Filet de sécurité sociale : la BM tance l'inaction du Liban

La Banque mondiale (BM) a dénoncé dans un rapport publié mardi l'inaction du gouvernement libanais dans la mise en œuvre du projet de filet de sécurité sociale pour les plus défavorisés, financé par un prêt de 246 millions de dollars accordé par l'institution financière. Ce prêt avait été validé début mars par le Parlement, mais aucune mesure n'a depuis été prise pour lancer le projet, critique la BM, qui regrette notamment que Beyrouth n'ait pas commencé à vérifier les listes de candidats éligibles à l'aide, un processus qui doit prendre plusieurs mois.

Selon le projet approuvé par le Parlement, le prêt de la Banque mondiale devrait permettre de financer un hypothétique filet de sécurité sociale au bénéfice de près de 150 000 familles, qui recevront dans ce cadre des aides mensuelles en espèces. Une aide financière devenue cruciale pour nombre de Libanais, compte tenu de la crise économique qui sévit dans le pays depuis plus d’un an et demi, condamnant plus de la moitié de la population à glisser dans la pauvreté, sur fond de pandémie de coronavirus.

Rappelant, dans un rapport sur le "statut" de l'avancement du projet, les différentes étapes de mise en place et d'approbation du prêt, la BM a souligné que "le Parlement a introduit des modifications à l'accord de prêt et aux sous-composantes du projet, notamment en réduisant les allocations de fonds pour différentes activités clés". En effet, le Parlement avait modifié le projet initial et demandé à réallouer à l’enveloppe des aides directement versées aux familles, un montant de 21 millions de dollars initialement réservé pour constituer la base de données devant permettre de contrôler la transparence des opérations de décaissement. "La Banque mondiale attend une lettre du ministre des Finances pour examiner les changements apportés par le Parlement, ce qui nécessitera probablement une restructuration et des subventions supplémentaires pour que le projet couvre les activités nécessaires", a-t-elle affirmé à ce propos, notant que ce document est nécessaire pour l'entrée en vigueur du prêt. 

"En outre, les conditions de décaissement ne sont pas encore remplies. La vérification des candidats (éligibles à ce filet de sécurité sociale, ndlr) n'a pas encore commencé et devrait prendre au moins 4 à 6 mois", a estimé l'institution, jugeant que "le gouvernement aurait dû commencer ce processus il y a plusieurs mois".

"Aucune des conditions n'a été remplie à ce jour", a dénoncé la BM, affirmant "travailler en étroite collaboration avec le gouvernement pour assurer le respect rapide de ces conditions afin de procéder à la mise en œuvre du projet". 

Ce prêt fait par ailleurs l'objet de discussions entre la Banque du Liban (BDL) et la BM quant à la devise dans laquelle seront versées les aides et à quel taux. La BDL veut verser les aides prévues en livres libanaises à un taux proche de celui du marché parallèle, ayant intérêt à capter les devises du prêt pour ralentir la fonte de ses propres réserves, utilisées pour les subventions de certains produits. Face à la dépréciation et à la volatilité de la monnaie nationale par rapport au dollar, la BM préfère verser les aides prévues en devises exclusivement.