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Nos Lecteurs ont la Parole

Où trouver un responsable ?

« Le confessionnalisme a vécu, survécu, s’est transformé durant presqu’un siècle. Mais le système semble aujourd’hui à bout de souffle. D’aucuns lui imputent l’immobilisme politique qui conduit le pays toujours plus loin dans la crise. Dans Le Monde, Raphaël Gurrada, chercheur à l’Ehess et spécialiste du Liban, estime qu’il existe depuis le traité de paix un “équilibre précaire” que personne ne veut briser par “peur de retrouver un chaos sociétal”. Il faut que rien ne bouge » constate-t-il. (Maxence Gevin, LCI, 2020).

La citoyenneté n’est pas un espace de complaisances, mais le devoir de chacun parmi nous. La différence est pertinente entre un engagement civil dûment responsable, issu d’une éducation et d’un parcours particuliers, et la révolte légitime d’une large tranche de la population suite au cumul des crimes, des corruptions et des injustices. Après un centenaire d’immaturités flagrantes mais aussi aberrantes, il s’agira de décider si l’on préfère le recours aux tutelles ou au rétablissement d’une maturité intrapersonnelle, respectueuse, interactive en toute indépendance. À travers une histoire de concordances au silence tacite, de très graves erreurs sont toujours enfouies car la culture du déni prévaut. Elle entretient bon gré, mal gré des systèmes rotatifs de pouvoirs alimentés par l’archaïsme, le favoritisme, le suivisme, le clientélisme et l’art du contour verbal. « Quel Libanais n’a pas une histoire à raconter sur la corruption qui gangrène le pays depuis des décennies ? Ce fléau semble impossible à éradiquer tant il est intégré dans les comportements... Le service le plus touché est sans doute celui du cadastre. Un mal qui remonte à la période ottomane. Pour faire enregistrer un terrain, il vaut mieux glisser une enveloppe de billets au fonctionnaire derrière son bureau, sinon, le dossier restera en souffrance... sans que rien ne se passe. » (Christian Chestnot, 2020, France Culture).

Tout responsable devrait en temps voulu rendre compte de son travail, mais cela nécessite des démarches intimement voulues afin de correspondre au juste rôle. Les procédures qui évitent le niveau critique de la transparence ne mènent généralement ni à des réponses définitives ni à pointer les coupables. Souha, Wadi’aa et tant d’autres depuis plus de 60 ans ont prouvé leur appartenance à la démocratie. Ils ont appliqué les normes inscrites dans la Constitution, réglé à temps leurs obligations, correspondu à la logique citoyenne. Cependant, ils n’ont pas pu être reconnus dans leur pays d’après les compétences et les mérites professionnels. La raison est la suivante : ils n’ont appartenu à aucun réseau, à aucun groupe particulier, à aucun parti ou à un chef dont l’autorité demeure indiscutable. Ces Libanaises et Libanais ont pourtant prouvé des rapports autonomes dans leurs familles et à l’école. Ils ont réussi une trajectoire d’adultes sans se soumettre au va-de-soi subjectif de tant de contextes arbitraires. Néanmoins, presque personne ne les a considérés à juste titre. Ils ont dû quitter le pays du Cèdre pour d’autres cieux car les qualificatifs qui comptent le plus chez tant de nos employeurs répondent à un ordre d’appréciation nombriliste. Si le demandeur d’emploi n’est pas connu d’avance pour des penchants similaires et s’il ne donne pas son accord pour convenir à la façon de penser et de faire du directeur, les chances d’être pris pour le poste se réduisent souvent à néant. « Les bonnes affaires » avant toute autre considération réduisent le sens propre du mérite à une étape secondaire jusqu’à devenir parfois dérisoire. Souha raconte : « J’avais tous les qualificatifs académiques. Après de longues années d’expérience fructueuse, le lendemain de la réception d’une attestation qui confirme un haut niveau, j’ai été refusée car pour faire partie d’une équipe, il fallait convenir en tout point à la mentalité du responsable principal. »

La grande maladie du Liban ne se limite pas à des personnes corrompues, mais à un système sociétal où la reconnaissance de la claire transparence est fort problématique. Le degré de familiarité suffit pour énoncer l’appréciation, le type d’embauche ou l’exclusion. Où trouver donc un responsable pour tant de nos victimes s’« il faut que rien ne bouge » ?


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« Le confessionnalisme a vécu, survécu, s’est transformé durant presqu’un siècle. Mais le système semble aujourd’hui à bout de souffle. D’aucuns lui imputent l’immobilisme politique qui conduit le pays toujours plus loin dans la crise. Dans Le Monde, Raphaël Gurrada, chercheur à l’Ehess et spécialiste du Liban, estime qu’il existe depuis le traité de paix un...

commentaires (1)

le tres cher Joe Acoury est a l'evidence encore optimiste quant a l'avenir ! pour pas trop bla blater je demanderais plutot a trouver quelqu'un qui N'EST PAS RESPONSABLE ! moi je n'en trouve aucun.

Gaby SIOUFI

10 h 56, le 26 avril 2021

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Commentaires (1)

  • le tres cher Joe Acoury est a l'evidence encore optimiste quant a l'avenir ! pour pas trop bla blater je demanderais plutot a trouver quelqu'un qui N'EST PAS RESPONSABLE ! moi je n'en trouve aucun.

    Gaby SIOUFI

    10 h 56, le 26 avril 2021

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