Dans un entretien accordé ce week-end au Financial Times (FT), le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a reconnu l’existence des transferts sur lesquels la justice suisse se penche depuis plusieurs mois tout en assurant qu’ils étaient parfaitement réguliers.
Le gouverneur en poste depuis 1993 et qui est considéré par beaucoup comme l’un des nombreux responsables de la crise financière que traverse actuellement le pays faisait notamment référence à un ensemble de transferts totalisant autour de 330 millions de dollars de frais de courtage entre 2002 et 2014. Des opérations qui ont eu lieu entre la banque centrale et la compagnie Forry Associates Ltd (Forry) enregistrée en 2001 aux îles Vierges, et qui serait contrôlée par le gouverneur et son frère, Raja Salamé.
Le haut responsable a assuré « qu’aucun dollar (…) n’a été fait au détriment de la BDL et que les transactions ciblées avaient été effectuées à partir d’un compte de compensation ». « Toutes les opérations ont été approuvées par le conseil central », a-t-il insisté, ajoutant que l’opération aurait été illégale si c’était la BDL qui avait elle-même payé ces commissions, ce qui n’est pas le cas, toujours selon lui. Également contacté par le FT, Raja Salamé a, lui, assuré avoir « toujours gagné (son) argent de manière légitime ».
Selon un courrier qui a fuité en janvier dernier – mais qui aurait été émis en novembre selon le FT –, le ministère public de la Confédération helvétique (MPC) a adressé une demande d’entraide judiciaire au Liban dans le cadre d’une instruction pénale « pour blanchiment d’argent aggravé en lien avec de possibles détournements au préjudice de la BDL ».
Le gouverneur de la Banque centrale est également visé au Liban par plusieurs enquêtes, et est tenu responsable, parmi d’autres, par plusieurs observateurs de la crise actuelle que traverse le Liban depuis plus d’un an et demi, certains experts qualifiant le système financier mis en place depuis les années 1990 de « pyramide de Ponzi ». D’autres lui reprochent d’avoir contribué à faire échouer les négociations entamées en mai 2020 par le Liban avec le Fonds monétaire international pour décrocher une assistance financière, ou encore l’audit juricomptable lancé en septembre 2020 sur les comptes de la BDL – un dossier qui n’est pas encore clos. Ses soutiens déplacent, eux, le curseur de la responsabilité de la crise sur la classe politique qui a largement profité du système mis en place tout en repoussant systématiquement les réformes nécessaires pour assainir les finances publiques du pays. Lequel a fonctionné pendant plusieurs années sans budget en raison des tensions politico-sécuritaires aux niveaux local et régional.
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Tout le monde veut mettre la main sur le Tresor Libanais en dégommant Riad Salamé mais en vain.Plus de Riad Salamé et le Liban s’enfoncera dans les ténèbres de la faillite totale.
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08 h 37, le 29 avril 2021