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Société - Patrimoine

Le samedi de Lazare, une fête et des traditions

Dans certains villages maronites, les enfants font la tournée des maisons pour recréer l’épisode de la résurrection de l’ami du Christ.

Le samedi de Lazare, une fête et des traditions

Célébration de la résurrection de Lazare. Photo DR

Les Églises catholiques orientales célèbrent aujourd’hui le samedi de Lazare, en référence au miracle de la résurrection de Lazare, ami du Christ. Célébrée la veille du dimanche des Rameaux, chez les communautés catholiques et orthodoxes, cette fête marque le début de la semaine sainte et est considérée comme une anticipation du mystère de la Résurrection, à Pâques. Au sein de la communauté maronite, elle est associée à une tradition populaire, similaire à celle de la Sainte-Barbe, lorsque les enfants font la tournée des maisons, notamment dans les villages.

Tout le monde ne connaît pas l’existence de cette coutume, notamment dans les villes. La plupart des personnes interrogées à ce sujet font part de leur étonnement et disent ne pas la connaître. Mais elle existe bel et bien. Ce sont surtout les personnes âgées qui s’en souviennent parfaitement : « Le samedi de Lazare était une journée particulière. Comme à la Sainte-Barbe, des groupes de jeunes arrivaient chez nous avec, en main, une longue feuille de papier sur laquelle des chansons étaient écrites », racontait la mère Éléonore Karam il y a quelque temps. « Ils frappaient aux portes en répétant un refrain inspiré de ce miracle : “Lazare avait trois sœurs, Marie, Marthe et Élizabeth, etc.” Ils entraient ensuite dans les maisons et y faisaient une petite représentation théâtrale. L’un d’eux s’étendait par terre et ses camarades se mettaient à crier: “Lazare, lève-toi. Lazare, lève-toi !” Le mort se levait et on recommençait à chanter : “Lazare crie, il a faim, il veut beaucoup d’œufs.” La famille à qui on rendait visite offrait alors de l’argent ou des œufs aux enfants », poursuit la religieuse.

Même si elle n’est plus de mise aujourd’hui, cette tradition a laissé son empreinte sur le patrimoine dialectal libanais. Joseph Ilichaa Karam, directeur de l’école centenaire Notre-Dame-du-Saint-Rosaire, à Amchit, où cette tradition s’est perpétuée jusqu’aux années 1950, fait état d’un dicton que beaucoup répètent jusqu’à nos jours. « Lorsque quelqu’un veut décrire quelque chose qui traîne dans le temps, qui est long ou répétitif, il dira : “C’est comme le refrain du samedi de Lazare.” »

Le père Élie Challita, curé auxiliaire de la paroisse Saint-Élisée de ce même village, explique que dans le Nouveau Testament, on mentionne seulement deux sœurs de Lazare, Marthe et Marie. « Le refrain, ajoute-t-il, en mentionne trois parce qu’il s’agit d’une coutume populaire et non scripturaire. » Selon lui, cette tradition est perpétuée dans la plupart des villages de la montagne, comme à Qartaba, Deir el-Ahmar, et même sur le littoral comme à Blat ou à Jbeil. « Dans certaines grandes paroisses, des versions de cette commémoration sont beaucoup plus élaborées grâce au zèle d’associations de jeunes », raconte-t-il, en référence à de petites pièces de théâtre sur le thème. De son côté, Mgr Moussa el-Hage, évêque maronite de la Terre sainte, explique que cette coutume n’est pas suivie en Palestine.

Cette pratique, oblitérée par le temps, s’est certainement développée au cours d’une période où, en l’absence de tout moyen électronique de communication ou de divertissement, comme la télévision et l’internet, et en l’absence même de l’électricité, la vie sociale tournait autour de l’année liturgique chrétienne. On peut expliquer sa disparition dans certains villages par l’exode rural et l’avènement de divers moyens de divertissement électroniques. L’épidémie de coronavirus qui dure depuis un peu plus d’un an au Liban est venue porter un coup supplémentaire à cette tradition.

La tournée du samedi de Lazare existait chez les coptes-orthodoxes, mais elle semble avoir disparu aujourd’hui. Dans les autres Églises orthodoxes, les coutumes accompagnant le samedi de Lazare persistent, mais ne sont pas les mêmes. En Grèce par exemple, on fabrique des croix avec des feuilles de palmier, dans la perspective du dimanche des Rameaux, et du pain épicé spécial en forme d’un homme supposé être Lazare. Dans d’autres endroits du bassin méditerranéen, la tradition est purement religieuse et non sociale : les ermites orthodoxes quittent leur retraite du désert et reviennent dans les monastères pour cocélébrer les messes à cette occasion.

Les Églises catholiques orientales célèbrent aujourd’hui le samedi de Lazare, en référence au miracle de la résurrection de Lazare, ami du Christ. Célébrée la veille du dimanche des Rameaux, chez les communautés catholiques et orthodoxes, cette fête marque le début de la semaine sainte et est considérée comme une anticipation du mystère de la Résurrection, à Pâques. Au sein de...

commentaires (2)

"""On peut expliquer sa disparition dans certains villages par l’exode rural et l’avènement de divers moyens de divertissement électroniques. L’épidémie de coronavirus qui dure depuis un peu plus d’un an au Liban est venue porter un coup supplémentaire à cette tradition""". ----------Par l’exode rural et le divertissement électronique, ou par les séquelles de la guerre, et le sort réservé à une bonne partie des chrétiens qu’on n’ose pas qualifier de "nettoyage confessionnel". Il est à méditer le destin de ces chrétiens en Palestine, (la déclaration de l’évêque dans l’article), en Irak ou au Liban. Mais que vient faire le Covid (fléau provisoire) dans cette histoire, et la rupture durable de ces traditions. Quand on ne maintient pas un certain rituel, c’est que on est sûrement en voie de disparition, et je n’exagère pas.

L'ARCHIPEL LIBANAIS

14 h 05, le 27 mars 2021

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Commentaires (2)

  • """On peut expliquer sa disparition dans certains villages par l’exode rural et l’avènement de divers moyens de divertissement électroniques. L’épidémie de coronavirus qui dure depuis un peu plus d’un an au Liban est venue porter un coup supplémentaire à cette tradition""". ----------Par l’exode rural et le divertissement électronique, ou par les séquelles de la guerre, et le sort réservé à une bonne partie des chrétiens qu’on n’ose pas qualifier de "nettoyage confessionnel". Il est à méditer le destin de ces chrétiens en Palestine, (la déclaration de l’évêque dans l’article), en Irak ou au Liban. Mais que vient faire le Covid (fléau provisoire) dans cette histoire, et la rupture durable de ces traditions. Quand on ne maintient pas un certain rituel, c’est que on est sûrement en voie de disparition, et je n’exagère pas.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 05, le 27 mars 2021

  • """De son côté, Mgr Moussa el-Hage, évêque maronite de la Terre sainte, explique que cette coutume n’est pas suivie en Palestine""".-------- Ainsi donc s’est contenté l’évêque sans donner d’explications. Pour quoi maintenir cette coutume quand une bonne partie des chrétiens de Palestine ne pense qu’à émigrer ?

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    13 h 51, le 27 mars 2021

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