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Économie - Classement

Pour le PNUD, le Liban patine toujours en termes de développement humain

L’étude des Nations unies se base sur des données collectées avant 2020, ce qui laisse présager le pire pour la suite.

Pour le PNUD, le Liban patine toujours en termes de développement humain

Le Liban verra son score diminuer fortement dans le rapport de l’IDH de l’année prochaine, se basant sur les chiffres de 2020, qui fut une année terrible pour le pays. Photo P.H.B.

Avec un score de 0,744 point (sur un barème de 1), le Liban a légèrement amélioré son rang mondial, passant de 93e à 92e sur 189 pays au classement annuel 2020 de l’Indice de développement humain (IDH) réalisé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Au niveau régional, le pays du Cèdre conserve son 8e rang sur 20 États retenus, comme lors de la précédente édition d’un classement secondaire toujours dominé par les Émirats arabes unis, 31e mondial. L’IDH a été créé par le PNUD en 1990 pour mesurer, comme son nom l’indique, le niveau de développement d’un pays. Il est considéré par une majorité d’économistes comme le complément qualitatif du PIB, qui est utilisé pour mesurer les richesses créées dans un pays au cours d’une période donnée. En plus de certains marqueurs économiques (épargne, investissement ou service de la dette), l’IDH inclut, par exemple, l’espérance de vie, le niveau d’éducation ou encore l’impact environnemental (à travers les émissions de CO2 et l’empreinte carbone). Un paramètre ajouté l’année passée dans la liste de ceux pris en compte et qui est également mis en avant dans cette dernière édition du classement, comme en témoigne le titre du rapport, « Le développement humain et l’Anthropocène », ce dernier terme désignant une période de l’histoire caractérisée par des changements dus aux activités humaines, soit donc à partir de la révolution industrielle, au XVIIIe siècle. Durant la présentation en ligne du rapport il y a quelques jours, la représentante du PNUD au Liban, Céline Moyroud, a indiqué que l’étude faisait ressortir le fait qu’au niveau global, « l’impact humain (était) plus grand qu’auparavant ».

Répercussions des restrictions sanitaires

Si le Liban a maintenu son rang au classement de l’IDH malgré l’accumulation des crises depuis près de deux ans – économique, financière, sanitaire et même écologique en comptant les incendies de septembre 2019 ou la marée noire israélienne de 2021 –, c’est parce que les données utilisées par le PNUD sont antérieures à 2020. Bien que les premiers signes apparents de la crise économique et financière se soient manifestés à mi-2019, ce n’est en effet que l’année suivante que le gros de ses conséquences se sont ressenties sur les indicateurs socio-économiques du pays (croissance, taux de pauvreté ou balance des paiements, notamment).

Le Liban ne sera cependant pas le seul à devoir s’attendre à perdre des points l’année prochaine, les restrictions imposées en raison de la pandémie de Covid-19 ayant eu d’importantes répercussions négatives ailleurs dans le monde et à plusieurs niveaux. Le directeur du bureau du rapport, Pedro Conceição, a quant à lui pointé du doigt « un recul des progrès accomplis » en matière de développement humain pour les femmes et les enfants, des dégâts qui mettront selon lui « plusieurs décennies » à être réparés.

Déjà sur la pente descendante

Pour en revenir au classement, la moyenne mondiale de l’IDH s’est établie à 0,737 et le podium revient à la Norvège, l’Irlande et la Suisse (les deux derniers étant ex aequo). Voisin du Liban, Israël est 19e et grille cette année encore la politesse à la France qui est 20e. Au niveau régional, les pays arabes affichent une moyenne de 0,705 – soit légèrement en dessous de la moyenne mondiale.

Les Émirats, et leur score de 0,89 point, sont suivis par l’Arabie saoudite (40e), Bahreïn (42e), le Qatar (45e), Oman (60e) et le Koweït (64e), qui sont tous classés dans la catégorie de pays ayant un développement humain très élevé. Le Liban, lui, se place dans la catégorie de pays ayant un développement humain élevé, devant la Jordanie (102e mondial), la Palestine (115e), l’Égypte (116e), ou encore la Syrie (151e) et le Yémen (179e), pour rester au niveau des pays arabes. Parmi les autres résultats notables des voisins du Liban, Chypre est 33e, tandis que la Turquie est 54e mondial et l’Iran 70e.

Enfin, bien que son rang ne soit descendu que d’un seul cran par rapport à l’étude de l’année passée, le pays du Cèdre a tout de même perdu 6 places entre 2014 et 2019, tandis que son score a régressé, passant de 0,766 en 2010 à 0,744 actuellement, soit une baisse de 0,34 % durant ces années. Alors que, durant cette période, la note mondiale a, elle, augmenté de 0,59 % et celle des pays arabes de 0,47 %. Le Liban était donc déjà sur la pente descendante et les indicateurs pris en compte ne présagent rien de bon pour l’édition de l’année prochaine.

Contre-performances économiques

Examinés à la loupe, les résultats glanés par le Liban permettent de constater l’impact négatif de ses contre-performances dans les différents sous-indices économiques et financiers – le PIB libanais avait d’ailleurs reculé de -6,7 % en 2019, selon la Banque mondiale. C’est par exemple le cas du ratio évaluant le rapport entre service de la dette (les paiements nécessaires pour rembourser un emprunt étatique) et les exportations, un indicateur qui mesure la part des recettes d’exportations du pays qui est absorbé par les remboursements de la dette sur un exercice donné. Le Liban, qui a fait défaut sur sa dette en devises en 2020, affiche ainsi le plus haut ratio au niveau mondial et régional avec 72,1 % sur la période retenue par les auteurs de l’étude, soit de 2015 à 2018. Un chiffre extrêmement élevé par rapport aux moyennes des pays arabes (16,3 %) et du monde (14,5 %). La dette publique s’est élevée à 95,9 milliards de dollars à fin janvier, dont un tiers environ (36,2 milliards) est libellé en dollars. Un autre indicateur de la mauvaise santé économique libanaise est le faible ratio des investissements/PIB qui s’est élevé à 18,4 % entre 2015 et 2019, en dessous de la moyenne mondiale (26,3 %) et régionale (26,2 %). L’épargne nationale nette ajustée, qui est l’épargne nationale des agents économiques à laquelle le PNUD a ajouté les dépenses d’éducation de la population et a soustrait les effets sur l’environnement, était déjà négative entre 2015 et 2018 (-22,3 %). Les pays arabes affichent une moyenne de +12,4 % contre +10,8 % au niveau mondial. Les énergies fossiles représentaient entre 2013 et 2015 près de 97,6 % de la consommation énergétique totale.

Inégalités, éducation, santé

Au niveau social, le tableau est tout aussi sombre. Les 1 % les plus riches détenaient entre 2010 et 2017 pas moins de 23,4 % des revenus du pays, contre 24,8 % pour les 10 % les plus riches (entre 2010 et 2018) et 20,1 % pour les 40 % les plus pauvres (2010 et 2018). Les inégalités de genre sont également criantes : le Liban se place par exemple à la 96e place au niveau mondial, soit une dégringolade de près de 20 places par rapport à la 79e place occupée en 2019, entre autres marqueurs. L’IDH libanais est par exemple de 0,774 pour les hommes et de seulement 0,691 pour les femmes, malgré des durées moyennes d’années de scolarisation presque égales (8,9 contre 8,5 respectivement). Cela se répercute sur les revenus nationaux bruts par habitant de 23 124 dollars pour les hommes et de seulement 6 078 dollars pour les femmes, soit près du quart (chiffre de 2017). Celui des hommes libanais est d’ailleurs légèrement supérieur à la moyenne mondiale de 21 323 dollars, mais celui des femmes ne représente que la moitié de la moyenne globale (12 063 dollars). Dans le monde du travail, uniquement 23,3 % des travailleurs hors du secteur agricole sont des femmes (plaçant le Liban dans le tiers inférieur), une représentation supérieure à celle du monde arabe (16,3 %) mais bien inférieure aux proportions mondiales (39,4 %).

Enfin, alors que le Liban était reconnu pour son excellence dans les domaines éducatifs et médicaux, il ne se hisse que dans le tiers inférieur pour les indicateurs de l’IDH liés au premier de ces deux domaines et le tiers intermédiaire pour le second. Des résultats qui devraient sensiblement s’aggraver en 2020, en raison des conséquences de la pandémie qui a éloigné les élèves de leurs éducateurs via le développement de l’enseignement en ligne, et du départ de nombreux médecins en raison de la crise en 2020.

Avec un score de 0,744 point (sur un barème de 1), le Liban a légèrement amélioré son rang mondial, passant de 93e à 92e sur 189 pays au classement annuel 2020 de l’Indice de développement humain (IDH) réalisé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Au niveau régional, le pays du Cèdre conserve son 8e rang sur 20 États retenus, comme lors de la précédente...

commentaires (1)

Sur les 196 pays membres des nations unies, je pense que nous ne devons pas être loin des 190 eme , 191 eme place... Environnement , éducation , santé , Sécurité, justice, .urbanisme, emploi, économie.... Seuls les talibans doivent mieux faire...!

LeRougeEtLeNoir

17 h 13, le 29 avril 2021

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Commentaires (1)

  • Sur les 196 pays membres des nations unies, je pense que nous ne devons pas être loin des 190 eme , 191 eme place... Environnement , éducation , santé , Sécurité, justice, .urbanisme, emploi, économie.... Seuls les talibans doivent mieux faire...!

    LeRougeEtLeNoir

    17 h 13, le 29 avril 2021

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