
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif arrivant pour une réunion entre le président iranien Hassan Rohani et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Téhéran, le 13 avril 2021.Photo Reuters
Alors que les relations entre son pays et l’Occident traversent une nouvelle phase de tensions, notamment autour de l’Ukraine, M. Lavrov s’en est pris avec virulence à l’UE et à sa décision annoncée lundi de sanctionner huit responsables iraniens pour leur rôle dans la répression violente d’une vague de contestation en novembre 2019. « Si cette décision a été prise de manière volontaire en pleines négociations à Vienne (...), alors ce n’est plus malheureux, c’est une erreur qui serait pire qu’un crime », a-t-il lâché, exhortant les Européens à prendre « des mesures pour empêcher un échec des négociations ».
La riposte de Téhéran
En riposte à la décision de l’UE, qui coordonne les discussions de Vienne, Téhéran a annoncé lundi soir suspendre « tout dialogue sur les droits humains » avec les Vingt-Sept, de même que sa coopération avec l’Europe en matière de « terrorisme, de (lutte contre le trafic de) drogue et des réfugiés ». L’Europe, « par son incapacité à honorer ses engagements aux termes de l’accord de Vienne, et en pliant sous la pression américaine, a montré que son utilité sur la scène internationale est progressivement en train de disparaître », a déclaré hier M. Zarif, déniant aux Vingt-Sept une quelconque « supériorité morale ». « Nous n’avons aucun problème à revenir à nos engagements (...) mais les Américains doivent savoir que ni les sanctions ni des actes de sabotage ne leur procureront un instrument de négociation et que ces actions ne feront que compliquer encore la situation pour eux », a-t-il ajouté. La République islamique a accusé Israël d’avoir saboté dimanche son usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, dans le centre de l’Iran, et a promis une « vengeance » en temps et en heure. Selon Téhéran, une « petite explosion » a entraîné une panne de courant et des dégâts « rapidement » réparables. Washington a nié toute implication.
Engin explosif clandestin
Le New York Times, selon qui l’opération a été menée par les Israéliens, a écrit hier de Jérusalem, en citant « un responsable des renseignements », qu’« un engin explosif a été introduit clandestinement dans l’usine de Natanz, qu’il a été mis à feu à distance et qu’il a fait sauter le circuit électrique principal ainsi que celui de secours ». « Ce qu’ils ont fait à Natanz, ils ont pensé que cela serait au désavantage de l’Iran (...), je vous assure que dans un avenir proche, Natanz va passer à des centrifugeuses plus perfectionnées », qui rendront l’usine encore plus « puissante », a déclaré M. Zarif. « Les Israéliens, s’ils pensaient qu’ils pouvaient stopper les efforts de l’Iran pour faire lever les sanctions contre le peuple iranien, ont fait un très mauvais pari », a-t-il ajouté. Les discussions de Vienne réunissent les États encore parties à l’accord sur le nucléaire iranien (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Iran et Russie), sous l’égide de l’Union européenne. Washington y est associé mais sans contact direct avec les Iraniens.
Le premier pas
Une nouvelle réunion doit avoir lieu mercredi à Vienne. Selon la télévision d’État iranienne, le vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a quitté Téhéran hier pour s’y rendre. En riposte au retrait américain de l’accord et au rétablissement par Washington de sanctions à son encontre, l’Iran s’est affranchi depuis 2019 de la plupart des engagements-clés limitant ses activités nucléaires qu’il avait pris à Vienne. Joe Biden, qui a succédé à M. Trump en janvier, a signalé son intention de réintégrer l’accord. Mais jusqu’à présent, Téhéran et Washington exigent mutuellement de l’autre qu’il fasse le premier pas avant de revenir aux engagements auxquels chacun avait souscrit. « Nous voulons (...) que toutes les parties à (l’accord) mettent en œuvre leurs promesses et leur parole et que tout ce qui a été conclu (en 2015) soit accepté », a déclaré le président iranien Hassan Rohani en recevant M. Lavrov, selon un communiqué de ses services.
Source : AFP
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