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Société - Contestation

Choc et critiques après l’annonce de poursuites pour « terrorisme » contre 35 militants de Tripoli

« Alors que les politiciens dont la corruption et la cupidité appauvrissent le pays depuis des décennies poursuivent leurs activités habituelles, les tribunaux sévissent contre les individus qui réclament leurs droits les plus élémentaires », dénonce Human Rights Watch.

Choc et critiques après l’annonce de poursuites pour « terrorisme » contre 35 militants de Tripoli

Une proche d’un des militants, effondrée après l’annonce de l’acte d’accusation, alors qu’elle prenait part à une manifestation devant le tribunal militaire, hier. Photo Houssam Chbaro

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe hier sur les proches de 35 militants interrogés au sujet de leur implication dans les violences ayant opposé les forces de l’ordre aux manifestants à Tripoli, fin janvier. Des manifestations de colère contre la dégradation violente des conditions économiques, aggravées par le confinement décrété pour enrayer la propagation du coronavirus. Ces trente-cinq militants, dont 18 sont toujours détenus par les autorités, sont en effet désormais poursuivis pour « terrorisme, tentative de former un groupe terroriste et vol » et devraient comparaître bientôt devant le tribunal militaire. Des accusations graves qui peuvent mener jusqu’à la peine capitale au Liban. « Nous avons appris aujourd’hui que l’ensemble des 35 protestataires poursuivis par la justice pour avoir pris part aux manifestations de Tripoli, dont un mineur, sont accusés de terrorisme, de tentative de former un groupe terroriste et même de vol », révèle à L’Orient-Le Jour Me Mazen Hoteit, avocat au barreau de Beyrouth qui suit de près le dossier. « Je ne comprends pas comment 35 personnes, dont certaines ne se connaissaient pas du tout avant les manifestations, auraient pu planifier tout cela. La peine de mort peut être prononcée dans ce genre de dossier », poursuit Me Hoteit, qui révèle que certains proches des prévenus se sont évanouis à l’annonce de l’acte d’accusation, alors qu’ils manifestaient hier devant le tribunal militaire. Des échauffourées ont par ailleurs éclaté entre certains protestataires et les forces de l’ordre.

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L’avocat estime que ces accusations « sont une manière pour les politiciens de détourner l’attention de ce qui se passe dans le pays ». « Les autorités essaient de faire taire les manifestations en faisant peur à ceux qui, à la base, protestaient pour dénoncer la pauvreté. Je crains que le Liban ne se transforme en un de ces régimes arabes où les gens disparaissent tout simplement, pour avoir pris part à une manifestation », met-il en garde. « Notre bataille se déroulera au tribunal, mais les autorités ne sont pas assez coopératives avec nous », dénonce par ailleurs Me Hoteit.

L’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) n’a pas tardé à condamner la décision de la justice libanaise et la poursuite des manifestants par le tribunal militaire. « Les accusations de terrorisme ne devraient certainement pas être utilisées pour poursuivre des manifestants qui auraient simplement commis des actes de désordre public ou des violences dans le cadre de protestations contre le gouvernement », déclare à L’OLJ Aya Majzoub, chercheuse chez HRW. « Alors que les politiciens dont la corruption et la cupidité appauvrissent le pays depuis des décennies poursuivent leurs activités habituelles, les tribunaux sévissent contre les individus qui réclament leurs droits les plus élémentaires », poursuit-elle. Mme Majzoub dénonce par ailleurs « les tribunaux militaires qui utilisent leur large juridiction sur les civils pour intimider ou riposter contre des individus pour des raisons politiques et pour étouffer toute dissidence ».

Colère et injustice à Tripoli

Contacté par L’OLJ, le journaliste tripolitain Yahya Siddiq indique que les proches des prévenus ont été très affectés par la nouvelle. « On ne parle que de cela ici. Les gens sont en colère et considèrent que les Tripolitains sont toujours accusés de terrorisme. Ils ont peur d’être la cible des autorités à chaque fois qu’ils vont demander une amélioration de leurs conditions », explique M. Siddiq. « Les familles des militants ont le sentiment de faire face à une injustice. Elles ont peur que leurs proches ne croupissent en prison pendant des années, comme c’est le cas pour les détenus islamistes », ajoute-t-il, en référence au millier de prisonniers accusés de liens avec des groupes extrémistes islamistes et qui se trouvent derrière les barreaux depuis des années, sans aucun procès.

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Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le militant Ibrahim el-Bast, qui fait partie des personnes accusées de terrorisme, s’est dit étonné de cet acte d’accusation. « On ne s’attendait pas à cette annonce. Au contraire, on nous avait même promis que les militants sortiraient aujourd’hui », confie-t-il. « La peine pour les actes terroristes, c’est la mort. Nous sommes qualifiés de terroristes car nous avons participé aux manifestations de Tripoli », lâche-t-il.

« L’acte d’accusation est assez grave, quand on sait qu’il s’agissait de manifestations liées à la situation économique », indique pour sa part Wadih Asmar, directeur du Centre libanais pour les droits de l’homme (CLDH). « La justice militaire est tout sauf indépendante. L’acte d’accusation émis aujourd’hui relève d’une décision purement politique pour empêcher les gens de manifester », analyse-t-il. « Il n’y aura pas de défense correcte pour les militants au tribunal militaire et la façon dont l’affaire est gérée montre que l’on s’oriente vers un procès politique, si procès il y a », ajoute M. Asmar.

Il estime par ailleurs que ces accusations sont la preuve de la « rupture entre les gens qui souffrent et le pouvoir ». « Nous sommes face à une classe politique aux abois qui cherche par tous les moyens à faire diversion », indique le directeur du CLDH.

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe hier sur les proches de 35 militants interrogés au sujet de leur implication dans les violences ayant opposé les forces de l’ordre aux manifestants à Tripoli, fin janvier. Des manifestations de colère contre la dégradation violente des conditions économiques, aggravées par le confinement décrété pour enrayer la propagation du coronavirus. Ces...

commentaires (5)

Sunnite récalcitrant égal terroriste mais chiite du Hezbollah assassin égal résistant Ce n’est ni de notre fait ni de notre faute mais des zoulous pardon Zouamas Sunnites que nous avons soutenu .Ainsi plus que jamais le pouvoir confessionnel doit être combattu et aboli au liban!Vaste programme hélas !

PROFIL BAS

07 h 54, le 24 février 2021

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Commentaires (5)

  • Sunnite récalcitrant égal terroriste mais chiite du Hezbollah assassin égal résistant Ce n’est ni de notre fait ni de notre faute mais des zoulous pardon Zouamas Sunnites que nous avons soutenu .Ainsi plus que jamais le pouvoir confessionnel doit être combattu et aboli au liban!Vaste programme hélas !

    PROFIL BAS

    07 h 54, le 24 février 2021

  • Alors quand ça n’est pas une collaboration avec l’ennemi c’est un acte de terrorisme que de réclamer ses droits à une vie digne. L’armée qui participe activement à ces injustices pour justifier sa force ferait mieux d’arrêter les vrais terroristes de notre pays qui ont causé la mort de centaines de citoyens pendant qu’ils étaient dans leur casernes à se boucher les yeux et les oreilles pour ne pas voir le désastre qui attendait tout un peuple. HONTE À CHAQUE ÉLÉMENT DANS L’ARMÉE ET QUI SE DIT LIBANAIS ET QUI PARTICIPE AU MASSACRE DU PAYS. Nous vous avons fait confiance, une confiance aveugle pour nous prêter mains fortes pour récupérer notre souveraineté et notre dignité, et vous voilà nous tournez le dos pour une raison qui nous dépasse, il va falloir nous expliquer votre comportement pour le moins douteux. Lorsque la justice et l’armée s’allient, ils sauvent un pays d’une mort certaine, mais lorsque c’est pour le compte des ennemis ils l’enterrent pour toujours. A vous de choisir en toute conscience. Il est plus que temps.

    Sissi zayyat

    12 h 52, le 23 février 2021

  • Les terroristes on sait ou ils sont tapis...!

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 52, le 23 février 2021

  • 100 poids, cent mesures !

    Gaby SIOUFI

    11 h 11, le 23 février 2021

  • DEGAGEZ LES CLIQUES MAFIEUSES, A COMMENCER PAR LA TETE ET SES EPAULES, ET LES MERCENAIRES, FORMEZ UN GOUVERNEMENT D,EXPERTS INDEPENDANTS, GARANTISSEZ LES DEPOTS DES GENS DANS LES BANQUES ET TOUT RENTRERA DANS L,ORDRE, MEME LES TRIPOLITAINS AFFAMES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 23, le 23 février 2021

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