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Moyen-Orient - Éclairage

Les États-Unis rétablissent l’aide aux Palestiniens

Prenant de manière symbolique le contre-pied de la politique de l’administration précédente, l’équipe de Joe Biden veut renouer avec les principes de la diplomatie traditionnelle américaine.

Les États-Unis rétablissent l’aide aux Palestiniens

Des agents de santé palestiniens devant le centre géré par l’l’Unrwa, hier dans le camp de réfugiés de Rafah, au sud de la bande de Gaza. Saïd Khatib/AFP

C’est un changement d’approche sur la question palestinienne promis par Joe Biden lors de la course à la Maison-Blanche et que son administration a officialisé cette semaine. Dans un communiqué diffusé mercredi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé la reprise de l’aide américaine aux Palestiniens, deux ans et demi après sa suspension par Donald Trump. « L’aide américaine au peuple palestinien sert les intérêts et les valeurs des États-Unis. Elle apporte une aide cruciale à ceux qui en ont besoin, favorise le développement économique et soutient le dialogue israélo-palestinien, la coordination de la sécurité et la stabilité », a souligné le chef de la diplomatie américaine.

Ce financement, qui atteint au total 235 millions de dollars, doit être réparti entre l’aide économique et au développement dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, les programmes de consolidation de la paix de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAid) et l’assistance humanitaire à travers l’Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (Unrwa). Ces aides doivent s’ajouter à celles prévues le mois dernier par Washington pour appuyer les Palestiniens face à la pandémie de Covid-19, alors que les autorités israéliennes, qui estiment qu’il ne relève pas de leur responsabilité de vacciner les Palestiniens de Cisjordanie, sont accusées de mener une campagne de vaccination aux accents politiques.

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En prenant symboliquement le contre-pied de la politique de Donald Trump, qui a entretenu des rapports particulièrement étroits avec l’État hébreu et a rompu tout lien avec l’Autorité palestinienne en 2018, l’administration Biden affiche sa volonté de renouer avec les principes de la diplomatie traditionnelle américaine et son attachement à la solution à deux États, remise en cause par l’ancien locataire de la Maison-Blanche. « Cela a pour but de signaler que les relations entre Washington et l’Autorité palestinienne continuent à être normalisées », remarque Ghaith al-Omari, chercheur au Washington Institute for Near East Policy. « Les montants annoncés restent cependant modestes, ce qui indique que Washington attend de voir si les élections palestiniennes prévues le 22 mai auront lieu ou non et les résultats que le Hamas va obtenir. Une victoire importante du Hamas (considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, NDLR) rendrait impossibles, selon la loi américaine, des aides supplémentaires à l’avenir », observe-t-il.

Initiative diplomatique

Si les aides américaines prévues pour l’Unrwa atteignent aujourd’hui 150 millions de dollars, elles s’élevaient à 365 millions de dollars avant leur suspension en 2018, soit 30 % du budget annuel de l’agence onusienne, faisant de Washington son plus gros contributeur. « L’Unrwa et les États-Unis sont des partenaires historiques (...) et l’Unrwa ne saurait être plus heureuse car, une fois de plus, nous nous associerons aux États-Unis pour fournir une assistance essentielle à certains des réfugiés les plus vulnérables du Moyen-Orient », a déclaré hier le commissaire général de l’agence onusienne, Philippe Lazzarini, dans un communiqué. Fournissant différents services d’aide, de soins de santé ou encore d’éducation à près de 5,7 millions de réfugiés palestiniens, l’Unrwa répartit ses activités entre la Jordanie, le Liban, la Syrie et les territoires occupés.

« Nous attendons avec impatience non seulement la reprise des aides financières, mais aussi le retour des relations politiques avec les États-Unis d’une façon qui permette à notre peuple palestinien d’accomplir ses droits légitimes à créer un État indépendant avec Jérusalem pour capitale », s’est réjoui pour sa part le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh. Selon des sources citées en mars par l’agence Reuters, l’administration Biden serait en train de travailler sur un plan pour rétablir les liens avec les Palestiniens, peu après avoir annoncé la réouverture du bureau de l’Organisation de libération de la Palestine à Washington, fermé en 2018. « La décision américaine (de reprendre les aides à l’Unrwa) n’indique pas cependant que les États-Unis sont sur le point de lancer une nouvelle initiative diplomatique », nuance Ghaith al-Omari. « L’administration Biden a été très claire sur le fait qu’elle se concentrera sur des objectifs moins ambitieux, mais qu’elle ne s’engagera pas à un niveau diplomatique élevé », poursuit-il.

Exigence de concessions préalables

Interrogé lors d’une conférence de presse mercredi sur l’intention ou non d’utiliser ces aides comme un moyen de pression pour amener les Palestiniens à parler avec Israël, le porte-parole du département d’État Ned Price a souligné qu’il ne s’agissait que de « mesures humanitaires ». L’Unrwa reste cependant dans une situation délicate sur le plan financier. L’année dernière, elle avait indiqué être à court de liquidités pour assurer le paiement des salaires de ses 28 000 employés en novembre et décembre. Selon la porte-parole de l’agence onusienne, l’année 2021 a commencé avec un passif de 75 millions de dollars résultant de l’exercice de l’année 2020, et il devrait atteindre plus de 200 millions de dollars pour l’année en cours.

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Fustigée par l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis Gilad Erdan, l’initiative américaine ne fait pas non plus l’unanimité au Congrès où certaines voix remettent en question la transparence et la neutralité de l’agence onusienne, à l’instar du contenu de ses programmes scolaires considérés comme « antisémites ». Dans une déclaration publiée mercredi, les sénateurs républicains Jim Risch (Idaho) et Michael McCaul (Texas) ont estimé que la reprise des aides aux Palestiniens sans concessions préalables de l’Autorité palestinienne « sape les intérêts américains ». Ils ont également précisé qu’ils suivraient de près si elles ne violent pas la Taylor Force Act, selon laquelle Washington ne peut fournir une assistance économique à l’Autorité palestinienne directement jusqu’à ce qu’elle cesse de payer des allocations aux familles de personnes qui ont commis des violences contre des Israéliens.

C’est un changement d’approche sur la question palestinienne promis par Joe Biden lors de la course à la Maison-Blanche et que son administration a officialisé cette semaine. Dans un communiqué diffusé mercredi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé la reprise de l’aide américaine aux Palestiniens, deux ans et demi après sa suspension par Donald Trump....

commentaires (1)

Chapeau Biden ???

Eleni Caridopoulou

18 h 17, le 09 avril 2021

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Commentaires (1)

  • Chapeau Biden ???

    Eleni Caridopoulou

    18 h 17, le 09 avril 2021

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