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Société - Libertés

L’humoriste Shaden Fakih convoquée par le bureau de cybercriminalité

La jeune artiste, connue pour son style cash et son franc-parler, n’a pas été notifiée de la raison de cette convocation. Son audience devait avoir lieu demain jeudi mais elle a été décalée, sans qu’une nouvelle date ne soit fixée.

L’humoriste Shaden Fakih convoquée par le bureau de cybercriminalité

Shaden, une humoriste de talent connue pour aborder tous les sujets sans tabou. Photo tirée de sa page Facebook

Se joignant à la cohorte d’artistes, d’intellectuels, d’internautes, de journalistes, de libres penseurs… que l’on veut pénaliser pour avoir exprimé le fond de leur pensée, l’humoriste Shaden Fakih est convoquée au bureau de cybercriminalité : son audience devait avoir lieu demain jeudi mais elle a été ajournée à la dernière minute, sans qu’une nouvelle date ne soit fixée. Interrogée par L’Orient-Le Jour sur la raison de cette convocation, elle affirme l’ignorer. « J’ai juste été notifiée par téléphone de cette convocation mais on a refusé de m’en donner la raison, ainsi qu’à mon avocat qui a tenté de s’en informer », dit-elle, dénonçant le caractère « illégal » de ces agissements. Il n’est pas rare en effet que les personnes convoquées par ce bureau ne soient pas informées des causes.

Si elle n’a pas été notifiée du post sur les réseaux sociaux ou du sketch incriminés n’a-t-elle pas une idée de ce qui peut lui valoir cette « invitation » au bureau de cybercriminalité ? « Je n’en sais rien, assure Shaden. Si vous visitez ma page Facebook, et que vous consultez les textes et les vidéos que j’y poste, vous vous rendriez compte que je pourrais avoir été convoquée pour n’importe lequel d’entre eux. J’aborde tous les sujets et toutes les personnalités publiques sans distinction, je ne comprends pas pour lequel de mes propos on veut me demander des comptes puisque je n’épargne personne. À moins qu’on veuille me reprocher des propos que j’aurais tenu au cours d’un passage dans une émission à la LBCI (NDLR, 20/30). On m’a en effet laissé entendre que la convocation concernerait des propos datant d’avant le dernier confinement dans le cadre de l’épidémie de coronavirus. »

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La jeune humoriste s’est fait un nom en imposant son franc-parler sur les scènes du rire, abordant tous les sujets sociaux et même politiques sans tabou et usant d’un langage cru qu’elle assume pleinement. « Dans un tel contexte d’effondrement dans le pays, heureusement qu’il nous reste les insultes ! » lance-t-elle. Les lecteurs de L’Orient-Le Jour l’ont découverte en 2018, dans le cadre du concours « Génération Orient », organisé par le service culturel du journal. « Le dépoussiérage des idées reçues fait partie du job description de la comédienne qu’elle veut être, tout comme la prise de risques », écrivait d’elle notre collègue Colette Khalaf (voir L’OLJ du 6 octobre 2018). Paie-t-elle aujourd’hui le prix de cette prise de risques ?

En tout cas, la jeune comédienne affirme qu’il en faut plus pour l’effrayer. « Hier, on ne trouvait plus de pain dans les boulangeries, martèle-t-elle. Le dollar est à 11 000 livres, les gens sont dans la rue et tout ce que ce bureau de cybercriminalité trouve à faire est de me poursuivre pour des idées que j’exprime ? C’est ridicule et futile, c’est le moins que l’on puisse dire. »

Une motivation de plus

Bien qu’elle ignore le motif pour lequel elle a été convoquée, Shaden n’hésiterait pour rien au monde à comparaître devant le bureau de cybercriminalité, disant vouloir relever le défi. « Dès qu’un régime est dans l’impasse, il a recours à l’oppression et l’intimidation, assure-t-elle. Or tout ce que je souhaite aujourd’hui est d’y aller et d’entendre ce qu’ils voudront bien me dire, pour en parler par la suite et le révéler haut et fort. »

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Si l’objectif est de faire taire la jeune femme, c’est donc raté… D’autant plus que les appels se multiplient sur les réseaux sociaux en vue de soutenir la comédienne par des rassemblements devant le bureau de cybercriminalité le jour de sa convocation, quel qu’il soit. « Ils pensent faire peur à une personne, et voilà que cent autres crient leur désapprobation devant leur porte, insiste Shaden. C’est contre-productif et stupide. Pour moi, je n’y vois qu’une motivation de plus. Et je me sens soutenue par beaucoup de monde dans ce combat que nous menons tous pour un pays meilleur. »

Se joignant à la cohorte d’artistes, d’intellectuels, d’internautes, de journalistes, de libres penseurs… que l’on veut pénaliser pour avoir exprimé le fond de leur pensée, l’humoriste Shaden Fakih est convoquée au bureau de cybercriminalité : son audience devait avoir lieu demain jeudi mais elle a été ajournée à la dernière minute, sans qu’une nouvelle date ne soit...

commentaires (4)

Museler la parole est signe de faiblesse...aucune excuse pour la censure... ceci dit, cette dame, inconnue au bataillon. Ayant voulu découvrir ses sketchs sur YouTube... bof... elle est tout sauf marrante ... tant mieux pour elle, si elle a des fans.

LE FRANCOPHONE

00 h 03, le 11 mars 2021

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Commentaires (4)

  • Museler la parole est signe de faiblesse...aucune excuse pour la censure... ceci dit, cette dame, inconnue au bataillon. Ayant voulu découvrir ses sketchs sur YouTube... bof... elle est tout sauf marrante ... tant mieux pour elle, si elle a des fans.

    LE FRANCOPHONE

    00 h 03, le 11 mars 2021

  • rien d'étonnant, les autorités locales s'inspirent des méthodes perses !

    Carlos El KHOURY

    23 h 52, le 10 mars 2021

  • Tiens... merci au bureau... je viens de 'liker' sa page! (je ne la connaissais par auparavent)

    SADEK Rosette

    10 h 52, le 10 mars 2021

  • A L,OLJ ON NOUS CENSURE ON NE NOUS CONVOQUE PAS AU MOINS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 35, le 10 mars 2021

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