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Société - Controverse

Vaccination anti-Covid-19 : un traitement préférentiel pour certains employés de l’AUBMC

La photo du responsable de la sécurité de l’AUB se faisant vacciner dimanche a suscité beaucoup de questions.

Vaccination anti-Covid-19 : un traitement préférentiel pour certains employés de l’AUBMC

Un soignant au Liban prépare une dose du vaccin contre le Covid-19. Crédit AFP

C’est en grande pompe qu’a démarré, dimanche dernier, la campagne nationale de vaccination contre le Covid-19 dans trois hôpitaux de Beyrouth, alors que des observateurs internationaux mettaient en garde contre le favoritisme dans la distribution des doses. Mais dès le lendemain du premier jour de la campagne de vaccinations, l’un de ces trois hôpitaux – le centre médical de l’Université américaine de Beyrouth – était accusé d’avoir vacciné des membres de son personnel qui n’étaient pas prioritaires.

La controverse autour d’éventuels pistons a commencé après la publication d’une photographie de Fadi Ghorayeb, un responsable de la sécurité à l’Université américaine de Beyrouth, se faisant vacciner sous le regard attentif du président de l’université Fadlo Khoury. M. Ghorayeb, ancien général de l’armée libanaise et membre de la Garde républicaine, a rejoint l’AUB en tant que chef de la sécurité en octobre 2018.

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Alors que la photo circulait sur les réseaux sociaux, engendrant de plus en plus de critiques, le directeur régional de la Banque mondiale, Saroj Kumar Jha, a indiqué, sur Twitter, avoir demandé à des observateurs de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) d’enquêter sur l’affaire. Un tweet auquel il a attaché le hashtag #nowasta. De manière quasi concomitante, l’AUBMC assurait, dans un communiqué en réponse à la controverse, que toutes les personnes ayant reçu une première dose du vaccin répondaient aux critères de priorité tels que posés par le ministère libanais de la Santé et le centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies. Selon le programme de vaccination du ministère de la Santé, les personnes qui doivent être inoculées en priorité sont les personnes de plus de 75 ans et les personnels soignants en première ligne face au Covid-19, y compris ceux des services d’urgence, des unités de soin Covid-19 et du personnel de laboratoire. Le personnel de sécurité et l’administration des établissements de santé sont, en revanche, répertoriés en tant qu’agents de santé à faible risque. Leur accès à la vaccination est donc prévu à une phase ultérieure.Hormis Fadi Ghorayeb, plusieurs agents de sécurité et membres de l’administration du centre médical AUB ont également été vaccinés dimanche, a déclaré, mardi, à L’Orient Today, Abir Salam, responsable de la communication d’AUBMC. Elle n’a pas été en mesure de fournir un nombre exact. « C’est scandaleux et révoltant », s’indigne un membre du corps professoral de l’AUB qui a demandé à rester anonyme par crainte de représailles. « Que vous soyez d’accord ou non, les priorités en matière de vaccination sont très claires. »

La Banque mondiale, qui fournit un financement de 34 millions de dollars pour la campagne initiale de vaccination, la surveille de près avec la FICR. Elles ont affirmé dans une déclaration conjointe vendredi qu’elles garantiraient « la manipulation sans danger des vaccins, ainsi qu’un accès juste et équitable à tous ».

Avant même l’atterrissage de l’avion transportant les vaccins à l’aéroport de Beyrouth samedi, des informations avaient circulé selon lesquelles des politiciens tenteraient de faire pression sur les autorités sanitaires pour décrocher un accès prioritaire aux vaccinations. Ce à quoi la Banque mondiale s’oppose totalement.

À l’AUBMC, Abir Salam assure que tous ceux qui ont été vaccinés dimanche couraient un risque élevé de contracter le Covid-19 en milieu hospitalier et qu’ils n’ont pas été inoculés par favoritisme. « Le général Ghorayeb et l’équipe de sécurité sont en première ligne car ils accueillent souvent les patients à leur arrivée à l’hôpital », explique-t-elle. Un argument jugé irrecevable par le membre du corps professoral de l’AUB cité plus haut. « De nos jours, tout le monde est en contact avec des personnes positives au Covid-19 », lâche-t-elle.

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Mme Salam admet néanmoins que certains de ceux qui ont été vaccinés dimanche l’ont été plus tôt que ce qu’ils auraient dû l’être. Selon elle, cela est dû à des problèmes avec la plateforme de vaccination en ligne du ministère de la Santé qui ont compliqué l’accès à la liste complète des personnes inscrites pour recevoir leur première dose.Lors des visites de L’Orient Today dans deux centres de vaccination lundi, la plateforme posait toujours des problèmes, contraignant le personnel de l’hôpital Rafic Hariri, également centre de vaccination, à enregistrer à la main les coordonnées des personnes vaccinées. A l’hôpital Saint-Georges, les ratés de la plateforme ont entraîné des retards au niveau des rendez-vous de vaccination.

À l’AUBMC dimanche, le personnel « a dû prendre les décisions adaptées aux circonstances pour ne pas jeter des vaccins », explique Mme Salam. Une fois décongelé et dilué avec une solution saline pour l’injection, le vaccin Pfizer-BioNTech doit être utilisé dans les six heures qui suivent, faute de quoi il doit être jeté. En réponse à une question sur l’impact qu’ont eu ces « décisions adaptées aux circonstances » sur la sélection des personnes à vacciner, Mme Salam assure que l’AUBMC « respecte les priorités du ministère ».

Ni la Banque mondiale ni la FICR n’ont souhaité faire de déclaration au sujet de leur enquête sur cette affaire.

(Cet article a été originellement publié en anglais sur le site de L’Orient Today, le 16 février 2021)

C’est en grande pompe qu’a démarré, dimanche dernier, la campagne nationale de vaccination contre le Covid-19 dans trois hôpitaux de Beyrouth, alors que des observateurs internationaux mettaient en garde contre le favoritisme dans la distribution des doses. Mais dès le lendemain du premier jour de la campagne de vaccinations, l’un de ces trois hôpitaux – le centre médical de...

commentaires (5)

En Europe aussi c'est pareil...

Politiquement incorrect(e)

21 h 02, le 19 février 2021

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Commentaires (5)

  • En Europe aussi c'est pareil...

    Politiquement incorrect(e)

    21 h 02, le 19 février 2021

  • De même à l'hôpital St Georges, hier on a assisté à un défilé de gens n'ayant pas pris rendez-vous sur la plate-forme, et qui s'infiltraient et retardaient ceux qui étaient en règle selon la plate-forme du ministère. On demande qu'il y ait un contrôle des instances concernées en cet endroit précis.

    Esber

    10 h 00, le 19 février 2021

  • Absolument inadmissible. L'AUBMC nous pompe l'air avec leur principes et leur communiqués de presse et ensuite pratiquent le favoritisme. Shame on you!

    Mon compte a ete piraté.

    09 h 49, le 19 février 2021

  • Pour tous les libanais : Clientélisme, corruption, favoritisme une seconde nature.

    Nadine Naccache

    09 h 15, le 19 février 2021

  • La corruption est endémique dans l ´ADN de tous les libanais sans exception, ca explique comment ont ils contribue’ a la decimation de leur économie.....

    Robert Moumdjian

    01 h 55, le 19 février 2021

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