Ils sont médecins, architectes, ingénieurs, étudiants ou anciens étudiants de l’AUB réunis par la même passion du chant a cappella.
Leurs voix sont harmonieuses, leurs interprétations enlevées, leur répertoire agréable, mais c’est surtout les sourires qu’ils arborent qui font la différence. Communicative, la pêche de ces choristes que l’on découvre sur le fil Instagram de Beirut Vocal Point !
Car ils chantent avec un indéfectible entrain, brandissant leurs joyeux couplets envers et contre tout. Rien ne les arrête, rien n’éteint leurs voix. Ni l’éloignement du pays, pour certains qui sont désormais installés à l’étranger, ni les mesures de confinement et de distanciation, qui empêchent ceux qui sont restés de se réunir pour répéter ensemble, ni même le marasme absolu dans lequel est plongé le pays. Au contraire, s’ils continuent à chanter et à diffuser leurs chants (enregistrés chacun chez soi), via des vidéos postées sur le réseau social* c’est pour contrer la tristesse et le désenchantement ambiants. « Notre objectif a toujours été de contribuer à répandre de la joie et la bonne humeur autour de nous. Et il nous semble encore plus nécessaire de continuer à le faire aujourd’hui », affirme Janmarie Haggar, la chef du chœur.
Jazz, pop mais aussi libanais
Ils sont entre 8 et 12 vocalistes au total, c’est selon, qui interprètent, a cappella donc, aussi bien Lets Do It de Cole Porter, que Somebody to Love des Queen, ou encore Imagine de John Lennon.
Sauf que dans leur dernière vidéo, c’est une reprise de Bint el-chalabiah de Feyrouz qu’ils entonnent allègrement. Une toute première chanson en arabe pour ce band beyrouthin, composé en majorité de Libanais (abstraction faite de trois voix étrangères), qui privilégiait jusque-là les standards du jazz et les grands classiques de la pop anglo-saxonne. Et un virage délibérément enclenché « parce que maintenant plus que jamais nous devons revendiquer notre culture libanaise, préserver ce qui fait notre identité et, en particulier, notre riche héritage musical », assure Janmarie Haggar, à l’origine de cette formation.
Privés de desserts…
C’est en 2010 que cette ex-membre de l’AUB Choir réunit un bouquet de belles voix estudiantines et universitaires pour fonder cet ensemble de choristes « sans musiciens », mis à part l’arrangeur et pianiste Vartan Agopian. « Je voulais m’éloigner des programmes classiques des grands chœurs pour englober un vaste répertoire comprenant un large éventail de styles et de genres musicaux : jazz, pop, rock, swing, chants de Noël… » indique la dame. Laquelle, exigeante, ne recrute que « des chanteurs amateurs, certes, mais qui savent lire la musique et les notes », assène-t-elle.
Sous sa direction, le Beirut Vocal Point s’installe dans le paysage musical de l’Université américaine de Beyrouth. « Nous nous produisions chaque année en concert à l’Assembly Hall. Le dernier en date, qui avait eu lieu en décembre 2019, avait rassemblé un auditoire de 800 personnes », indique fièrement celle qui accueillait les répétitions chez elle tous les samedis après-midi… Jusqu’à l’arrivée de la pandémie au Covid-19.
« Chanter en groupe devenait un vecteur de propagation du virus. Il a fallu nous soumettre aux consignes sanitaires et de distanciation et mettre une croix sur nos réunions hebdomadaires de deux heures dans ma salle à manger. Des séances qui s’accompagnaient toujours de desserts faits maison et de conversations animées », raconte un brin nostalgique Mrs Haggar. Laquelle ne renonce pas pour autant à sa chorale. « Même si nous ne pouvions plus nous retrouver dans une même pièce pour répéter, cela n’allait pas nous empêcher de chanter ensemble en mode virtuel », décide-t-elle très vite, encouragée par l’enthousiasme de ses chanteurs.
C’est ainsi qu’à peine un mois après le premier confinement, en mars 2020, Beirut Vocal Point entame sa première performance en ligne, avec la reprise du fameux air Can’t Help Falling In Love tiré du répertoire d’Elvis Presley.
Depuis, à raison d’un morceau posté sur Instagram chaque six à huit semaines environ, l’ensemble a produit huit performances online. Avec la collaboration du pianiste et arrangeur Vartan Agopian et celle d’une boîte de postproduction (Ramzi Ramman) pour le mixage des voix et le montage des images…
« Chaque pièce ainsi enregistrée à distance prend plus d’un mois de travail tout de même », tient à souligner Janmarie Haggar. Laquelle se réjouit cependant de constater que « chaque mise en ligne est meilleure que la précédente. En fait, cette transition digitale a fait évoluer musicalement les chanteurs. Comme ils ont dû travailler indépendamment pour apprendre leur rôle, puis soumettre une vidéo pour chaque modèle de chœur, chacun des chanteurs a tenu à perfectionner sa partie pour la rendre la meilleure possible », remarque-t-elle.
Autre bénéfice à mettre au compte du online : la chorale, qui s’apprête à enregistrer une nouvelle chanson arabe, aurait été sollicitée pour se produire en concert « physiquement » à l’étranger dans le cadre d’une compétition musicale. « Je ne peux pas en dire plus pour le moment », assure celle pour qui « tout est (finalement) question d’harmonie ». Et d’allégresse communicative, à en juger par le nombre croissant de followers qui suivent sur Instagram le Beirut Vocal Point. Histoire, sans doute, de se servir de véritables « shots » musicaux de bonne humeur, en ces temps de dépression généralisée !
*Sur le compte Instagram beirutvocalpoint.
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Les membres de Beirut Vocal Point
Dirigée par Janmarie Haggar, avec la collaboration du pianiste et arrangeur, Vartan Agopian, la chorale de Beirut Vocal Point réunit des chanteurs de tous âges et horizons professionnels. Ralph el-Hage (qui travaille avec les Nations unies) et Rabih Saadeh (compositeur de chansons) sont les deux plus anciens membres de cette formation. Laquelle compte aussi Lara Kays et Lara Zennie (étudiantes), Sara Nasser (ingénieure), Nadine Abi Younes (médecin). Et inclut également deux voix américaines : Ellie Adamson (universitaire qui envoie ses enregistrements des États-Unis) et April Armstrong (épouse d’un professeur à l’AUB). Parmi les autres participants depuis l’étranger, Allan Haggar (installé aux États-Unis) et Amir Diego Bitar (qui se trouve actuellement en Syrie).
Leurs voix sont harmonieuses, leurs interprétations enlevées, leur répertoire agréable, mais c’est surtout les sourires qu’ils arborent qui font la différence. Communicative, la pêche de ces choristes que l’on découvre sur le fil Instagram de...
LOVE LOVE LOVE Bravo. Tous pour la culture et la musique. Ce n'est pas nous,à la radio qui allons dire le contraire. BRAVO ENCORE
13 h 04, le 07 mars 2021