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Économie - Consommation

Réduction drastique du nombre de biens subventionnés du « panier alimentaire »

En raison de la complexité et de la lenteur de la procédure de l’importation des matières premières subventionnées destinées à l’industrie, les professionnels de la filière ont tout bonnement renoncé à ce mécanisme.

Réduction drastique du nombre de biens subventionnés du « panier alimentaire »

La liste des biens subventionnés a de nouveau été réduites mercredi. Archives AFP/JOSEPH EID

Le ministère de l’Économie et du Commerce a une nouvelle fois réduit mercredi la liste des biens subventionnés au taux de 3 900 livres pour un dollar inclus dans le « panier alimentaire » mis en place par la circulaire n°564 du 8 juillet dernier de la Banque du Liban (BDL), qui amende les mécanismes des circulaires n°556 et n°557 de mai dernier, lesquelles financent respectivement les importations en matières premières pour l’industrie et celles de denrées alimentaires.

Un nouveau coup dur pour les consommateurs qui craignent de plus en plus la rationalisation des subventions, sur laquelle l’exécutif planche depuis plusieurs mois. Signe de la tension qui règne autour de cette question, plusieurs incidents ont eu lieu, ces dernières semaines, dans des supermarchés, quand des clients en sont venus aux mains pour obtenir des biens subventionnés. Le tout dans le contexte général de la crise aiguë que traverse le Liban depuis un an et demi et alors que le taux de change dollar/livre s’échangeait mercredi autour des 13 000 livres pour un dollar sur le marché noir.

Le Premier ministre sortant, Hassane Diab, avait déjà averti, la semaine dernière, que les réserves de la BDL ne permettraient pas de financer toutes les subventions (dont le blé, le carburant, les médicaments et le matériel médical) jusqu’en juin. Quelques dizaines de manifestants ont protesté mercredi devant le ministère de l’Économie, dans le centre-ville de Beyrouth, contre le monopole exercé par certains commerçants sur les denrées subventionnées, alors que les polices municipales et la sécurité de l’État patrouillent régulièrement dans les supermarchés afin de vérifier que ces produits ne sont pas stockés sans raison par les commerçants. Certains sont également accusés de changer les emballages des produits achetés grâce au mécanisme de subventions afin de les revendre au prix fort.

Les couches pour enfants supprimées

Cette nouvelle liste vient amender celle « datant du 25 février » dernier, selon un communiqué du ministère. L'Orient-Le Jour n'ayant pas eu accès à la liste de février, la nouvelle liste a été comparée à celle datant de novembre 2020. La réduction du « panier alimentaire » s’illustre d'emblée par celle du nombre de pages du document, passé de six pages à quatre, alors qu’il en était composé de neuf en juillet dernier.

Ce panier contient toujours des produits surgelés ou en conserve de viande (bœuf, porc, mouton) et de poisson. Comme en novembre, ce sont uniquement les formats familiaux des huiles végétales ou animales et du fromage pasteurisé qui sont pris en compte. Les légumes, eux, subissent à nouveau une réduction de leur nombre, le maïs en boîte restant seul sur la liste, l'ail frais et les champignons en conserve en ayant été rayés (les oignons frais avaient déjà été retirés en novembre). Seules survivantes en novembre dernier dans la catégorie des graines, celles de sésame, destinées aux pâtisseries et à l’industrie, sont finalement passées à la trappe à la demande même de cette filière (voir ci-dessous). Les noix, noisettes, amandes et pistaches avaient été précédemment supprimées.

Le thé noir et le maté sont toujours sur la liste, contrairement au lait liquide. Quant au lait en poudre, il y demeure mais la mention « lait pour les enfants de plus d'un an » est supprimée. À la place figure la formule : « diverses préparations pour nourrir les nourrissons ou les petits enfants (lait pour enfant) », sans préciser de quelle catégorie d'enfants il s'agit. En effet, le lait pour bébé de moins d’un an n’est pas importé sous la catégorie de denrées alimentaires mais des produits pharmaceutiques, a expliqué à L’Orient-Le Jour Karim Gebara, président du syndicat des importateurs de produits pharmaceutiques. Indiquant que le prix de ces produits - plafonné à 12 000 livres pour la boîte de lait « normal » de 400 grammes et à 13 200 livres pour celle de lait « spécial » - est fixé par le ministère de la Santé, celui-ci a donc la prérogative sur ces tarifs et non pas le ministère de l’Économie.

Rare ajout sur cette liste : le café en grains avec et sans caféine, qui vient compléter le soluble contenu dans une boîte de plus de 45 grammes. La levure, elle, ainsi que les pâtes, la vermicelle, le riz, le sucre, les lentilles, les pois chiches, les haricots et les soupes instantanées sont toujours subventionnés.

Certains produits non alimentaires sont supprimés des listes, telles les couches pour enfants et adultes, tandis que les serviettes hygiéniques et le dentifrice y subsistent.

Au chapitre des produits agricoles, pas de changement pour les animaux vivants, comme les poussins femelles et le bétail (moutons, chèvres et vaches), ni pour les graines de légumes, semences et pousses d’arbres fruitiers, ainsi que le fourrage, les pesticides et les fertilisants. Toutefois, les tubercules de pommes de terre et les vaccins pour les animaux (et leurs matières premières) ont disparu.

Retrait des industriels de ce mécanisme

La liste des matières premières destinées à l'industrie libanaise a été fortement réduite pour passer de deux pages et demi à quatre lignes. Ne restent donc que l’huile de tournesol, la cardamone, les graines et l'huile de soja. En effet, selon le vice-président de l’Association des industriels libanais (AIL), Ziad Bekdache, cette nouvelle liste intervient essentiellement suite à leur demande, approuvée par le ministre sortant de l’Industrie, Imad Hoballah, lors d’une réunion tenue la semaine dernière avec le ministre sortant de l’Économie, Raoul Nehmé.

Contacté par L’Orient-Le Jour, Ziad Bekdache a indiqué qu’en raison de la « complexité » de la procédure de demande d’obtention des subventions pour le secteur et « de sa lenteur », les professionnels de la filière ont préféré mettre un terme aux mécanismes les concernant. De fait, les industriels devaient présenter leurs demandes à leur ministère lequel devait ensuite l’envoyer à celui de l’Économie, un processus laborieux. De surcroît, « le nombre de matières premières destinées à l’industrie était minime comparé aux besoins réels du secteur », selon le vice-président de l’AIL. Dans les faits, « seules 10 % des entreprises agroalimentaires ont utilisé certains produits subventionnés, comme le sucre ou le riz, en raison de la complexité de la procédure », révèle l’industriel, ajoutant que « seulement 2 à 3 % de ces exportations étaient constituées de produits subventionnés ».

Une difficulté supplémentaire intervenait également lors de l’exportation des produits finis, le ministère de l’Économie interdisant celle des biens subventionnés. Toutefois, certaines exceptions existaient concernant les produits intermédiaires utilisés par l’industrie, d’où le contrôle accru du ministère au cours de cette opération, retardant les exportations et plaçant les industriels en mauvaise posture vis-à-vis de leurs clients basés à l’étranger.

En outre, « la Banque du Liban (BDL), certains banquiers et ministres nous ont récemment accusés de ne pas rapatrier les fonds provenant des exportations, sans pour autant pouvoir fournir de preuves, alors que nous sommes obligés de ramener près de 60 % du prix de vente pour couvrir les coûts internes de production (main d’œuvre, loyers, eau, électricité, télécoms, etc. NDLR) », ajoute Ziad Bekdache. Consulté par L’Orient-Le Jour, ce document non signé avait circulé il y a deux semaines. Plusieurs sources, dont les ministères de l’Industrie et de l’Économie, avaient confirmé sa provenance de la banque centrale, malgré la dénégation de cette dernière. Le texte contenait deux propositions ayant pour objectif d’obliger ou d’inciter les industriels à rapatrier une partie de la facture d’exportation sous 45 jours après l’envoi sous peine de sanctions diverses, selon le mécanisme de la circulaire intermédiaire n°557 de mai dernier. Celle-ci permet à la BDL de fournir 90 % du montant de la facture d’importation au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar, le reste devant être fourni au taux du marché noir. Des conditions s’ajoutant aux difficultés susmentionnées amenant les industriels à renoncer à ce système de subventions. Malgré cela, ces propositions sont toujours en cours de négociations, selon le vice-président de l’AIL.

Le ministère de l’Économie et du Commerce a une nouvelle fois réduit mercredi la liste des biens subventionnés au taux de 3 900 livres pour un dollar inclus dans le « panier alimentaire » mis en place par la circulaire n°564 du 8 juillet dernier de la Banque du Liban (BDL), qui amende les mécanismes des circulaires n°556 et n°557 de mai dernier, lesquelles financent respectivement les...

commentaires (3)

BRILLANTISSIMES NOS MINISTRES ? EN VOILA UNE PREUVE ! SUBVENTIONS "INTELLIGENTES" APRES CELLES STUPIDES ! MAIS N'EST CE PAS ENCORE UNE ENTOURLOUPE CACHEE ? ON VERRA BIEN MEME SI CELA NE SERA QUE TARDIVEMENT.

Gaby SIOUFI

16 h 48, le 25 mars 2021

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Commentaires (3)

  • BRILLANTISSIMES NOS MINISTRES ? EN VOILA UNE PREUVE ! SUBVENTIONS "INTELLIGENTES" APRES CELLES STUPIDES ! MAIS N'EST CE PAS ENCORE UNE ENTOURLOUPE CACHEE ? ON VERRA BIEN MEME SI CELA NE SERA QUE TARDIVEMENT.

    Gaby SIOUFI

    16 h 48, le 25 mars 2021

  • CE N,EST QUE LE COMMENCEMENT. ATTENDEZ-VOUS, APRES AVOIR ETE DEVALISE DE VOS ECONOMIES D,UNE VIE, AU PIRE AVEC CE REGIME LE PIRE DE L,HISTOIRE DU LIBAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 42, le 25 mars 2021

  • N'était-ce l'esprit de profit illégal, malgré le contexte délicat de la crise, les subventions auraient été plus que suffisantes, et pour de long mois encore. On a trouvé des produits alimentaires subventionnés même en Suède, dans les magasins de libanais, sans honneur. Et, un peu partout.

    Esber

    09 h 48, le 25 mars 2021

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