Attaqués en Irak, les États-Unis ont répondu... en Syrie. Washington a conduit dans la nuit de jeudi à vendredi sa première opération militaire depuis l’accession au pouvoir de l’administration Biden il y a 36 jours. Des infrastructures utilisées par des milices soutenues par l’Iran dans le Nord-Est syrien, notamment les Kataëb Hezbollah et les Kataëb sayyed al-chouhada, ont fait l’objet de raids aériens tuant au moins 22 combattants. Approuvée par le nouveau président américain, cette opération militaire « défensive » est « une réponse aux attaques récentes contre le personnel américain et de la coalition en Irak, et à des menaces toujours en cours contre ce personnel », a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense américain, John Kirby. Le 15 février, une salve de roquettes meurtrières avait frappé une base aérienne américaine à Erbil, dans le Kurdistan irakien, faisant deux morts et plusieurs blessés irakiens et étrangers, parmi lesquels des Américains. Revendiquée par un groupe peu connu se faisant appeler Awliya’ al-dam (les Gardiens du sang), les États-Unis et la communauté internationale avaient fermement condamné cette attaque, vraisemblablement menée par des factions puissantes affiliées à Téhéran dans l’objectif de mettre la pression sur Washington à un moment où les tractations sont en cours concernant la question du nucléaire iranien. « Nous sommes convaincus que notre cible était utilisée par la même milice chiite qui a mené les (précédentes) frappes », a déclaré hier soir aux journalistes le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, alors que les milices chiites se déplacent régulièrement entre l’Irak et la Syrie.
Les frappes répondaient à un objectif délicat pour Joe Biden : montrer à ses adversaires et à ses alliés qu’il est prêt à sortir les muscles contre Téhéran sans pour autant enterrer les chances d’une issue diplomatique. « Biden signale qu’il utilisera la force militaire parallèlement aux négociations nucléaires, marquant une nette différence avec l’administration Obama qui a ignoré les provocations non nucléaires de l’Iran pour conclure l’accord de Vienne », commente Michael Knights, expert au Washington Institute for Near East Policy. Le 30 août 2013, Barack Obama avait en effet décidé de ne pas ordonner les frappes prévues contre le régime syrien, soutenu par Téhéran, suite à des attaques à l’arme chimique dans la banlieue de Damas, qui consistaient pourtant une « ligne rouge » aux yeux du président démocrate. Ce renoncement était notamment lié à la volonté de l’administration Obama de ne pas risquer de compromettre les négociations sur le nucléaire iranien, en cours à l’époque.
Fin des sanctions
Alors que la République islamique a feint d’ignorer le groupe ayant revendiqué l’envoi de roquettes sur la base aérienne américaine d’Erbil il y a une dizaine de jours, les récentes opérations militaires en Irak pourraient signaler la volonté de Téhéran de faire pression sur la nouvelle administration Biden afin de parvenir rapidement à la fin des sanctions imposées à son encontre par les États-Unis depuis 2018. Si Donald Trump s’était unilatéralement retiré de l’accord nucléaire – JCPOA, un retrait suivi du rétablissement de mesures punitives à l’égard de l’Iran, le nouveau locataire de la Maison-Blanche a exprimé à plusieurs reprises son souhait de réintégrer l’accord de Vienne. Mais des désaccords empêchent l’avancée du dossier, alors que la République islamique réclame la fin des sanctions qui lui sont imposées avant de répondre à toute demande de Washington. Lundi dernier, les États-Unis ont indiqué que Téhéran serait tenu « responsable des actions de ses affidés qui attaquent des Américains », tout en précisant que son armée évitera de fomenter une « escalade ».
En choisissant de cibler des infrastructures en Syrie, Joe Biden entend également éviter une nouvelle escalade, alors que près de 2 500 soldats américains sont stationnés en Irak. « Les frappes sont tombées en Syrie en raison de tout éventuel retour de flamme sur le gouvernement irakien et la présence des forces de la coalition en Irak », observe Michael Knights. Alliées au gouvernement de Bagdad, les troupes de la coalition militaire dirigée par les États-Unis suscitent la haine des milices chiites soutenues par la République islamique et qui exigent leur départ du pays. Une confrontation qui a pris une tournure plus radicale à la suite de la mort du général Kassem Soleimani par une frappe de drone ciblée ordonnée par Donald Trump, le 3 janvier 2020. Hier, le ministre iranien des Affaires étrangères a échangé avec son homologue syrien au sujet des raids meurtriers américains. « Les deux parties ont souligné la nécessité pour l’Occident d’adhérer aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la Syrie », a rapporté le site gouvernemental iranien Dolat.
De son côté, le pouvoir de Damas a fustigé une « agression » après les frappes américaines menées en Syrie, y voyant un signe de « mauvais augure » de la politique de la nouvelle administration américaine de Joe Biden. La Russie, alliée de premier plan du régime de Damas, a également condamné les frappes américaines meurtrières. « Nous condamnons fermement de telles actions, et appelons au respect sans condition de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie », a affirmé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
commentaires (5)
Le Marteau....si vrai...un outil essentiel aux artistes qui façonnent un bout d'acier ou un bloc de granite solide pour en faire un un morceau d'art! ...Ou aussi un morceau de rébus inutile no réussi... Allah yisterna
Wlek Sanferlou
15 h 18, le 27 février 2021