Rechercher
Rechercher

Lifestyle - La Mode

Azzi&Osta, à la fraîcheur des premières fois !

Le binôme Azzi&Osta livre une sixième collection de prêt-à-porter qui puise sa poésie dans l’enthousiasme de leurs débuts. On y retrouve l’enchantement des premières esquisses, premières influences. On y retrouve surtout l’optimisme et la joie tranquille de la convalescence, quelques mois après la destruction totale de leur atelier dans la double explosion de Beyrouth.

Azzi&Osta, à la fraîcheur des premières fois !

Sixième collection de prêt-à-porter signée Azzi&Osta. Photos Amanda Charchian

Esmod Beyrouth, 2004, deux jeunes aspirants stylistes découvrent leur passion commune pour l’histoire, le surréalisme et la science des textiles. Très vite, cette complémentarité va faire d’eux un binôme. En 2010, après un stage qu’ils effectuent ensemble chez Élie Saab, ils mettent en commun leurs atouts et leurs compétences pour réinventer le glamour sous un label portant leurs deux noms et dont les lettres vont très vite briller au fronton de la mode contemporaine. Voici Georges Azzi et Assaad Osta, une explosion plus tard, devant la page blanche. Après une année de pandémie et la destruction totale du beau local près du port de Beyrouth où ils avaient installé le futur de leur marque, comme tous les Libanais, ils sentent le besoin d’économiser leurs émotions pour la route.

Mais comment créer une collection sans vibrer ? En allant chercher, comme une évidence, les gestes des premières fois. Premières fois de l’enfance, où Georges joue avec les chutes de tissu dans l’atelier de sa grand-mère, couturière professionnelle ; où Assaad s’émerveille des toilettes de sa mère, créées par elle-même, pour elle-même, avec ces détails complexes et raffinés dont seule se prévaut la haute couture. Premières rêveries en ces années 1990 marquées par une actualité douloureuse, entre la guerre du Golfe, les massacres au Rwanda ou la vague du sida qui n’a pas encore montré le sommet de sa crête. Cette décennie en crise va aller chercher son optimisme dans les années 1960 et 1970. La musique techno couvre introspections et états d’âme ; la fripe, le punk, le grunge, le minimalisme, le recyclage font leur entrée dans les vestiaires d’une génération qui interprète la pesanteur du « No Future » en vinyle, fluo, paillettes façon boule à facettes et piercings. Une autre communauté ovationne un Martin Margiela secret, invisible, qui organise ses défilés dans des stations de métro, crée des colliers avec des capsules de canettes et taille des hauts dans des sacs de supermarché. Entre ces multiples tendances, un seul dénominateur commun : l’envie de bousculer les codes, de ressusciter le vêtement politique ou manifeste, de commencer le long chemin vers le sauvetage de la planète promise à un épuisement certain.

Un temps d’inspiration sans limite

Pour Azzi et Osta, les années 1990 sont celles des premiers dessins de mode et des premiers tableaux d’ambiance. Des premiers achats de tissu, aussi, avec leur argent de poche, parfois après des semaines d’économie, ce qui rendait à l’acquisition la valeur d’un trésor. Dans ces premiers gestes, la certitude de leur engagement sur la voie de la mode comme mode d’expression, comme véhicule de confiance et de beauté. « C’était un temps d’inspiration sans limites, d’idées folles et de nuits d’été insomniaques où nous étions trop occupés à préparer l’avenir pour les passer à dormir », se souviennent les deux créateurs.

De la richesse de ces souvenirs émerge une nouvelle collection de prêt-à-porter, la sixième et la plus libre, débarrassée, grâce à la pandémie qui a changé le temps de la mode, du diktat des saisons. Une palette sobre, à la fois forte avec ses aplats de blanc et de noir, et délicate avec ses vert doux, rose poudré, gris feutré et marine, parfois chahutés par un vert acidulé ou un bordeaux pailleté, anime des robes de soirée au raz des cuisses, taillées dans des vestes déstructurées, terminées par des nœuds couture exagérés. Des silhouettes ludiques, pleines de cet humour désinvolte qui a pu traverser les 90’s, émergent d’une tempête de paillettes, de velours, de crêpe et de tulle. À la fois sensuelles et élégantes, les robes de cocktail révèlent des fentes profondes et des corsages à bords francs. Une nostalgie résolument moderne s’exprime à travers des techniques de coupe radicales, réinventant le costume féminin à travers des pantalons de coupe masculine contrastant avec des corsets en tulle et des vestes de smoking. On ne peut que s’incliner devant la beauté des mélanges tailleur et flou, à la fois collages et hommages.

Lire aussi

« Overworked », la marque petite sœur d’Emergency Room, par Éric Ritter

De cette plongée dans les archives, l’histoire de la mode remonte à la surface. Les vastes volumes des années 90, mis à la mode par le skating et le snowboard, se retrouvent dans un tailleur pantalon en velours pailleté fluide. Sous les vestes réduites à des ceintures en basques, les robes cintrées, les robes de ballerines en tulle, émerge, obsédant, un pentimento de Christian Dior. Le tout est tiré vers le somptueux par ces plissés origamis pareils à des sculptures dont le binôme détient le secret absolu. Si ce n’est pas de l’amour fou pour ce métier, cette collection y ressemble. On ne peut qu’admirer le courage de ces jeunes couturiers qui ont vu leur élan interrompu et leur parcours détourné par la monstrueuse explosion de Beyrouth et qui, tout comme leurs collègues, célébrités et débutants mêlés, ont décidé que the show must go on, poursuivant leur chemin en secouant d’une pichenette la lourde poussière tombée sur leurs épaules. Les yeux tournés vers l’avenir, anticipant l’accélération de l’expansion internationale de leur marque, Azzi&Osta ont fait réaliser le film de cette collection à Los Angeles, collaborant avec la directrice stylistique Dena Giannini et la photographe Amanda Charchian pour mieux communiquer leur vision du glamour.

Esmod Beyrouth, 2004, deux jeunes aspirants stylistes découvrent leur passion commune pour l’histoire, le surréalisme et la science des textiles. Très vite, cette complémentarité va faire d’eux un binôme. En 2010, après un stage qu’ils effectuent ensemble chez Élie Saab, ils mettent en commun leurs atouts et leurs compétences pour réinventer le glamour sous un label portant leurs...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut