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Lifestyle - La Mode

« Au bout du labyrinthe », la collection somnambule de Sandra Mansour

C’est une collection post-traumatique, irriguée de surréalisme, que livre la créatrice libanaise Sandra Mansour pour l’automne-hiver 2021/22. Si le vêtement pouvait être un pont entre la brutalité du réel et le mystère du rêve, il ressemblerait à ces pièces marquées de puissantes dualités.

« Au bout du labyrinthe », la collection somnambule de Sandra Mansour

Sandra Mansour, « Au bout du labyrinthe », automne-hiver 2021/22. Photos Sandra Mansour

C’était un exquis boudoir lové, au fond d’une courette, dans un de ces petits immeubles traditionnels entourés de bigaradiers, sur la rue Gouraud dont la présence d’un ancestral sycomore a changé le nom en « Gemmayzé ». Dans cet espace à l’abri des rumeurs de la ville, encapsulé dans un temps arrêté, se déployaient les créations en provenance de l’atelier situé un étage plus haut, éclosions régulières, murmures d’étoffes et de papier de soie. Depuis la création de sa marque, en 2010, quasiment dans sa voiture et sans budget, Sandra Mansour n’a pas eu besoin de faire grand bruit pour séduire la clientèle éclectique des mariages du gotha, livrant depuis Beyrouth comme autant de petits miracles les robes de mariée de Cleopatra de Hottingen ou Mette-Marit de Norvège, habillant même une consœur, la créatrice de mode russe Ekaterina Malysheva, pour le mariage à Gstaad d’Andrea Casiraghi.

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Le label boucle à peine sa dixième année d’existence que la marque de mode de masse H&M lui commande une capsule pour l’automne-hiver 2021. Écrasé par le spectre de la crise économique, paralysé par la pandémie et les confinements successifs, l’atelier respire un peu et même pavoise. Cette collection, placée sous le signe du tournesol entre espoir et renouveau, qui célèbre la nature ainsi que le travail d’artistes féminines telles que Toyen, Dorothea Tanning, Léna Leclercq ou Bibi Zoghbi, est attendue en boutiques le 6 août 2020. Le style éthéré, organique et vaporeux de Sandra Mansour répond parfaitement aux attentes d’une génération anxieuse, en mal de rêves et d’évasion.

Sandra Mansour, « Au bout du labyrinthe », automne-hiver 2021/22. Photo Sandra Mansour

Grand blanc ou trou noir

C’était un exquis boudoir. On y menait un combat permanent avec les muses rebutées par les triviales difficultés imposées par la crise, quand survint la funeste double explosion du 4 août. Gemmayzé est littéralement arrachée par le souffle du champignon quasi atomique qui va emporter cette partie de Beyrouth où se rassemblent artistes et créateurs. La « maison » Sandra Mansour est détruite, des collaborateurs sont blessés, les archives quasi irrécupérables. Un grand blanc, ou un trou noir. Avec toute la force de sa fragilité, Sandra Mansour va prendre la moins évidente des décisions qui s’imposent en de tels moments : on continue ! L’atelier s’installe dans les décombres du showroom, image surréaliste d’une équipe à l’œuvre, créant des choses belles dans un décor marqué par la terreur.

Sandra Mansour, « Au bout du labyrinthe », automne-hiver 2021/22. Photo Sandra Mansour

Rita Kernn-Larsen et le surréalisme pour rebondir

Surréaliste, se dit Sandra, qui observe le déroulé des événements dans un état second. « Tout commence, dit-elle, dans cet état d’esprit, un sentiment – regarder dans un labyrinthe pour découvrir des méandres de possibilités, toutes entrelacées, des formes abstraites flottant, se rencontrant et se transformant constamment. » À mesure que l’image du labyrinthe se précise, la créatrice sent se concrétiser « une ode au surréalisme et à la peintre surréaliste Rita Kernn-Larsen ». Cette artiste danoise, précise Sandra Mansour – qui poursuit en cela ses hommages aux femmes artistes –, est l’une des rares femmes à avoir un rôle reconnu dans le mouvement surréaliste. Son art explore le subconscient avec des images oniriques et mêle figuration et abstraction. « Au bout du labyrinthe » est une collection tissée dans l’inconscient et le rêve. Chaque pièce, en grande partie réalisée par des artisans libanais, exprime des illusions uniques, broderies rampant comme des fourmis les unes sur les autres, lignes fantaisistes sur une robe en crêpe de satin qui épouse le corps, boucles d’oreilles dorées qui fondent en larmes, ensemble tricoté main, orné de boutons dorés anamorphiques créés par la maison, confie la créatrice qui livre, comme un rêve éveillé, un vestiaire souvent marqué par de violents contrastes de textures et de formes, émaillé par des références oniriques, végétation étrange, thème de l’œil… De Beyrouth au reste du monde, « Au bout du labyrinthe » est un courageux message d’espoir qui parle de la puissance de l’imagination, source de vie et d’action quand tout semble perdu.

C’était un exquis boudoir lové, au fond d’une courette, dans un de ces petits immeubles traditionnels entourés de bigaradiers, sur la rue Gouraud dont la présence d’un ancestral sycomore a changé le nom en « Gemmayzé ». Dans cet espace à l’abri des rumeurs de la ville, encapsulé dans un temps arrêté, se déployaient les créations en provenance de l’atelier situé...

commentaires (2)

Bravo Sandra. Les createurs de mode Libanais meritent le surnom de " resistance Libanaise "

Sami Mouracade

03 h 43, le 24 mars 2021

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Commentaires (2)

  • Bravo Sandra. Les createurs de mode Libanais meritent le surnom de " resistance Libanaise "

    Sami Mouracade

    03 h 43, le 24 mars 2021

  • Bravo Sandra. Voila ce que j'appelle " la resistance Libanaise"

    Sami Mouracade

    03 h 41, le 24 mars 2021

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