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Société - Double explosion au port

Bitar promet d’appliquer la loi loin de toute complaisance

Le juge d’instruction veut éviter d’engager des poursuites contre des responsables politiques avant de disposer d’indices solides.

Bitar promet d’appliquer la loi loin de toute complaisance

Le juge d’instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar, dit vouloir aller jusqu’au bout de l’enquête. Photo DR

Le juge d’instruction près la Cour de justice Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier, a poursuivi hier les interrogatoires d’officiers et de fonctionnaires mis en détention dans le cadre de cette affaire. Il a entendu hier le directeur général des transports maritime et terrestre, Abdel Hafiz el-Kaïssi, et Mohammad el-Maoula, président du Mina et garde judiciaire du hangar n° 12. Il a par la suite accueilli les familles des victimes, à qui il a réitéré sa volonté d’aller jusqu’au bout pour lever le voile sur les circonstances de la tragédie.

William Noun, frère de Joe qui avait péri en tentant avec d’autres pompiers d’éteindre les flammes de la double déflagration, figurait parmi les interlocuteurs du juge d’instruction. « Tarek Bitar nous a assuré qu’il agit selon sa conscience à l’égard des victimes, a-t-il dit à L’Orient-Le Jour, à l’issue de l’entretien. Il nous a promis qu’il appliquera la loi loin de toute complaisance, nous demandant de rester à ses côtés pour le soutenir dans ses décisions, dont certaines devraient bientôt révéler des noms de suspects. » Et M. Noun d’ajouter : « Lorsqu’il nous a demandé d’avoir confiance en la justice, nous l’avons exhorté pour notre part à agir de sorte que nous changions d’avis sur la justice. Il nous a répondu qu’il compte travailler au maximum pour parvenir à rendre justice aux victimes, nous affirmant que s’il perçoit un jour qu’il est empêché d’atteindre son but, il nous l’annoncerait ouvertement en pointant du doigt ceux qui exercent des pressions pour entraver son action. » C’est la troisième fois en un mois et demi que le juge d’instruction reçoit les familles des victimes. Une source qui lui est proche indique à L’OLJ que tout en préservant farouchement le secret de l’enquête, il lui importe de les informer de ses avancées, soit en face à face, soit à travers des communiqués qu’il publierait lors de prochaines étapes.

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En ce qui concerne les interrogatoires des personnes en état d’arrestation, la même source rappelle que la semaine dernière, le magistrat avait auditionné plusieurs employés chargés de la maintenance du port, ainsi que le responsable des services de renseignements au port, Antoine Salloum, les commandants Joseph Naddaf, rattaché à la Sécurité de l’État, et Charbel Fawaz et Daoud Fayad, rattachés à la Sûreté générale. M. Bitar devrait achever jeudi les audiences de toutes les personnes arrêtées. Sur les 25 détenus, une dizaine attendent donc dans les très prochains jours leurs interrogatoires. Une fois ceux-ci effectués, le juge devrait prendre ses décisions au cas par cas, remettant en liberté les innocents et relâchant sous caution les présumés coupables.

Enquête technique et non politique

Dès le départ, depuis sa nomination mi-févier pour remplacer le juge Fadi Sawan dessaisi de l’enquête, il avait promis d’aller vite dans son action. Il avait affirmé que la lecture du dossier lourd de plus de mille pages n’allait pas s’étendre au-delà de trois semaines, à la suite desquelles il allait s’attaquer à l’enquête. Ainsi, parallèlement aux audiences des détenus, le magistrat a aussitôt entamé la suite des investigations menées par son prédécesseur Fadi Sawan. Il semble se focaliser notamment sur la recherche de l’identité du propriétaire de la cargaison de nitrate d’ammonium à l’origine de la double déflagration ainsi que du propriétaire du navire qui a transporté cette marchandise. Il a émis à cet effet de nombreuses commissions rogatoires à l’étranger. À ce jour, dit-on dans les milieux qui lui sont proches, M. Bitar estime qu’il est trop tôt pour savoir si ses requêtes vont être satisfaites, les procédures nécessitant un certain délai. Entre-temps, il interroge des témoins et ordonne de nouvelles expertises dans le cadre d’une enquête « professionnelle et technique », et non « politique ». De peur de voir la procédure judiciaire torpillée par des interférences politiques comme lorsque son prédécesseur avait voulu auditionner les anciens ministres et députés Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil, il ne compte pas convoquer des responsables politiques avant de rassembler tous les indices qui lui permettraient de constituer un rapport solide sur lequel se baserait son acte d’accusation. Dans sa logique, il se dit qu’aux yeux des parents des victimes et de l’opinion publique, il vaut mieux d’abord compléter les investigations. Ainsi, au cas où la classe dirigeante l’empêcherait de faire comparaître les politiciens qu’il aura suspectés, il aura eu pour le moins la latitude d’élucider les faits.

Pour mémoire

Tarek Bitar à « L’Orient-Le Jour » : Je ne laisserai pas l’enquête dévier

À la question de savoir si l’enquête risque de traîner en longueur, un proche de M. Bitar déclare que la rapidité dépend en partie de la vitesse à laquelle les parties étrangères établiraient leurs rapports et lui fourniraient des réponses. Un autre facteur qui influerait sur le délai des investigations est le fait que Tarek Bitar les mène pratiquement seul. La loi ne prévoyant pas de commission d’enquête à ses côtés, il n’est secondé que par des magistrats stagiaires à qui il demande de petits rôles administratifs ou de recherche. Dans ce contexte, il est difficile d’avancer une date, note la source précitée, faisant observer que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a pris de nombreuses années pour statuer sur l’affaire de l’assassinat de l’ancien chef du gouvernement Rafic Hariri. Est-ce à dire qu’il faudrait penser en termes d’années ? Pas du tout, estime-t-on de même source, Tarek Bitar jugeant déjà excessifs les sept mois qui viennent de s’écouler sans pouvoir encore aboutir à des résultats.


La ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, en compagnie d’une délégation de familles de victimes. Photo ANI


Les familles des victimes chez Najm
La ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, a reçu hier à son bureau du ministère une délégation des proches des victimes de la double explosion au port de Beyrouth, à qui elle a annoncé que l’Institut d’études judiciaires a délégué deux magistrats stagiaires auprès du juge d’instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar. Avec deux autres stagiaires se trouvant à ce poste, ils seront chargés de préparer les documents et dossiers, de sorte à faire accélérer l’enquête. À l’issue de l’entretien avec Mme Najm, Ibrahim Hteit, porte-parole de la délégation des familles des victimes, a affirmé que « les discussions ont porté sur le rôle de la justice et la capacité de certains juges à réaliser un changement qui pourrait pour une fois conduire à la vérité ». M. Hteit a par ailleurs fait état d’une visite effectuée le jour même par les membres de la délégation à la ministre sortante de la Défense, Zeina Acar, qui leur a annoncé que les proches des victimes de la double explosion obtiendront dès le mois prochain des mensualités à l’instar de celles qu’encaissent les familles des martyrs de l’armée, et auxquelles s’ajouteront des aides médicales et scolaires.
Le juge d’instruction près la Cour de justice Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier, a poursuivi hier les interrogatoires d’officiers et de fonctionnaires mis en détention dans le cadre de cette affaire. Il a entendu hier le directeur général des transports maritime et terrestre, Abdel Hafiz el-Kaïssi, et Mohammad...

commentaires (10)

je cite l'article :""Dans ce contexte, il est difficile d’avancer une date, note la source précitée, faisant observer que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a pris de nombreuses années pour statuer sur l’affaire de l’assassinat de l’ancien chef du gouvernement Rafic Hariri"". --------Ça veut dire quoi ? Dès qu’il y l’apocalypse, il est urgent d’attendre. Là il s’agit d’assassinat de masse, de blessé en masse, de maisons d’Acharafiotes endommagés et difficile à remettre en l’état. Et donc, on est prié d’attendre.

L'ARCHIPEL LIBANAIS

12 h 56, le 28 mars 2021

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • je cite l'article :""Dans ce contexte, il est difficile d’avancer une date, note la source précitée, faisant observer que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a pris de nombreuses années pour statuer sur l’affaire de l’assassinat de l’ancien chef du gouvernement Rafic Hariri"". --------Ça veut dire quoi ? Dès qu’il y l’apocalypse, il est urgent d’attendre. Là il s’agit d’assassinat de masse, de blessé en masse, de maisons d’Acharafiotes endommagés et difficile à remettre en l’état. Et donc, on est prié d’attendre.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    12 h 56, le 28 mars 2021

  • Il ya beaucoup à commenter, mais, laissons le magistrat instructeur faire son travail, quand le magistrat suprême a déjà déclaré qu'il ne faudrait pas d'enquête pour ne pas "diluer la vérité" (sic). Dont acte, et laissons le jeune juge faire son travail dans la sérénité.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    12 h 50, le 28 mars 2021

  • LA MEILLEUR BLAGUE DE L'ANNÉE. DES PAUVRES GENS ATTENDENT QUE LA SOURIS "BITAR" TOUTE SEULE, VA ENCERCLER TOUS LES CHATS ENRAGÉS AU LIBAN ET LES FAIRE PAYER DE CRIMES. MALHEUREUSEMENT QUE OUI DES GENS CROIENT À CETTE HISTOIRE DE SOURIS QUI EST SORTIE DE LEURS ÉCOLES.

    Gebran Eid

    18 h 57, le 27 mars 2021

  • Après l’excuse de manque de preuves sur la culpabilité des responsables en charge de la sécurité du pays et de ces citoyens, vient l’excuse du manque de cerveaux pour traiter l’affaire. Pourquoi les deux ministères concernés par ce dossier se montrent aussi économes et désignent des stagiaires pour prêter main forte à ce juge qui se veut déterminé, quoique je reste réservée quant à sa façon de procéder pour y arriver, et non pas une armada de grosses pointures dans le domaine puisqu’il s’agit là d’un crime horrible contre des innocents et contre le pays. Chercher l’erreur. Tout le monde trouve ça normal et consent que cela prendrait du temps alors que là aussi le temps joue contre l’éclatement de la vérité surtout que les assassins eux font tout leur possible et s’entourent de personnes expertes en la matière pour rendre cette vérité impossible à être divulguée et à l’étouffer comme tant d’autres qui restent des énigmes pour les abrutis qui ne veulent pas se mouiller par peur de rejoindre la liste des personnes disparues mystérieusement ou suicidées de plusieurs balles dans le dos.

    Sissi zayyat

    16 h 03, le 27 mars 2021

  • Le juge la joue petit bras , notre grand timonier avait annoncé des résultats sous cinq jours... et s'il compte recevoir des rapports des parties étrangères, cette enquête risque de se perdre dans un dédale d'hypothèses et de demandes. Cinq jours avait réclamé notre père de tous les Libanais !!!!

    C…

    13 h 47, le 27 mars 2021

  • A vous lire on a envie d’être aveugle et sourd . Il n’y a qu’ 1 seul responsable et c’est le Hezbollah : 1 seul Dieu en 3 personnes : Iran , Syrie et le Hezbollah , et que Dieu les emporte tous inchallah pour tous les malheurs dont souffre le Liban à cause d’eux !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Liliane Hadaya

    12 h 26, le 27 mars 2021

  • Rien ne les arrêtera de nous prendre pour des imbéciles tant qu'ils ont le révolver sur la tempe. Tout le monde possède des indices solides sauf les juges bien sûr. C'est très bien d'entendre tel et tel directeur ou responsable mais ce sont les responsables politiques en poste depuis 2014 qu'il faut interroger. Je lis une phrase atterrante : "...le juge devrait prendre ses décisions au cas par cas, remettant en liberté les innocents et relâchant sous caution les présumés coupables". Il sait donc qu'il y a des innocents qui sont en détention depuis des mois, il sait aussi mieux que personne que tant qu'on est "présumé" coupable on est présumé innocent. Il faut arrêter les conneries, tout le monde connaît l'identité du propriétaire du bateau et de la cargaison, il y a eu plein de reportages et d'enquêtes dans le monde dès les premiers jours qui ont suivi la catastrophe ! Les indices solides pour désigner les vrais coupables de l'explosion du port sont partout. Au Liban, les indices solides pour prouver toutes les actions des dirigeants qui ont mené le pays à la faillite sont partout. Le problème c'est qu'ils sont protégés par les armes.

    Robert Malek

    12 h 25, le 27 mars 2021

  • Arretez tous ces gesticulations ridicules. On sait tres bien que c'est un missile tactique israelien qui a fait explosé les produits explosifs que hezbollah et assad stockaient. Sinon pourquoi le fbi serait accouru couvrir l affaire avec l aval du hezb? Sinon Pourquoi tt le monde a vu des missiles? Sinon pourquoi Trump a fait la gourde de devoiler la verité avant de se reteacter? C est la force au hezb, a assad, et a israel. Point.

    Tina Zaidan

    09 h 45, le 27 mars 2021

  • La cargaison de nitrate d'ammonium a été déchargée en juin 2014 par ordre du juge Jad Maalouf! Alors que viennent faire les ministres Ali Hassan Khalil et Youssef Fenianos là-dedans? Le juge Bitar devrait savoir qu'aucune cargaison de NA ne peut être importée sans permis spécial, issu à la demande du ministre de l'Intérieur par le CONSEIL DES MINISTRES REUNI AU COMPLET! Alors: où est ce permis? Et qui a permis à Jad Maalouf de passer outre au décret législatif No 137, daté du 12 juin 1959 (Armes et Explosifs)? Et pourquoi on n'a jamais entendu le juge Maalouf dans cette affaire? Si le juge Bitar omet ces détails extrêmement importants, il n'arrivera à rien...

    Georges MELKI

    09 h 11, le 27 mars 2021

  • JUGE BITAR DITES-NOUS QUI EST LE PROPRIETAIRE ET UTILISATEUR DU NITRATE DONT BL,EXPLOSION A RAVAGE BEYROUTH ? QUI EST LE PROPRIETAIRE DES PRESQUE 72 CONTENEURS DE PRODUITS CHIMIQUES EXPLOSIFS QUI ETAIENT STOCKES AU PORT DE BEYROUTH ? QUI EST LE PROPRIETAIRE DES MATIERES RADIO ACTIVES STOCKES A ZAHRANI ? SONT-ILS DE SIMPLES CITOYENS OU DE SUBALTERNES ? COMMENCEZ PAR LA TETE ET VOUS AVEZ LA REPONSE QUE TOUT LE MONDE SOUPCONNE POUR NE PAS DIRE CONNAIT. DES PAYS ETRANGERS ONT DONNE DES INDICATIONS EN REVELANT AVOIR SAISI DANS LEURS PAYS DES QUANTITES DE NITRATE EN PROVENANCE DU LIBAN AUX MAINS DE LIBANAIS PARTISANS DU HEZBOLLAH. POURQUOI NE PAS COMMENCER PAR LA ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 03, le 27 mars 2021

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