné l'importance de rectifier le tracé des frontières sur la base des lois et conventions internationales, et le droit du Liban à exploiter ses ressources naturelles dans la Zone économique exclusive (ZEE)", a annoncé la présidence sur Twitter.

La ZEE est l’espace maritime sur lequel l’État côtier dispose du droit souverain d’explorer et d’exploiter à la fois les fonds marins, leur sous-sol et les eaux surjacentes.

Michel Aoun a également insisté sur le fait que le Liban, en acceptant de reprendre ces négociations indirectes, "montre ainsi sa volonté de les voir aboutir à des résultats positifs qui pourraient continuer à préserver la stabilité et la sécurité dans la région".

La délégation libanaise est dirigée par le général Bassam Yassine, qui occupe le poste de chef d’état-major adjoint pour les opérations, et comprend le colonel Mazen Basbous, qui a occupé le poste d’adjoint du commandant des forces maritimes, Wissam Chbat, président sortant du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie (LPA, principalement chargée de suivre le dossier des hydrocarbures off-shore au Liban) et Nagib Massihi, un expert en droit international et spécialiste du dossier des frontières maritimes qui collaborait avec le commandement de l’armée dans le domaine de la cartographie.

Les négociations, qui avaient été suspendues en décembre dernier, doivent reprendre mardi à Nakoura sous l’égide de la Finul et des États-Unis, dont l’émissaire John Desrocher qui gère ce dossier est attendu à Beyrouth . Selon notre correspondante Hoda Chedid, toutes les propositions au sujet de la démarcation de la frontière maritime seront évoquées au cours de la reprise des négociations, notamment les exigences maximalistes du Liban qui avaient été formulées après le début de ces pourparlers, cruciaux pour que le Liban puisse démarrer l’exploitation des hydrocarbures off-shore. "Le Liban partira de la base de la ligne 29 rejetée par Israël, mais acceptera qu’Israël remette sur la table la ligne 23 tout en exigeant que les négociations ne portent pas uniquement sur ce dernier tracé", a ajouté notre correspondante.

Les pourparlers avaient en effet démarré en octobre sur la base d’une zone contestée d’une superficie de 860 km² à partager entre les deux pays (la ligne 23). La ligne Hof, du nom du diplomate américain Frédéric Hof qui a joué les médiateurs entre les deux parties entre 2010 et 2012, attribuait au Liban 55 % de cette zone contre 45 % à Israël. Mais après l’imposition de sanctions américaines contre le chef du Courant patriotique libre et gendre du chef de l’État, Gebran Bassil, le Liban avait fait monter les enchères, réclamant une zone supplémentaire de 1.430 km² dans le tracé de la frontière maritime avec Israël (la ligne 29), et les négociations avaient fini par être suspendues en décembre. Dans un entretien avec L'Orient-Le Jour, M. Hof s’était déclaré "très surpris" par la nouvelle demande libanaise.

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L’agence Reuters avait rapporté jeudi, citant le bureau du ministre israélien de l’Énergie Yuval Steintiz, qu’Israël "envisageait la reprise des pourparlers, mais sur la base du territoire déjà délimité et qui fait litige", en allusion à la zone délimitée avant que le Liban ne réclame une superficie supplémentaire dans le cadre de ces négociations.

Volte-face

Le chef de l’État Michel Aoun avait fait de la revendication maximaliste libanaise son cheval de bataille pendant plusieurs semaines. Pourtant, après paraphe d’un amendement au décret 6433/2011 qui donne au Liban un droit supplémentaire sur 1.430 km² par les ministres concernés, le président de la République avait refusé d’y apporter son approbation exceptionnelle, conditionnant toute signature à un consensus en Conseil des ministres. Le cabinet sortant de Hassane Diab est cependant uniquement chargé de la gestion des affaires courantes et ne peut pas donc se réunir normalement.

Dans un entretien publié dans le quotidien Nida’ el-Watan, le chef de l’État avait estimé que promulguer l’amendement du décret 6433/2011 reviendrait à "mettre un terme aux négociations" avec Israël. Face aux revendications libanaises jugées maximalistes, l’État hébreu avait menacé le Liban d’un tracé maximaliste de son cru qui aurait empiété sur quatre blocs libanais et bloqué toute négociation.

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Mais les détracteurs du chef de l’État l’accusent d’utiliser ce dossier comme une arme de négociations avec les États-Unis pour les pousser à revoir leur position par rapport à son gendre.

La volte-face du chef de l’État est intervenue au cours de la visite à Beyrouth le mois dernier du sous-secrétaire américain aux Affaires politiques, David Hale. D’après notre chroniqueur politique Mounir Rabih, l’émissaire américain a clairement signifié aux responsables libanais l’opposition des États-Unis à la promulgation d’un tel décret.

Pour sa part, Gebran Bassil avait catégoriquement démenti avoir tenté d’obtenir des États-Unis la levée des sanctions qui lui sont imposées, en échange de la non-signature par le chef de l’État de l’amendement du décret élargissant la zone réclamée par le Liban dans le cadre des négociations. Dans un discours il y a dix jours, il avait proposé un compromis entre les limites de la zone disputée et la ligne 29 qui représente les revendications maximalistes du Liban. Mais cette proposition n’a pas manqué de susciter une nouvelle polémique, les détracteurs du chef du CPL l’accusant de vouloir instrumentaliser le dossier à des fins personnelles.

Le chef de l’État Michel Aoun a présidé lundi matin une réunion avec les membres de la délégation libanaise aux négociations indirectes avec Israël sur le tracé de la frontière maritime, qui doivent reprendre mardi, a annoncé l’Agence nationale d’information (ANI). La réunion s’est déroulée en présence du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.Le chef de...

commentaires (3)

Ce revirement soudain mérite à lui seul une insurrection et une enquête de la part et des grandes instances judiciaires pour savoir de quel droit ce président se comporte comme étant le propriétaire du pays et le brade tantôt aux iraniens tantôt aux israéliens sans que personne ne lui demande des comptes. Où est ce qu’on va comme ça? Ça n’est plus d’enfer qu’il s’agit mais de libanais qui vont se retrouver sans nation ni terre ni mer tant que cet individu est au pouvoir.

Sissi zayyat

22 h 40, le 03 mai 2021

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Commentaires (3)

  • Ce revirement soudain mérite à lui seul une insurrection et une enquête de la part et des grandes instances judiciaires pour savoir de quel droit ce président se comporte comme étant le propriétaire du pays et le brade tantôt aux iraniens tantôt aux israéliens sans que personne ne lui demande des comptes. Où est ce qu’on va comme ça? Ça n’est plus d’enfer qu’il s’agit mais de libanais qui vont se retrouver sans nation ni terre ni mer tant que cet individu est au pouvoir.

    Sissi zayyat

    22 h 40, le 03 mai 2021

  • Cet article ne met pas les points sur les i. Il decrit superficiellement les faits comme s’il ne s’agissait que d’un echange de choses sans valeur. C’est sans doute cette politique redactionelle qui fait de plus en plus de gens qualifier l’OLJ de feuille de choux. Il faut pousser vos collaborateurs à aller au fond des sujets. Ce n’est pas compliqué mais ça demande plus d’efforts des deux côtés, direction et equipe, mais ça ne coûte pas plus cher...

    Saade Joe

    17 h 49, le 03 mai 2021

  • Une différence entre notre voisin du Sud et l'autre c'est qu'on peut négocier avec lui. Une autre c'est qu'on lui doit 5 à 10 fois moins de réfugiés. Presque un bon voisin

    M.E

    12 h 28, le 03 mai 2021

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