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Sport

La vie sans Usain Bolt pour l’athlétisme

Les grosses performances ne manquent pas, mais comment rivaliser avec l’aura, le charisme et la popularité du légendaire sprinteur jamaïcain ?

La vie sans Usain Bolt pour l’athlétisme

De 2008 à 2016, le légendaire sprinter jamaïcain Usain Bolt a été le personnage central des Jeux qu’il a su magnifier par ses titres (8) et ses chronos supersoniques. Mais ses adieux à l’issue des Mondiaux de Londres en 2017 ont laissé un vide immense. Antonin Thuillier/AFP

L’athlétisme s’apprête à vivre à Tokyo ses premiers JO depuis la retraite d’Usain Bolt : le premier sport olympique n’a pas encore trouvé « la » star capable de prendre sa relève et de s’imposer auprès du grand public. De 2008 à 2016, le légendaire sprinter jamaïcain a été le personnage central des Jeux qu’il a su magnifier par ses titres (8) et ses chronos supersoniques. Mais ses adieux à l’issue des Mondiaux de Londres en 2017 ont laissé un vide immense.

Pourtant, ce ne sont pas les grosses performances qui manquent. Depuis l’éclipse de Bolt, pas moins de 38 records du monde ont été battus sur piste et sur route (20 chez les femmes, 18 chez les hommes), et l’été s’annonce bouillant avec la possible apparition en sprint et sur les sauts des chaussures dernière génération qui font déjà des miracles en fond et demi-fond. De grands talents se sont également révélés, comme le prodige suédois Armand Duplantis à la perche, l’Ougandais Joshua Cheptegei, plus rapide que l’Éthiopien Kenenisa Bekele sur 5 000 m et 10 000 m, le survolté Scandinave Karsten Warholm et le duo américain Dalilah Muhammad-Sydney McLaughlin sur 400 m haies.

Mais comment rivaliser avec l’aura, le charisme et la popularité de Bolt ? L’absence de repères sur 100 m, l’épreuve reine et la course la plus attendue, n’aide pas les fans à s’y retrouver, personne n’ayant pu s’approprier le trône laissé vacant. Le champion du monde de la distance, l’Américain Christian Coleman, initialement suspendu deux ans pour trois manquements à ses obligations de localisation pour des contrôles antidopage, a vu sa sanction réduite à 18 mois vendredi dernier par le Tribunal arbitral du sport (TAS), une remise de peine toutefois insuffisante pour lui permettre d’aller à Tokyo, même si Noah Lyles présente de sérieuses références chronométriques et entreprendra de devenir le premier Américain depuis Carl Lewis à réussir le doublé 100 m-200 m.

Au-delà de la « Bolt dépendance », la visibilité de l’athlétisme a été mise à mal par les Mondiaux de Doha en 2019, organisés devant des tribunes vides et en dehors de la période estivale, puis par la crise sanitaire avec le report et les annulations de nombreuses compétitions en 2020. « Le grand public a perdu ses repères », analyse Virgille Caillet, délégué général de l’Union sport et cycle, et ancien directeur général adjoint de la Fédération française d’athlétisme. « Le calendrier est très confus depuis deux ans. On a perdu la formule qui faisait la force de l’athlétisme : un drame, un héros, un drapeau. On n’a plus de héros puisque l’on n’a plus Bolt, et on n’a plus de confrontations et de dramatique non plus puisque la dernière grande compétition date de 2019 », estime-t-il.

Dès son arrivée à la tête de la Fédération internationale en 2015, Sebastian Coe avait mis le doigt sur la nécessité pour l’athlétisme, miné par les affaires de corruption et de dopage, d’élargir son audience et d’anticiper l’après-Bolt. World Athletics vient ainsi de lancer une grande consultation, ouverte à tous et disponible sur internet en douze langues, afin de dessiner les contours de ce sport pour les prochaines années. Les résultats de cette enquête serviront de base à un plan stratégique pour la période 2021-2030. « La communauté de l’athlétisme devra discuter de la manière dont notre sport doit évoluer dans un nouvel environnement, quel genre d’innovations nous voulons, comment notre sport peut attirer un plus vaste public », explique Willy Banks, membre du Conseil de World Athletics et qui préside le groupe de travail chargé de superviser ce projet. Pour l’ex-recordman du monde du triple saut, qui popularisa le clapping dans les années 1980, l’athlétisme reste un sport « flexible ». « Après la retraite de Carl Lewis ou de Sergei Bubka, il n’a cessé de croître. On a perdu Bolt, l’athlète d’une génération, et il faudra quelques années pour s’ajuster, mais il y a une autre génération d’athlètes qui arrive et qui va capter l’attention du public », veut-il croire.

Rémy Charpentier, manager du meeting de Monaco, qui a accueilli le Jamaïcain à deux reprises (2011 et 2015), estime, lui, que l’ère Bolt n’a été qu’une parenthèse et « qu’il ne faut pas à tout prix chercher la nouvelle star ».

« Il n’y aura plus un focus sur une seule personnalité et on va revenir à ce que l’on connaissait avant. Bolt a amené une plus-value à l’athlétisme, mais le produit avait déjà de la valeur. La preuve, la Ligue de diamant a signé fin 2019 avec un partenaire-titre (le groupe chinois Wanda), deux ans après le départ de Bolt », indique-t-il.

Keyvan NARAGHI/AFP

L’athlétisme s’apprête à vivre à Tokyo ses premiers JO depuis la retraite d’Usain Bolt : le premier sport olympique n’a pas encore trouvé « la » star capable de prendre sa relève et de s’imposer auprès du grand public. De 2008 à 2016, le légendaire sprinter jamaïcain a été le personnage central des Jeux qu’il a su magnifier par ses titres (8) et ses...

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