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Société - Commentaire

Un futur plus égalitaire pour la Libanaise... Mais comment ?

8 mars 2021. C’est sous le signe de la génération égalité qu’est célébrée, cette année, la Journée des femmes. Dans les pays soucieux de faire avancer la cause féminine, les gouvernements se penchent sur le leadership des femmes et leur rôle pour créer un futur plus égalitaire dans l’ère post-Covid-19. Le tout sur recommandation d’ONU Femmes, bien entendu. Comme d’habitude, le Liban fait exception à cet engagement mondial. La journée passera quasiment inaperçue, marquée par les vagues promesses que se contenteront d’ânonner un État failli et une classe politique machiste. Rapidement, on passera à autre chose. Car les droits des femmes au Liban, on n’en a rien à fiche. Ce n’est d’ailleurs pas le moment. Ce n’est jamais le moment.

Circulez ! Y a rien à voir. Le Liban se targue d’avoir adopté une loi contre le harcèlement sexuel en décembre 2020 et d’avoir amendé une législation imparfaite contre la violence domestique. Il tire aussi fierté du lancement en septembre 2019, un mois avant que n’éclate le soulèvement populaire, d’un plan national pour l’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, actrices de la paix et de la sécurité. Un plan national qui serait non seulement une voie d’entrée pour la Libanaise dans son implication dans le processus de paix et les approches sécuritaires, mais qui mettrait aussi le pays du Cèdre face à ses responsabilités d’amender les lois discriminatoires envers les femmes.

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Sauf que ces textes présentent d’importantes lacunes. Et pour la caste au pouvoir, qui a mené le pays à la ruine, être mise devant ses responsabilités, ça ne veut pas dire grand-chose. Plus particulièrement en ces temps de crise politico-financière aiguë qui voient la livre libanaise s’effondrer et l’État s’effriter. Quand aux plans nationaux, les autorités en ont tant annoncé au fil des ans, sans que jamais rien ne change ne serait-ce que d’un iota. Il n’y a qu’à voir la série de lois adoptées sur le papier, jamais appliquées. Sans parler de ces propositions qui croupissent dans les tiroirs d’un Parlement où ne siègent que 6 élues sur 128 députés. Pas de quoi révolutionner la République !

Qu’on se le tienne pour dit. Le changement au Liban dans le sens d’une génération égalitaire passera par le statut personnel. Ou ne se fera pas. Il devra commencer par le feu vert au mariage civil contracté au Liban et par un code civil unique sur le statut personnel, qui mettra tous les citoyens sur un pied d’égalité. Le chantier est immense, les lois qui gèrent la famille, le mariage, le divorce, la garde des enfants, les successions et tant de questions liées au quotidien intime des femmes et des filles, étant des lois communautaires patriarcales. Car l’État a depuis toujours cédé ses prérogatives sur la question aux tribunaux religieux. Et les communautés religieuses n’entendent pas mettre fin à la manne financière, politique et sociale que leur confère ce pouvoir. Pas moins de quinze codes différents régissent les affaires familiales au Liban. Ils sont quasiment tous discriminatoires envers la femme, cette citoyenne de second rang systématiquement défavorisée en cas de divorce, du décès d’un époux ou d’un père, mariée trop jeune en milieu rural pour perpétuer des traditions d’un autre temps, maintenue dans un état de dépendance, interdite de transmettre sa nationalité à ses enfants nés de père étranger…

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Une réalité qui détruit les rêves de centaines de milliers de jeunes filles et qui explique le nombre ridiculement bas de femmes professionnellement actives. Sur quatre personnes qui travaillent, on ne compte qu’une seule femme en moyenne, selon les estimations d’ONU Femmes. Une situation qui a sans doute empiré depuis le début de la crise financière et sanitaire. Pourtant, dans une société libanaise à deux vitesses, les exemples de femmes de carrière ne manquent pas, de « success stories » aussi, et dans tous les domaines. Mais c’est largement insuffisant, alors que le législateur peine à se pencher sur ce qui entrave la participation des femmes à la vie publique et politique, un congé maternité payé insuffisant, aucun aménagement des horaires de travail, pas de garde d’enfants institutionnalisée, un code du travail obsolète et discriminatoire… sans parler des mentalités, si lentes à évoluer.

Les espoirs sont pourtant permis. Ils résident dans l’émergence d’une société civile active et militante, d’une jeunesse revendicatrice et déterminée, particulièrement impliquée dans la lutte pour les droits humains et l’égalité des genres. Les prochaines législatives sont prévues au printemps 2022. À cette jeunesse, qui a réussi à faire entendre sa voix sur les places publiques, de mobiliser ses troupes maintenant, et pas seulement les féministes. D’abord pour être correctement représentée aux élections. Ensuite pour accorder son vote aux personnes adéquates, susceptibles de changer les choses, sur base d’un programme cohérent et réalisable. Enfin pour organiser un lobbying digne de ce nom en faveur des droits des femmes.

8 mars 2021. C’est sous le signe de la génération égalité qu’est célébrée, cette année, la Journée des femmes. Dans les pays soucieux de faire avancer la cause féminine, les gouvernements se penchent sur le leadership des femmes et leur rôle pour créer un futur plus égalitaire dans l’ère post-Covid-19. Le tout sur recommandation d’ONU Femmes, bien entendu. Comme...

commentaires (2)

Le ministre de La Défense en France est une femme.

Eleni Caridopoulou

16 h 01, le 08 mars 2021

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Commentaires (2)

  • Le ministre de La Défense en France est une femme.

    Eleni Caridopoulou

    16 h 01, le 08 mars 2021

  • FUTUR PLUS EGALITAIRE POUR CERTAINES FEMMES AU LIBAN MALHEUREUSEMENT. LES AUTRES LEURS CONFESSIONS OU LEURS COMMUNAUTES Y MET DES FREINS APPELES MOEURS OU COUTUMES ET TRADITIONS ARCHAIQUES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 21, le 08 mars 2021

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