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Monde - Birmanie

La junte intensifie sa répression contre les manifestations, au moins huit morts

La journée d’hier a été la plus meurtrière depuis le coup d’État du 1er février.

La junte intensifie sa répression contre les manifestations, au moins huit morts

La police arrête un manifestant dans la ville de Taunggyi, dans l’État du Shan, en Birmanie, le 28 février 2021. Les forces de sécurité poursuivent la répression sanglante à l’encontre de ceux qui protestent contre le coup d’État militaire du 1er février. Photo AFP/STR

Au moins huit personnes ont été tuées, plusieurs blessées et des centaines arrêtées hier en Birmanie par les forces de sécurité venues disperser des rassemblements prodémocratie, la répression la plus meurtrière depuis le coup d’État il y a un mois.

Le pays est secoué par une vague de manifestations et une campagne de désobéissance civile depuis le putsch qui a renversé Aung San Suu Kyi le 1er février. Face à ce vent de fronde largement pacifique, les autorités ont intensifié l’usage de la force, dispersant les rassemblements avec des gaz lacrymogènes, canons à eau, munitions en caoutchouc et parfois des balles réelles.

Hier, les Nations unies ont condamné la répression, disant avoir des informations crédibles selon lesquelles il pourrait y avoir au moins 18 morts. Un chiffre qu’il n’a pas été possible de confirmer ou infirmer de source indépendante. « Nous condamnons fermement la répression violente des manifestations en Birmanie, et appelons les militaires à cesser immédiatement d’utiliser la force contre des manifestants pacifiques », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux Droits de l’homme de l’ONU.

Parmi les victimes, un manifestant de 23 ans a été tué hier à Rangoun, d’après Nyi Nyi, ex-député du parti d’Aung San Suu Kyi. « Sa femme est enceinte de trois mois. Elle a le cœur brisé », a déclaré Win Ko, un travailleur social venu rendre visite à la veuve. À Dawei (Sud), trois personnes ont péri et une vingtaine d’autres ont été blessées, selon un secouriste et des médias locaux.

« Les blessés continuent d’arriver »

Les trois victimes ont été « touchées par des tirs à balles réelles », alors que les blessés ont été atteints par des munitions en caoutchouc, a relevé le secouriste Pyae Zaw Hein, craignant un bilan plus lourd car « les blessés continuent d’arriver ».

Deux garçons de 18 ans ont été tués à Bago, près de Rangoun, d’après d’autres secouristes. À Mandalay (centre), deux hommes ont été tués par balles, a déclaré un docteur. Il s’agit de la journée la plus meurtrière depuis le coup d’État. Jusqu’à présent, la répression avait fait cinq morts en tout. « Nous avons le cœur brisé après la perte d’autant de vies humaines », a tweeté l’ambassade des États-Unis en Birmanie, avant de poursuivre que « le ciblage de civils est odieux ».

Le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, a assuré que les autorités avaient recours à un usage de la force minimal contre les rassemblements. Mais on dénombre désormais au moins treize morts dans les rangs des manifestants depuis le 1er février. L’armée affirme pour sa part qu’un policier a péri en tentant de disperser un rassemblement. Sollicité, le brigadier général Zaw Min Tun, vice-ministre de l’Information, n’était pas disponible pour commenter les événements.

« La nette escalade du recours à la force létale (...) est scandaleuse et inacceptable et doit être immédiatement stoppée », a réagi Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch (HRW).

À Rangoun, les forces de sécurité ont violemment dispersé les rassemblements, mais on ignore si des tirs à balles réelles ont été effectués. « La police a commencé à tirer dès que nous sommes arrivés. Il n’y a pas eu un mot d’avertissement », a déclaré Amy Kyaw, une institutrice de 29 ans. Des manifestants sont tout de même restés dans les rues, se protégeant derrière des barricades et des boucliers de fortune.

Centaines d’interpellations

Des centaines de personnes ont été interpellées dans la capitale économique, selon la police, et transportées dans la tristement célèbre prison d’Insein où de nombreux militants prodémocratie ont purgé de longues peines de prison sous les dictatures précédentes. Les journalistes sont pris pour cible. L’un d’entre eux a été battu par les forces de l’ordre et arrêté à Myitkyina (Nord), d’après un média local. Un autre a été visé par des tirs de balles en caoutchouc dans le centre du pays, selon son employeur. Samedi, au moins trois journalistes avaient été interpellés, dont un photographe de l’agence américaine Associated Press. Les secouristes venant en aide aux manifestants blessés sont également ciblés dans les arrestations, d’après HRW.

Plus de 850 personnes ont été interpellées, inculpées ou condamnées depuis le coup d’État, selon une ONG d’aide aux prisonniers politiques (AAPP). Mais les interpellations se sont intensifiées ces deux derniers jours avec 479 arrestations pour la seule journée de samedi.

La répression a été vivement condamnée à l’international, États-Unis et Union européenne en tête pour demander la libération d’Aung San Suu Kyi. La Prix Nobel de la paix 1991 n’a pas été vue en public depuis son arrestation. Assignée à résidence dans la capitale Naypyidaw, elle a été inculpée pour avoir importé illégalement des talkies-walkies et violé des restrictions liées au coronavirus. Une audience est prévue lundi. Malgré plusieurs demandes, son avocat Khin Maung Zaw n’a pas été autorisé à la voir. La junte a démis samedi de ses fonctions son ambassadeur aux Nations unies, Kyaw Moe Tun, au lendemain de sa rupture spectaculaire avec les généraux putschistes et de son appel à « mettre fin au coup d’État militaire ».

Les derniers soulèvements populaires de 1988 et de 2007 avaient été réprimés dans le sang par l’armée, et le pays a déjà vécu sous le joug des militaires pendant près de 50 ans depuis son indépendance en 1948. Le coup d’État de février a donc mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans.

Source : AFP

Au moins huit personnes ont été tuées, plusieurs blessées et des centaines arrêtées hier en Birmanie par les forces de sécurité venues disperser des rassemblements prodémocratie, la répression la plus meurtrière depuis le coup d’État il y a un mois. Le pays est secoué par une vague de manifestations et une campagne de désobéissance civile depuis le putsch qui a renversé Aung San...

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