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Politique - Décryptage

Pour le Hezbollah, priorité au dialogue avec Bkerké malgré tout

Si samedi les yeux des Libanais étaient tournés vers Bkerké, ceux du Hezbollah l’étaient encore plus que les autres. Rien n’a en effet échappé à la formation chiite, ni le nombre des participants à la manifestation, ni leurs affiliations, ni les slogans qu’ils ont scandés, ni même leurs moyens de transport. Tous les détails ont été ainsi scrutés à la loupe, avec un mot d’ordre général : éviter toute confrontation directe, même sur les réseaux sociaux, et ne pas se laisser entraîner dans des polémiques, quelle que soit l’ampleur des provocations.

D’ailleurs, dans un plan bien étudié, seul le député Hassan Fadlallah, chargé par le Hezbollah du dossier de la lutte contre la corruption et connu pour son langage mesuré, a été autorisé à faire un commentaire public à travers la chaîne de télévision LBCI sur la manifestation à Bkerké. C’est lui qui a ainsi annoncé que la commission de dialogue conjointe entre Bkerké et le Hezbollah (qui regroupe notamment Hareth Chéhab et Mohammad Khansa) devrait se réunir bientôt, ajoutant que les contacts n’ont jamais été interrompus entre Bkerké et la direction du parti.

Par contre, sur les groupes sociaux proches de la formation chiite, les commentaires choqués, blessés et même emportés des partisans du Hezbollah se sont multipliés. C’était donc à qui publierait telle vidéo des combattants du parti en train de remettre sur pied une statue de Jésus ou de la Vierge Marie dans une église syrienne qui avait été saccagée par Daech, ou telle autre sur la visite du patriarche Raï en Israël, ainsi que d’autres encore sur des épisodes considérés comme significatifs de notre histoire mouvementée. Certes, le ton des commentaires est resté poli, mais les faits évoqués en disaient long sur l’état d’esprit de la base populaire du Hezbollah.

L'édito de Michel Touma

Remettre les pendules à l’heure

En dépit donc des efforts du patriarche Raï et de ses proches conseillers pour assurer que le Hezbollah n’était pas spécifiquement visé par le discours de Bkerké et que l’appel à un congrès international sur le Liban a été lancé à cause de l’incapacité des parties libanaises à dialoguer entre elles, les sympathisants de la formation n’ont pas été convaincus. Pour eux, il s’agit clairement d’un nouvel épisode du feuilleton destiné à isoler le Hezbollah et à le transformer en pestiféré au sein de la population libanaise soit en le rendant directement responsable de la crise actuelle, soit en discréditant son allié chrétien le Courant patriotique libre et le président de la République pour lui retirer toute couverture non chiite. Les sympathisants du Hezbollah n’ont pas vraiment écouté le contenu du discours du patriarche Raï, n’en retenant que le refus de ce que Raï a appelé « deux armées dans une seule patrie ». Ils se sont plutôt attardés sur les slogans scandés par les manifestants qui accusaient le Hezbollah d’être terroriste.

Pour les sympathisants du Hezbollah, on peut certes ne pas être d’accord avec la politique de ce parti ou même avec ses options régionales, mais de là à l’accuser d’être terroriste, lui qui a libéré une portion du territoire national de l’occupation israélienne, avant de l’ouvrir à toutes les composantes confessionnelles et politiques du pays, il y a quand même un pas énorme... Les partisans du Hezbollah ont aussi rappelé que ce n’est pas ce parti qui s’en est pris aux chrétiens et les a poussés à l’exode tout au long des années de la guerre interne. Bref, dans les milieux populaires proches du Hezbollah, l’amertume est grande, ainsi que le sentiment d’injustice.

D’ailleurs, le parti déploie de grands efforts pour calmer les esprits et éviter des réactions de colère. Son souci premier à l’heure actuelle est d’absorber le choc et de laisser passer la vague, car il est convaincu qu’en dépit des efforts du patriarche Raï et des parties politiques qui l’appuient – ou se cachent derrière lui –, le processus de l’organisation d’un congrès international pour le Liban n’est pas mûr et il n’est pas non plus aisé.

Selon l’évaluation du Hezbollah, l’action du patriarche et de ceux qui le poussent dans ce sens ne bénéficie pas d’une couverture internationale pour l’instant. Elle a peut-être reçu des encouragements régionaux, mais son objectif est de pousser la communauté internationale, et les membres du Conseil de sécurité en particulier, à adopter un agenda précis contre le Hezbollah. Or, dans le contexte actuel, ce n’est pas acquis, car le Conseil de sécurité a d’autres dossiers prioritaires qui vont du Yémen jusqu’à l’Iran, sans parler de la pandémie.

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Mais cela ne signifie pas que le Hezbollah prend à la légère l’initiative du patriarche et la manifestation de samedi. Au contraire. Il ne perd pas de vue le fait qu’en 2000, le mouvement de retournement contre la présence de l’armée syrienne au Liban avait commencé par un discours du patriarche maronite de l’époque, Nasrallah Sfeir, qui avait déclaré qu’après le départ des Israéliens, il était temps pour les troupes syriennes de partir aussi. Ce discours a donc été l’étincelle qui a mené vers le départ des troupes syriennes en avril 2005, après l’adoption de la résolution 1559 puis l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri. Celui-ci a poussé les Libanais à descendre dans la rue et a provoqué la naissance du mouvement du 14 Mars. D’ailleurs, au sein du Hezbollah, certains cadres sont convaincus que depuis cette date, c’est le même scénario qui se poursuit en revêtant des aspects différents. Tantôt il s’agit d’un mouvement politique multiple, destiné à pousser les Syriens dehors et à isoler le Hezbollah. Tantôt il s’agit d’une « guerre israélienne pour détruire le Hezbollah » (2006) et tantôt encore il s’agit d’« impliquer le Hezbollah dans des affrontements internes (mai 2008) ». De même, plus récemment, on cherche soit à faire assumer au Hezbollah la responsabilité de la crise actuelle, soit à susciter une discorde entre sunnites et chiites, ou encore à dresser les chrétiens contre ce parti.

Pour toutes ces raisons, le Hezbollah estime ne pas avoir d’autre choix que de laisser passer la vague, comme il l’a fait précédemment, tout en essayant de renouer le dialogue avec Bkerké.

Si samedi les yeux des Libanais étaient tournés vers Bkerké, ceux du Hezbollah l’étaient encore plus que les autres. Rien n’a en effet échappé à la formation chiite, ni le nombre des participants à la manifestation, ni leurs affiliations, ni les slogans qu’ils ont scandés, ni même leurs moyens de transport. Tous les détails ont été ainsi scrutés à la loupe, avec un mot...

commentaires (9)

vous allez nous faire pleurer. Allons faire une prière à Lourdes, Harissa et Annaya pour le hezbollah qui a défendu les chrétiens ? Donc pour vous Bachir, assassiné par les co-parrains syriens (baas) de ce parti jaune a été assassiné pour la défense des chrétiens . Ok. Logique votre raisonnement. En vous lisant, on se passerait d'avocat. Vous écrivez un article? ou défendez le diable? l'expression " faire l'avocat du diable" est plus mesuré et censé dans sa défense. Ceci dit : Un diable est pire qu'un terroriste, on doit le rappeler. Bonne journée/ soirée tout le monde.

LE FRANCOPHONE

20 h 03, le 02 mars 2021

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • vous allez nous faire pleurer. Allons faire une prière à Lourdes, Harissa et Annaya pour le hezbollah qui a défendu les chrétiens ? Donc pour vous Bachir, assassiné par les co-parrains syriens (baas) de ce parti jaune a été assassiné pour la défense des chrétiens . Ok. Logique votre raisonnement. En vous lisant, on se passerait d'avocat. Vous écrivez un article? ou défendez le diable? l'expression " faire l'avocat du diable" est plus mesuré et censé dans sa défense. Ceci dit : Un diable est pire qu'un terroriste, on doit le rappeler. Bonne journée/ soirée tout le monde.

    LE FRANCOPHONE

    20 h 03, le 02 mars 2021

  • Le titre..."malgré tout"??? ahhh Parce que le malgré tout : c'est à dire "la volonté du peuple"??? " ou la volonté du patriache parlant au nom du peupe"....Ce malgré tout est très très mal placé. Le "malgré nous" c'est bien le Hezbollah !!! La guerre imposée " malgré nous": c'est bien le hezbollah. Les menaces et décisions du pays sont prises "malgré nous" par le hezbollah. Arrêtez svp, de dire que ce parti veut dialoguer " malgré tout": L'OBSTACLE c'est le hezbollah justement. On le subit "malgré tout". Merci pour la publication.

    LE FRANCOPHONE

    19 h 56, le 02 mars 2021

  • Pauvre Hassouna que fera t il sans le Hezbollah ????

    Eleni Caridopoulou

    19 h 02, le 02 mars 2021

  • Pourquoi la censure? C’est révoltant à la fin.

    Sissi zayyat

    17 h 10, le 02 mars 2021

  • ET POURQUOI HEZB SE SOUCIERAIT DE "PLAIRE" A QUI QUE CE SOIT ? HAHAHHA! QUELLE BLAGUE/

    Gaby SIOUFI

    14 h 49, le 02 mars 2021

  • Hégémon fait semblant de s'intéresser aux sentiments des uns et des autres pour rester gentil et poli, mais au fond, à mon avis, il s'en fout royalement. Je pense que l'avenir du Liban, malgré son poids plume, sera dans la balance des discussions irano-américaines. Il faut juste prier pour que Biden ne leur disent pas à la fin; Ok, take also Lebanon as counterpart. (par analogie à l'abandon américain du Liban par Bush père comme faveur à Assaad père en 1991.

    Shou fi

    11 h 13, le 02 mars 2021

  • REMISE DES ARMES DES MERCENAIRES A L,ARMEE LIBANAISE ET DISSOLUTION DES DEUX MILICES TERRORISTES QUI COMBATTENT LES PEUPLES SYRIEN, IRAQUIEN, YEMENITE ET CERTES LIBANAIS AVANT TOUT. PAS D,AUTRE SOLUTION. LEURS ENCENSEMENTS PAR MADAME NE SERVANT A RIEN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 02 mars 2021

  • Magnifique Hezbollah. Fin stratège, il scrute, analyse, scanne, il donne le bon exemple, il n'a vraiment rien à se reprocher, il a libéré le pays ! Nous sommes à deux doigts d'avoir pitié de cette bande de mercenaires outrés d'être considérés comme terroristes et pestiférés.

    Robert Malek

    02 h 38, le 02 mars 2021

  • J'ai pleuré à chaudes larmes sur le parti des barbus si injustement malmené par notre Patriarche et sur leur dépit si justifié.

    Christine KHALIL

    00 h 45, le 02 mars 2021

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