À trois jours de la troisième phase du déconfinement progressif dans un Liban qui continue d'enregistrer des chiffres élevés sur le plan des contaminations au coronavirus, le pays a enregistré 52 décès et 3.202 nouveaux cas en 24h, selon le bilan du ministère de la Santé publié vendredi soir. Le taux de propagation par rapport au nombre de tests effectués au cours des 14 derniers jours est de 17,7%, un chiffre qui reste très élevé. Au total, 390.053 personnes ont contracté le virus depuis février 2020, parmi lesquelles 4.971 sont décédées, alors que 304.191 ont été guéries. Parmi les cas toujours actifs, 2.190 personnes sont hospitalisées, dont 912 en soins intensifs.
Lundi, le Liban avait entamé une nouvelle étape de son déconfinement progressif. Commerces et centres commerciaux ont dès lors ouvert selon des dispositions spécifiques. La prudence et le respect des mesures sanitaires restent cependant de mise. L'obtention de permissions de circulation sur la plateforme Impact n'est requise que pour certains déplacements, notamment pour se rendre au supermarché, à la banque ou dans les centres commerciaux. Le couvre-feu lui est en vigueur de 20h à 5h.
Dans ce contexte, le ministère du Tourisme a recommandé vendredi dans un communiqué la réouverture des cafés et restaurants jusqu'à 18h pour servir uniquement le déjeuner, à 50% de leur capacité d'accueil et dans le respect des mesures de prévention contre le Covid-19. Le service de livraisons à domicile se poursuivrait, lui, 24h sur 24.
Stations de ski prises d'assaut
En outre, alors que de fortes chutes de neige ont été enregistrées ces dernières semaines, les pistes de ski ont rouvert dans le cadre de la phase actuelle de déconfinement. Encouragées par le beau temps, de nombreuses personnes ont pris d'assaut les stations aujourd'hui, notamment à Kfardebiane, dans le Kesrouan. Ce qui a poussé la municipalité de la localité à appeler les automobilistes à rebrousser chemin, la station du village, Mzaar-Kfardebiane, étant saturée. Plus tard dans la journée, les forces de sécurité intérieure ont dressé un grand nombre de contraventions pour violation des mesures sanitaires, et la station Mzaar-Kfardebiane a été fermée pour la saison.
De son côté, le ministère du Tourisme a annoncé, dans un communiqué, l'ouverture, par la police touristique, d'une enquête auprès des propriétaires de stations de ski". "Le nombre de citoyens ayant demandé l'autorisation de visiter les centres de ski est bien inférieur à ceux qui apparaissaient sur les photos diffusées sur les réseaux sociaux", a-t-il souligné. L'accès aux stations de ski demeure soumis à une autorisation de sortie obtenue sur la plateforme gouvernementale dans cette troisième phase de déconfinement progressif du pays. "Malgré les conditions sanitaires que traverse le pays, nous faisons le maximum pour préserver ce qui reste du secteur du tourisme" a assuré le ministère, ajoutant toutefois qu'il n'hésiterait pas à fermer les institutions contrevenant aux règles.
Le ministère de la Jeunesse et des Sports a également réagi. "Nous avons rempli notre rôle en ouvrant ces centres aux athlètes et à la Fédération libanaise de ski, a-t-il souligné dans un communiqué. Nous sommes convaincus que ces derniers respectent les mesures en vigueur". Et d'ajouter que les infractions qui ne sont pas liées aux clubs sportifs relèvent du ministère du Tourisme et de la police qui lui est attachée.
40.000 personnes âgées vaccinées à ce jour
Parallèlement, la campagne de vaccination lancée le 15 février se poursuit à un rythme jugé jusqu'à présent trop lent pour atteindre les objectifs fixés, à savoir l'immunisation de masse à 80% d'ici un an. Ces trois dernières semaines, 102.000 doses du vaccin Pfizer-BioNTech sont arrivées au Liban depuis le 13 février, sur un total de 2,1 millions attendues d'ici la fin de l'année. D'autres cargaisons doivent continuer à arriver progressivement au cours des prochains mois, parallèlement à celles du vaccin AstraZeneca/Oxford, achetées directement auprès du groupe pharmaceutique et via la plateforme Covax. Les premières doses du vaccin AstraZeneca devraient d'ailleurs arriver dans le courant de cette semaine. Des doses du vaccin russe Spoutnik V devraient également être réceptionnées dans les prochaines semaines et les autorités libanaises ont accordé leur approbation d'urgence pour le vaccin chinois. L'ambassadeur de Chine au Liban, Wang Kejian, a indiqué à ce sujet qu'à la suite d'une demande des autorités libanaises, "le gouvernement chinois a décidé d'offrir 50 000 doses du vaccin Sinopharm".
Lors d'une visite d'inspection vendredi à l'hôpital turc de Saïda, au Liban-Sud, le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a annoncé que 92.000 doses du vaccin AstraZeneca/Oxford arriveront dans le pays le 15 mars, et qu'entre la mi-mars et la mi-avril, 192.000 autres doses sont attendues.
Dans un entretien à la chaîne LBCI, le président du comité scientifique de la campagne de vaccination, le Dr Abdel Rahman Bizri, a affirmé que "la plupart des individus qui ont reçu le vaccin font partie du personnel de santé et des personnes âgées. Jusqu'à présent, 40.000 d'entre elles (ayant 75 ans et plus, NDLR) ont été vaccinées".
La semaine dernière, la campagne de vaccination avait été marquée par le scandale provoqué par la vaccination de députés, au siège de la Chambre, hors des mesures en vigueur. Plusieurs de ces parlementaires n'entraient pas en effet dans les priorités prises en compte pour la vaccination, qui concerne pour le moment le personnel soignant, les plus de 75 ans et les personnes ayant des maladies chroniques. En outre leur vaccination n'avait pas eu lieu dans un centre agréé. Les Libanais avaient par ailleurs appris que le chef de l'État Michel Aoun, son épouse et plusieurs de ses collaborateurs s'étaient fait vacciner, sans qu'aucune information précise ne soit donnée sur cette opération, alors que les autorités sanitaires avaient promis une campagne de vaccination transparente. Pour assurer cette transparence, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) au Moyen-Orient est chargée de surveiller l'administration des vaccins.
Pour sa part, le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, Firas Abiad, s'est inquiété d'une recrudescence des hospitalisations de personnes jeunes atteintes du Covid-19. "Est-ce que cela s'explique par une hausse de la propagation du variant britannique du virus ?" s'est demandé le médecin. Les nouveaux variants du coronavirus, notamment britannique, brésilien et sud-africain, inquiètent les spécialistes qui estiment que ces variants sont plus contagieux et pourraient être plus virulents et résistants aux vaccins contre le Covid-19.
commentaires (3)
Ici en Europe on fait les éloges d'Israel .....et le pauvre Liban ?????
Eleni Caridopoulou
18 h 51, le 06 mars 2021