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Campus - FORMATION

Un webinaire pour faire face aux aléas de l’enseignement en ligne

Dans l’impossibilité de mettre en place des solutions structurelles, un webinaire propose aux enseignants des alternatives réalistes pour réussir leur enseignement à distance. 

Un webinaire pour faire face aux aléas de l’enseignement en ligne

« Nous, en tant qu’enseignants, faisons notre part. Nous espérons que l’État fasse la sienne. Ce dernier doit travailler à résoudre les problèmes d’infrastructure et à assurer des formations aux enseignants qu’ils travaillent dans le secteur public ou privé », estime Hasna BouHarfouche, animatrice du webinaire Formation à distance sur les plans B. Photo DR

Organisé par l’Association libanaise des enseignants de français (ALEF), en partenariat avec la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) et l’Institut français du Liban (IFL), le webinaire Formation à distance sur les plans B, animé par Hasna BouHarfouche, a voulu proposer des méthodes pour entretenir la motivation des enseignants et des apprenants et leur donner des outils pour faire face aux aléas de l’enseignement en ligne. En effet, le changement du mode d’enseignement vers la forme hybride, ou complètement à distance, s’est produit alors que personne – ni les enseignants, ni les élèves, ni les parents –, n’y était préparé. Un basculement d’autant plus difficile qu’au Liban, l’infrastructure laisse à désirer : coupures fréquentes de l’électricité, mauvaise connexion internet ou débit lent. « Il n’y a pas eu de transition. Le passage de l’enseignement en présentiel à l’enseignement à distance a été abrupt », a relevé l’intervenante, Hasna Bouharfouche, qui est professeure de français à l’Université libanaise. « L’apprentissage en ligne n’est pas une simple imitation d’un apprentissage réel. C’est une nouvelle façon d’interagir avec les apprenants », souligne-t-elle encore.

Tout au long de son intervention qu’elle a voulu interactive, cette coordinatrice régionale du français pour le Liban-Sud, affiliée au Bureau des langues de l’Université libanaise (UL), a appliqué les méthodes d’enseignement qu’elle recommande aux enseignants d’utiliser pour pallier le non-engagement des étudiants cachés derrière leurs écrans. Revenant sur un questionnaire qu’elle avait envoyé aux personnes inscrites au webinaire et analysant leurs réponses, elle a basé sa formation sur la réalité vécue par les enseignants. Et a amené les participants à réfléchir sur le cas d’une enseignante qui rencontre nombre de difficultés liées à l’enseignement en ligne et à partager leurs réflexions sur Padlet, un mur virtuel collaboratif. « Le cours ne doit pas être une simple présentation orale. Il ne s’agit pas de dispenser un cours magistral en ligne… », rappelle-t-elle, invitant les participants qui proviennent des différents cycles d’enseignement scolaire et universitaire à « se mettre dans la peau des étudiants » et à faire preuve de créativité et d’innovation. « Et si, au lieu d’une série ennuyeuse et prévisible de questions et de devoirs, les cours en ligne étaient un voyage dynamique qui surprend et engage les apprenants ? Il faut proposer des défis, inviter les étudiants à travailler ensemble, à résoudre un problème… », suggère Hasna BouHarfouche, rappelant que le travail en groupes, même à distance, motiverait les élèves et briserait la solitude imposée par les études à distance. Il est également important, selon cette enseignante universitaire qui détient un doctorat en lettres françaises de l’Université Paris 4 Sorbonne en cotutelle avec l’Université arabe de Beyrouth, de se rappeler, lors de la conception et de l’animation des cours en ligne, que les apprenants progressent à des niveaux différents. « Il faut penser à intégrer différentes stratégies d’apprentissage, telles des vidéos interactives, des quiz ou des jeux. Établir des classes inversées incitant les étudiants à travailler les cours seuls pour que les activités en ligne soient plus concrètes ; individualiser l’enseignement lorsque c’est possible, et adopter l’approche de la pédagogie différenciée qui consiste à placer des élèves de différents niveaux ensemble pour faciliter la réussite de tous les apprenants », précise-t-elle.

L’importance de la santé mentale des enseignants

Quant à la lourde charge qui incombe aux enseignants, surtout au niveau scolaire, de corriger au quotidien le travail des apprenants pour s’assurer de leur implication, l’animatrice propose plutôt de créer « une bonne connexion avec eux et elles pour mieux les engager », libérant ainsi les enseignants d’une partie des longues heures consacrées à la correction. L’intervenante qui anime des webinaires sur la télépratique (l’exercice d’une profession à distance), la méthodologie de la recherche et les techniques d’enseignement indique qu’il est « possible de repérer les apprenants qui ont besoin d’aide et de se concentrer sur leurs travaux. Le feedback (retour) est essentiel pour leur engagement. Il les aidera à améliorer leur travail et leur donnera le sentiment d’être entendus ».

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À l’USJ, des webinaires pour mieux appréhender la pandémie

Dans l’impossibilité de résoudre les problèmes d’infrastructure, le webinaire a donc proposé des techniques alternatives (les plans B). Utiliser une alimentation sans interruption (ASI, UPS en anglais) est ainsi indispensable pour éviter l’arrêt du cours lors des coupures de courant. L’enseignant doit préparer également un message écrit, audio ou vidéo de secours (backup) qu’il enverra sur une autre application pour avertir les étudiants en cas de problème. « WhatsApp constitue une bonne alternative au Liban, surtout qu’il est possible de l’utiliser sur son ordinateur », assure Hasna Bouharfouche qui propose également aux enseignants d’animer leurs propres chaînes YouTube. « Ils pourront ainsi envoyer les liens vers les enregistrements des séances et permettre aux apprenants qui n’ont pas pu se connecter sur la plateforme durant les heures de classe d’accéder aux cours. »

Pour conclure, l’intervenante insiste sur l’importance de la santé mentale et de la motivation des enseignants. « C’est grâce à des initiatives comme Rise to Bloom, la campagne menée par l’USJ pour soutenir la communauté universitaire, que le personnel enseignant peut s’adapter à la situation tout en restant motivé pour s’engager activement dans son travail », estime-t-elle. Bien qu’elle admette la gravité et la multiplicité des crises actuelles, Hasna BouHarfouche insiste sur l’importance de garder l’espoir : « Les Libanais ont survécu aux guerres et à la famine, il est essentiel de ne pas perdre l’espoir. » Et faisant allusion à la légende amérindienne du colibri, elle conclut : « Nous, en tant qu’enseignants, faisons notre part. Nous espérons que l’État fasse la sienne. Ce dernier doit travailler à résoudre les problèmes d’infrastructure et à assurer des formations aux enseignants qu’ils travaillent dans le secteur public ou privé. »



Organisé par l’Association libanaise des enseignants de français (ALEF), en partenariat avec la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) et l’Institut français du Liban (IFL), le webinaire Formation à distance sur les plans B, animé par Hasna BouHarfouche, a voulu proposer des méthodes pour entretenir la motivation des enseignants et des apprenants et leur donner...

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