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Société - Tribune

Journée internationale de la femme : il est temps d’agir pour le changement

Journée internationale de la femme : il est temps d’agir pour le changement

Une manifestation contre le harcèlement sexuel, le viol et les violences domestiques à Beyrouth, le 7 décembre 2019. Photo d’archives AFP

La pandémie mondiale de Covid-19 a été un rappel brutal de l’énorme travail qui reste à faire pour construire un monde égalitaire entre les sexes. Depuis l’éruption de la pandémie, les femmes du monde entier ont été en première ligne pour répondre à ce défi et s’occuper du rétablissement des malades. Cependant, elles ont fait également face à ses conséquences désastreuses sur leur santé et sur leurs droits fondamentaux : niveaux alarmants de violence domestique ; responsabilités de soins accrues et non reconnues ; insécurité économique...

En période de crise et de conflit, les femmes jouent un rôle essentiel dans la construction de communautés pacifiques, bravant souvent d’énormes risques. Au Liban, à chaque fois, ce sont les femmes et les jeunes qui mènent des manifestations, des mouvements de revendication et des campagnes de sensibilisation, et appellent à des négociations inclusives et des gouvernements représentatifs. Malgré leurs contributions importantes pour prévenir, mettre fin aux crises et aux conflits, et reconstruire après ces derniers, les femmes demeurent largement exclues de l’establishment et de la vie politique. Leur travail reste sous-financé, leur expertise sous-estimée, leur potentiel économique inexploité et elles sont les cibles de la violence.

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Même avant le Covid-19 et l’explosion du port, le Liban souffrait d’inégalités profondes et enracinées entre les sexes. Le Liban est classé 149e sur 153 pays dans l’indice de représentation politique des femmes du rapport du Forum économique mondial 2020 sur l’écart entre les sexes. Seulement 6 des 128 sièges du Parlement ont été conquis par des femmes lors des dernières élections législatives et seules 18 femmes ont occupé des fonctions ministérielles. L’impact du Covid-19 et de la crise socio-économique actuelle est profondément inégal en termes de genres au Liban. Par exemple, les femmes représentent près des deux tiers des travailleurs dans les domaines de la santé et du travail social au Liban, ce qui les place en première ligne pour répondre au Covid-19 et les expose à des risques sanitaires et économiques de manière disproportionnée.

L’augmentation de multiples violences à l’égard des femmes et des filles au cours de l’année dernière constitue par ailleurs une « pandémie parallèle ». Les appels à la permanence téléphonique des Forces de sécurité intérieure pour les plaintes de violence domestique ont augmenté de 102 %, et les appels au centre de soutien de l’ONG Kafa ont augmenté de 300 %. Aggravées par un manque d’accès à des informations de qualité, les normes sociales et culturelles renforcent les inégalités entre les sexes et exacerbent l’impact du Covid-19 sur la santé, la sécurité et la capacité des femmes et des filles à rechercher une protection. Les réseaux de soutien et de sécurité ont été compromis en raison des restrictions de mobilité. Les femmes et les filles ont du mal à accéder aux services d’hygiène et de santé en raison de l’augmentation des coûts. Elles font également face à des obstacles pour accéder à la justice. La protection des femmes et des filles – y compris les travailleuses domestiques migrantes et les réfugiées – à la maison, en public et sur le lieu de travail, est entravée par des lacunes dans la législation existante, ainsi que par la discrimination à l’encontre de ces groupes.

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C’est le moment d’agir. Les plans nationaux de réponse à la pandémie de Covid-19 doivent chercher à réduire les inégalités et à construire des communautés inclusives. Les efforts visant à accroître la participation pleine, effective et significative des femmes et des filles à la société, y compris la participation politique à tous les niveaux, doivent se poursuivre. La pleine participation des femmes aux processus de consultation, aux initiatives de reconstruction, aux efforts de relance économique, aux rôles décisionnels et aux campagnes de sensibilisation doit être garantie. En préparant les élections législatives de 2022, nous devons voir les femmes obtenir l’influence qu’elles méritent en tant que candidates et élues à travers le pays. La nouvelle législation et l’élaboration des politiques doivent protéger toutes les femmes et les filles contre les abus et l’exploitation à la maison et sur leur lieu de travail. Des mesures devront être mises en place pour garantir les droits des travailleurs informels, les protéger contre les politiques discriminatoires et abolir le système de la kafala. Enfin, nous avons tous un rôle à jouer, chaque jour et partout dans le monde, pour soutenir et remettre en question de manière proactive les normes sociales et culturelles qui affectent négativement les femmes et les filles.

La communauté internationale travaille avec les gouvernements et les ONG du monde entier, et notamment au Liban, pour aider les femmes et les filles à s’engager de manière significative dans les processus de prise de décision, à résoudre les conflits, à faire entendre leur voix et à améliorer l’égalité pour toutes les femmes et les filles.

Les périodes de crise offrent souvent des opportunités de réformes. En cette Journée internationale de la femme, il est temps d’agir pour le changement.

Signataires :

Nicoletta BOMBARDIERE (ambassadrice d’Italie) ; Shani CALYANERATNE KARUNARATNE (ambassadrice du Sri Lanka); Chantal CHASTENAY (ambassadrice du Canada); Ann DISMORR (ambassadrice de Suède) ; Tarja FERNANDEZ(ambassadrice de Finlande) ; Catherine FOUNTOULAKI (ambassadrice de Grèce) ; Anne GRILLO (ambassadrice de France) ; Rebecca GRINDLAY (ambassadrice d’Australie) ; Merete JUHL (ambassadrice du Danemark) ; Andreas KINDL (ambassadeur d’Allemagne); Martin LONGDEN (ambassadeur du Royaume-Uni) ; Najat ROCHDI (Coordonnatrice spéciale adjointe et coordonnatrice résidente et humanitaire pour le Liban des Nations unies) ; Monika SCHMUTZ KIRGÖZ (ambassadrice de Suisse) ; Dorothy SHEA (ambassadrice des États-Unis); Hans Peter Van der WOUDE (ambassadeur des Pays-Bas) ; Martin YTTERVIK (ambassadeur de Norvège).

La pandémie mondiale de Covid-19 a été un rappel brutal de l’énorme travail qui reste à faire pour construire un monde égalitaire entre les sexes. Depuis l’éruption de la pandémie, les femmes du monde entier ont été en première ligne pour répondre à ce défi et s’occuper du rétablissement des malades. Cependant, elles ont fait également face à ses conséquences désastreuses...
commentaires (1)

J,AURAIS PREFERE VOIR DANS LA PHOTO DES REPRESENTANTES DE TOUTES LES FEMMES DE TOUTES LES CONFESSIONS ET COMMUNAUTES DU LIBAN. ET PARLER DE LA FEMME LIBANAISE - UNE ET UNIE - !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 34, le 08 mars 2021

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Commentaires (1)

  • J,AURAIS PREFERE VOIR DANS LA PHOTO DES REPRESENTANTES DE TOUTES LES FEMMES DE TOUTES LES CONFESSIONS ET COMMUNAUTES DU LIBAN. ET PARLER DE LA FEMME LIBANAISE - UNE ET UNIE - !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 34, le 08 mars 2021

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