Le Liban totalement confiné pour Pâques, du 3 au 6 avril

Le comité interministériel chargé de lutter contre la pandémie de coronavirus a décidé vendredi, sur base de recommandations du Conseil supérieur de défense, d'appliquer un confinement total du Liban pendant trois jours à l'occasion de la fête de Pâques chez les communautés catholiques, du 3 au 6 avril. A l'issue d'une réunion de ce comité, un communiqué a été publié par la chambre d'opérations nationale pour la gestion des catastrophes, afin de mettre en œuvre un renforcement des mesures, en raison d'une hausse des contaminations au coronavirus et alors que le Liban a dépassé le seuil des 6.000 décès.

Un "confinement total" sera dans cadre imposé du samedi 3 avril à 5h du matin jusqu'au mardi 6 avril à 5h du matin, "afin d'éviter les rassemblements familiaux dans les maisons". La décision a évoqué que des mesures similaires seraient prises pour les célébrations de Pâques par la communauté grecque-orthodoxe et la fête du Fitr.
Les communautés catholiques fêtent Pâques le dimanche 4 avril, et les vendredi (saint) 2 et lundi 5 avril sont fériés. Les grecs-orthodoxes fêteront Pâques pour leur part le dimanche 2 mai. Le mois de ramadan pour les communautés musulmanes commencera, par ailleurs, vers le 13 avril, et la fête du Fitr sera célébrée un mois plus tard.

Par ailleurs, le couvre-feu instauré (de 20h à 5h) sera levé à partir de lundi. Les restaurants et cafés autorisés à ouvrir lors des précédentes phases de déconfinement et les commerces devront toutefois fermer leurs portes à 21h et continuer à respecter les mesures sanitaires établies. L'octroi d'autorisations, nécessaires pour se rendre dans certains établissements comme les banques et les supermarchés reste, elle, en vigueur. Les pubs et boîtes de nuit resteront fermés jusqu'à nouvel ordre, tout comme les cinémas, théâtres et salles de jeux intérieures pour enfants. Les célébrations et rassemblements restent également proscrits.

Des tests de dépistage, PCR ou par antigène, devront par ailleurs être effectués tous les 14 jours par les employés et ouvriers des secteurs public et privé en contact direct avec des clients ou bénéficiaires de services et les résultats de ces tests devront être téléchargés sur la plateforme Impact.

Le comité interministériel appelle par ailleurs la commission nationale chargée du suivi de la pandémie à réactiver la carte montrant les régions les plus touchées par le virus, qui avait été utilisée fin 2020 afin de cibler les foyers de contamination à confiner.

Mobilisation générale
Plus tôt dans la journée, le Conseil supérieur de défense, réuni à Baabda, avait par ailleurs décidé de prolonger l'état de mobilisation générale, entré en vigueur le 15 mars 2020, jusqu'au 30 septembre 2021, conformément aux recommandations de la commission nationale de suivi des mesures préventives contre le coronavirus . Selon l’article 2 de la loi sur la défense nationale, "si la nation, une partie de la nation, ou l’un de ses secteurs publics ou encore un groupe de sa population ont été confrontés à un danger, il est possible de décréter l’état de mobilisation partielle ou générale, afin de limiter l’exposition de la population et des infrastructures vitales au danger, et d’assurer les opérations de mobilisation ainsi que le recours aux forces armées". Ce processus requiert la publication de décrets pour que chaque ministère puisse s’atteler à la tâche qui lui incombe. C'est dans le cadre de cette mobilisation qu'ont été prises les différentes décisions relatives à la lutte contre la pandémie de coronavirus.

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Lors de sa réunion à Baabda, le Conseil supérieur de défense a par ailleurs chargé le comité technique en charge du suivi de la pandémie de coronavirus d'entrer en contact avec toutes les parties concernées, comme les syndicats et les organisations touristiques et commerciales, pour s'assurer que les mesures sanitaires sont bien respectées dans les différents secteurs et demandé aux forces de sécurité de contrôler de manière sévère le respect du port du masque.

Le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a par ailleurs été chargé de poursuivre ses contacts avec les entreprises produisant des vaccins afin de s'assurer qu'assez de doses sont importées dans le pays, et d'assurer que l'oxygène médical est disponible en suffisance dans les hôpitaux. Le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, a, lui, été chargé de s'assurer, en coopération avec la Banque du Liban (BDL), que des liquidités suffisantes sont fournies aux sociétés importants les appareils médicaux, alors que ces entreprises ont à plusieurs reprises mis en garde contre un arrêt de leurs importations face aux difficultés économiques.

"Au bord de la troisième vague"

Le président libanais, Michel Aoun, a déploré, au début de la réunion, que le nombre de contaminations et de décès augmentent rapidement, appelant à prendre des mesures pour "lutter contre l'arrivée d'une troisième vague" de l'épidémie. Il a entre autres demandé à ce que plus de lits soient consacrés au traitement des patients Covid dans les hôpitaux.

Le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a de son côté averti que "la propagation du coronavirus augmente" et qu'un grand nombre de personnes "ne respecte pas les mesures de protection, alors qu'il semble que nous soyons au bord de la troisième vague de la pandémie - au Liban et dans le monde - qui s'avère peut-être plus dangereuse que celles qui l'ont précédée".  Il a encore réclamé "la prolongation de la mobilisation générale pour six nouveaux mois, et ce jusqu'à la fin septembre".

M. Diab a encore souligné qu'en l'absence d'un nouveau gouvernement, toutes les décisions prises pour lutter contre les crises sanitaire, financière et socioéconomique que traverse le pays ne sont que des "analgésiques", sans que les "causes des souffrances des gens" ne puissent être traitées.