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Monde - Analyse

Poursuite de l’enquête sur les origines du coronavirus, un exercice diplomatique de haute volée

Pékin veut empêcher à tout prix d’être blâmé pour la pandémie.

Poursuite de l’enquête sur les origines du coronavirus, un exercice diplomatique de haute volée

Un homme masqué à bicyclette, passant devant un homme mort sur le trottoir, près d’un hôpital de Wuhan, le 30 janvier 2020. Hector Retamal/AFP

L’Organisation mondiale de la santé cherche le moyen de poursuivre l’enquête sur les origines de la pandémie de Covid-19 après une première mission qui a soulevé plus de questions qu’elle n’en a résolu. Un difficile exercice d’équilibre diplomatique.

Déterminer comment le virus, qui a fait plus de trois millions de morts dans le monde, est passé à l’homme est jugé crucial pour tenter d’empêcher la prochaine pandémie.

Les conclusions d’une équipe de scientifiques mandatés par l’OMS et leurs collègues chinois, qui ont mené l’enquête en Chine, n’ont pas apporté de réponse définitive et exigent plus de recherches.

Mais si l’OMS et une bonne partie de la communauté internationale s’accordent à dire qu’il faut continuer l’enquête, une épreuve de force se joue en coulisse pour savoir non seulement ce qu’il faut étudier mais aussi où.

Il a fallu plus d’un an après les premiers cas détectés à Wuhan – une métropole du centre de la Chine – en décembre 2019 pour que les enquêteurs internationaux puissent se rendre sur place.

Pékin veut empêcher à tout prix d’être blâmé pour la pandémie et le pouvoir aujourd’hui semble tout faire pour que l’enquête se poursuive ailleurs qu’en Chine.

Une position résumée fin mars, par une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères : « Nous espérons que d’autres pays présentant un intérêt vont coopérer étroitement avec les experts de l’OMS, de manière scientifique, ouverte, transparente et responsable, comme la Chine l’a fait. »

Absurde

Une caractérisation qui est loin d’être universellement partagée. « À tout le moins, il y a unanimité sur le fait que la deuxième phase (de l’enquête) doit avoir lieu en Chine », a souligné un diplomate occidental, ayant requis l’anonymat, à Genève, estimant que Pékin est seul à demander qu’elle se déroule ailleurs. « L’idée que la prochaine étape ne doive pas se concentrer en premier lieu sur la Chine est absurde », s’esclaffe Jamie Metzl, un expert américain en géopolitique. M. Metzl, fait partie d’un groupe de scientifiques qui ont dénoncé dans une lettre ouverte une enquête sur les origines qu’ils jugent profondément biaisée. « Le rôle disproportionné qu’a joué le gouvernement chinois dans ce processus pose un problème », a souligné le diplomate occidental.

Hypothèses

Le rapport des experts publié en mars, après plusieurs reports, a établi une liste d’hypothèses et conclu que la plus probable est la transmission du nouveau coronavirus d’une chauve-souris à un animal intermédiaire – qui n’est pas encore connu – avant qu’il ne s’adapte à l’homme et ne déclenche la crise sanitaire mondiale qui se poursuit.

Les experts recommandent de poursuivre les recherches sur leur hypothèse principale mais aussi sur plusieurs autres scénarios. Un seul ne mérite pas d’être creusé selon eux, le virus échappé d’un laboratoire de Wuhan. Cette position a provoqué un tollé, notamment aux États-Unis, et l’OMS s’est vue forcé de dire que toutes les hypothèses restaient sur la table, y compris celle du laboratoire, qui selon le patron de l’organisation Tedros Adhanom Ghebreyesus n’avait pas été assez étudiée.

Discréditer la Chine

« Les Chinois ont réussi avec brio et subtilité à faire croire que cette mission d’étude consistait à chercher les origines zoonotiques » de la pandémie, à savoir la transmission de l’animal à l’homme, affirme M. Metzl.

Et bien « que ce soit une hypothèse très crédible », « si vous commencez sur l’idée de l’origine zoonotique du virus, vous commencez avec la conclusion », accuse-t-il.

En retour, le ministère chinois des Affaires étrangères chinois a accusé M. Metzl et les autres signataires de chercher à « mettre la pression sur la mission et l’OMS » et affirmé que ce sont les États-Unis et d’autres pays qui ont politisé la mission pour « discréditer la Chine ».

Pour l’heure, les choses semblent au point mort. Une équipe de l’OMS passe en revue les recommandations « et va faire des propositions pour les prochaines études qui devront être menées », a indiqué un porte-parole de l’organisation à Genève, sans donner de calendrier. Le sujet reviendra certainement sur le tapis lors de l’Assemblée mondiale de la santé, l’organe décisionnel suprême de l’OMS, qui se tiendra en mai.

Nina LARSON/AFP

L’Organisation mondiale de la santé cherche le moyen de poursuivre l’enquête sur les origines de la pandémie de Covid-19 après une première mission qui a soulevé plus de questions qu’elle n’en a résolu. Un difficile exercice d’équilibre diplomatique.
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