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Politique - Décryptage

Après les propos de Nasrallah, la voie gouvernementale est ouverte, mais...

Il aura fallu d’une phrase et demie dans le discours du secrétaire général du Hezbollah, mercredi en fin d’après-midi, pour que le climat général concernant la formation du gouvernement devienne positif.

Hassan Nasrallah a ainsi déclaré à la fin de son allocution qu’il est temps de former le gouvernement et que des efforts collectifs communs sont déployés à cet effet. Auparavant, dans la longue partie consacrée à la guerre au Yémen, il a glissé : « Je ne veux pas hausser le ton face à l’Arabie pour ne pas être accusé d’entraver la formation du gouvernement... »Depuis ces quelques mots, les milieux politiques et médiatiques sont en état d’alerte et spéculent sur les « efforts collectifs et communs ». Selon certaines sources qui suivent de près le dossier, c’est le leader druze Walid Joumblatt qui a ouvert la brèche, lorsqu’après le rejet par le président du Conseil désigné de l’initiative du directeur de la Sûreté générale, il a déclaré ne pas tenir à un gouvernement de 18 membres, ajoutant qu’au final, le nombre de ministres compte peu. Walid Joumblatt avait informé toutes les parties concernées, dont la France, de sa position. Cette idée ainsi que les signaux positifs envoyés depuis quelque temps par le chef du Parti socialiste progressiste ont attiré l’attention du président de la République, qui l’a invité à une rencontre à Baabda. Le chef druze s’est donc rendu au palais présidentiel et il a réitéré ses propos sur le fait que le nombre de ministres est peu important et qu’il serait par conséquent prêt à accepter un gouvernement de 20, de 22 voire de 24 membres.

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Pour le chef de l’État, il s’agissait d’un appui inespéré, surtout que depuis le début des tractations pour la formation du gouvernement, il avait à plusieurs reprises demandé au Premier ministre désigné de ne pas se limiter au nombre de 18 ministres. Mais à chaque fois, Saad Hariri insistait sur cette formule, laissant entendre que le chef du PSP devrait choisir le seul ministre druze du gouvernement. Or, si le gouvernement compte plus de 18 ministres, cela signifie qu’il y aura forcément deux druzes, un proche de Walid Joumblatt et le second proche de Talal Arslane. D’ailleurs, après avoir exprimé son point de vue, Walid Joumblatt a pris soin de rencontrer son rival druze, « pour unifier les efforts face à la crise économique et sociale ».

Face à la position claire de Walid Joumblatt, Saad Hariri n’avait plus de raison de s’accrocher à l’idée d’un cabinet de 18 membres. Mais après le clash avec le président de la République lors de leur dernière rencontre le 22 mars, il ne pouvait pas se rétracter, sans donner l’impression de perdre la face. Il s’est donc rendu à Bkerké et c’est à partir de là qu’il a laissé entendre qu’il pourrait envisager un gouvernement de plus de 18 membres, voire de 24.

C’était l’occasion qu’attendait le président de la Chambre pour relancer une initiative de rapprocher les points de vue. Sa proposition consiste en trois points : un gouvernement de 24 membres, sans tiers de blocage, formé de spécialistes. Dans les détails, cette proposition est censée satisfaire Michel Aoun en tenant compte de son exigence de spécialisation des ministres, car chacun aurait ainsi un seul portefeuille (il y en a 22 au Liban) et le Premier ministre ainsi que le vice-président du Conseil n’auraient aucun maroquin. Elle devrait aussi satisfaire Saad Hariri en ne donnant pas de tiers de blocage au chef de l’État, puisque le gouvernement serait formé de 3 « huit ». En même temps, selon la proposition de Nabih Berry, le ministère de l’Intérieur ferait partie de la quote-part du chef de l’État, lequel aurait aussi son mot à dire sur le choix de tous les autres ministres, en tant que partenaire à part entière dans la formation du gouvernement.

En principe, cette formule pourrait donc satisfaire toutes les parties et aboutir à la mise sur pied du cabinet tant attendu. Mais dès qu’on entre dans les détails, les obstacles resurgissent.

En effet, au Liban, rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît et ce qui semble logique peut très vite déraper vers l’irrationnel. Par exemple, dans cette formule en particulier, parmi les huit ministres désignés par le chef de l’État faut-il compter le ministre arménien du parti Tachnag ? La question mérite d’être posée car elle a constitué un des principaux obstacles qui ont entravé la formation du cabinet de 18 membres, jusqu’à l’initiative du directeur de la Sûreté qui avait tranché en parlant de 5 ministres plus un à Michel Aoun, dont celui du Tachnag... Pour le chef de l’État, le Tachnag est un parti indépendant même si ses députés font partie du groupe parlementaire aouniste. Preuve en est qu’ils ont nommé Saad Hariri le 22 octobre alors que les autres membres du groupe ne l’avaient pas fait.

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Toutefois, comme le chef de l’État avait accepté l’initiative du directeur de la Sûreté, il pourrait donc accepter que le ministre arménien fasse partie des 8 qui lui sont dévolus. Mais un autre problème se posera alors : qui devra choisir les 4 ministres chrétiens restants dans un gouvernement de 24 ? En principe, il devrait y en avoir deux pour les Marada et un pour le Parti syrien national social (PSNS), selon les promesses faites par Saad Hariri. Mais qui choisira le quatrième ? Là on risque de retomber dans les discussions interminables sur l’unification des critères dans le choix des ministres, réclamée par le chef de l’État et son camp, face à la volonté du Premier ministre désigné de choisir un ministre chrétien... De même, en donnant la possibilité à Talal Arslane de choisir un second ministre druze, qui serait forcément proche du chef de l’État, ne serait-on pas en train de donner à ce dernier un tiers de blocage déguisé, avec 8 ministres plus un ?

S’il y a une véritable volonté de former un gouvernement, tous ces pièges peuvent être déjoués rapidement. Mais cette volonté existe-t-elle ? C’est là qu’interviennent les considérations externes, ainsi que la volonté de toutes les parties concernées d’être influentes dans un gouvernement appelé à rester en fonction jusqu’aux élections de 2022.

Il aura fallu d’une phrase et demie dans le discours du secrétaire général du Hezbollah, mercredi en fin d’après-midi, pour que le climat général concernant la formation du gouvernement devienne positif.
Hassan Nasrallah a ainsi déclaré à la fin de son allocution qu’il est temps de former le gouvernement et que des efforts collectifs communs sont déployés à cet effet....

commentaires (5)

"Il aura fallu d’une phrase et demie dans le discours du secrétaire général du Hezbollah, mercredi en fin d’après-midi, pour que le climat général concernant la formation du gouvernement devienne positif." Je suis d'accord avec votre constatation Mme Haddad, fakhamét le président Hassan Nasrallah mène la barque...

DJACK

14 h 30, le 02 avril 2021

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Commentaires (5)

  • "Il aura fallu d’une phrase et demie dans le discours du secrétaire général du Hezbollah, mercredi en fin d’après-midi, pour que le climat général concernant la formation du gouvernement devienne positif." Je suis d'accord avec votre constatation Mme Haddad, fakhamét le président Hassan Nasrallah mène la barque...

    DJACK

    14 h 30, le 02 avril 2021

  • JE SUGGERE AU SAYED HASSAN NASRALLAH DE NOMMER MADAME CONSEILLERE GENERALE ET RESPONSABLE DE LA PROPAGANDE DU HEZB ET DU CPL AVEC AOUN ET SON GENDRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 49, le 02 avril 2021

  • ... "Il aura fallu d’une phrase et demie dans le discours du secrétaire général du Hezbollah, mercredi en fin d’après-midi, pour que le climat général concernant la formation du gouvernement devienne positif... " de tout ce charabia je ne retiens que l'introduction a cet article mentionne ci-haut , avec semble t il toute la fierte, tout l'apanage devolu au khamenai version libanaise. la fierte de voir nasrallah confirme dans son role de chef d'orchestre, de leader incontestable auquel l'auteure et beaucoup de libanais vouent une devotion illimitee. ET VIVE LA NATION LIBRE, INDEPENDANTE ET ETERNELLE

    Gaby SIOUFI

    11 h 11, le 02 avril 2021

  • Une très bonne analyse qui démontre que la caste politique au pouvoir est stérile.

    Zovighian Michel

    04 h 42, le 02 avril 2021

  • "après les mots de .... "...Eh oui!! Même Scarlett reconnaît finalement que le Prez fort n'est qu'une allégorie et une fiction azimovienne où un robot est télécommandé par un génie maléfique lui même nourrit d'une puissance négative complètement isolée de pôle positif...

    Wlek Sanferlou

    01 h 40, le 02 avril 2021

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