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Moyen-Orient - Yémen

La bataille de Ma’rib, obstacle à la stratégie de Biden pour la paix

La bataille de Ma’rib, obstacle à la stratégie de Biden pour la paix

Des combattants houthis lors d’un défilé à Sanaa, le 17 février 2021. Khaled Abdullah/File Photo/Reuters

Le président américain Joe Biden a affiché sa volonté de relancer les pourparlers pour mettre fin au long conflit au Yémen, mais la bataille meurtrière en cours dans la ville stratégique de Ma’rib, dans le Nord, reste un obstacle majeur.

Mis à genoux par plus de six ans de guerre, le Yémen, déjà dévasté par la pire crise humanitaire au monde, est à un tournant : le pays pourrait basculer à tout moment dans une famine à grande échelle, selon l’ONU. Face à cette tragédie, la nouvelle administration américaine a retiré son soutien à l’intervention militaire de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, qui appuie depuis 2015 le gouvernement yéménite.

Le nouvel émissaire américain pour le Yémen, Tim Lenderking, a rencontré en tête à tête des rebelles houthis, soutenus par l’Iran, qui ont déclenché le conflit lorsqu’ils se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014. Les rebelles contrôlent désormais la majeure partie du nord du pays.

Après l’approche en roue libre de l’ancien président américain Donald Trump, la diplomatie de Washington s’est rangée derrière la stratégie de l’émissaire de l’ONU sur le Yémen, Martin Griffiths, dont le but est de ramener les deux parties à la table des négociations. « Tim Lenderking a fait le tour de la région, s’engageant auprès des parties au conflit », a déclaré un responsable occidental basé dans le Golfe. « L’implication américaine apporte un nouvel élan » pour sortir de l’impasse, a-t-il ajouté. « Le soutien à (Martin) Griffiths n’a jamais été aussi fort. »

Plan solide

Mais l’initiative de Washington, accueillie froidement par les Saoudiens comme par les houthis, reste suspendue à l’issue de la bataille de Ma’rib, selon une source au fait des discussions à l’ONU. « Cela retarde les négociations parce que les houthis veulent voir jusqu’où ils peuvent aller », a déclaré cette source. Les rebelles se jettent à corps perdu dans les combats pour conquérir cette région riche en pétrole, dernier bastion du gouvernement dans le Nord. L’offensive a entraîné la fuite de centaines de familles et la mort de centaines de combattants. La prise de Ma’rib permettrait aux rebelles de disposer d’une nouvelle source de revenus et d’une position de force à la table des négociations.

« Malheureusement, et de façon quelque peu déroutante pour moi, il semble que les houthis donnent la priorité à une campagne militaire pour s’emparer de Ma’rib plutôt qu’à l’arrêt de la guerre et l’acheminement de l’aide aux Yéménites », a déploré Tim Lenderking, après un voyage de 17 jours dans le Golfe. « Nous avons un plan solide pour un cessez-le-feu à l’échelle nationale, avec des éléments qui permettraient de s’attaquer directement à la terrible situation humanitaire du Yémen (...) Ce plan a été présenté aux dirigeants houthis il y a plusieurs jours », a-t-il déclaré vendredi lors d’une conférence virtuelle. L’émissaire américain a ajouté être prêt à retourner dans la région quand les houthis « seront prêts à discuter ».

Le négociateur en chef des rebelles, Mohammad Abdelsalam, qui aurait rencontré Tim Lenderking à Oman, a rejeté la proposition de l’émissaire américain, estimant qu’elle ne contenait « rien de nouveau ».

« Discussions intensifiées »

Le Yémen est aujourd’hui un pays fragmenté : des tensions existent au sein même du gouvernement unifié formé en décembre rassemblant des loyalistes et des séparatistes du Sud, sans oublier la présence des groupes jihadistes et le rôle fluctuant de puissantes tribus. L’histoire récente du Yémen est jalonnée d’interventions diplomatiques ratées et le gouvernement est aujourd’hui extrêmement affaibli, le président Abd Rabo Mansour Hadi vivant en exil à Riyad.

Mais la période actuelle reste « très prometteuse, malgré le contexte dramatique » avec des discussions « vraiment intensifiées », a souligné la source au fait des discussions à l’ONU. Selon elle, l’objectif d’un cessez-le-feu est, avant même une reprise des pourparlers, l’ouverture de l’aéroport de Sanaa et l’assouplissement des restrictions sur le port de Hodeida (Ouest), essentiel pour l’acheminement de l’aide humanitaire dont dépend 80 % de la population yéménite.

Sarah STEWART/AFP

Le président américain Joe Biden a affiché sa volonté de relancer les pourparlers pour mettre fin au long conflit au Yémen, mais la bataille meurtrière en cours dans la ville stratégique de Ma’rib, dans le Nord, reste un obstacle majeur.Mis à genoux par plus de six ans de guerre, le Yémen, déjà dévasté par la pire crise humanitaire au monde, est à un tournant : le pays...

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