
Le député libanais, Hussein Hajj Hassan, affilié au Hezbollah. Photo d'archives ANI
Le président de la commission parlementaire de l'Information et des Télécoms, Hussein Hajj Hassan (Hezbollah), a appelé mercredi à censurer les contenus politiques "diffamatoires" retransmis sur les chaînes télévisées libanaises, dans une allusion notamment à l'émission politique de la journaliste Dima Sadek, qui avait récemment ouvertement critiqué le Hezbollah dans la foulée de l'assassinat de l'intellectuel Lokman Slim, le 4 février.
"Pour moi, la censure ne concerne absolument pas le contenu, qui est politique", a affirmé le député, à sa sortie d'une réunion de la commission qui s'est tenue place de l'Etoile, au siège de l'Hémicycle. "Personne ne demande à la MTV, à la LBCI, à al-Manar, al-Jadeed, la Future TV, l'OTV, la NBN, de changer leurs opinions politiques ou le contenu politique, culturel ou social de leurs programmes", s'est défendu M. Hajj Hassan. "Ce qui est demandé, c'est trois choses : (censurer) tout ce qui provoque des tensions et menace la paix, censurer les insultes et les attaques verbales, et enfin, censurer la diffamation. Car il y a de la diffamation et des attaques injustes. Pourquoi ? Insulter sur les chaînes de télévision, c'est cela la liberté d'expression ? ", a-t-il lancé, en s'abstenant de mentionner nommément la MTV ou la journaliste en question.
"Commission au service des affaires du Hezbollah"
Les propos du député chiite ont provoqué l'indignation de Karma el-Khayat, vice-présidente du Conseil d'administration de la chaîne al-Jadeed. "Cette commission parlementaire est celle de l'Information. Mais si c'est au final une commission au service des affaires du Hezbollah, soit. Asseyons-nous avec le parti pour discuter avec lui", a-t-elle lancé au sortir de la réunion à laquelle elle avait été convoquée.
La semaine dernière, la retransmission de la MTV, connue pour sa ligne éditoriale opposée au Hezbollah, avait été bloquée dans des quartiers de la banlieue sud de Beyrouth, de la Békaa et du sud du pays, des régions qui témoignent d'une forte présence du Hezbollah et de ses partisans. Mais les raisons de ce blocage n'ont à ce jour pas été clairement identifiées. La chaîne al-Jadeed aurait également été interdite de diffusion dans certains quartiers, selon Karma el-Khayat.
Les propos de Dima Sadek, dans le cadre de son émission "Haki Sadek", avaient suscité un tollé, la MTV l'ayant même rappelée à l'ordre. La journaliste avait par la suite expliqué s'être prononcée à titre personnel, sans refléter pour autant une position de la chaîne. Mme Sadek est souvent la cible de menaces et d'intimidations de la part de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal.
La liberté d'expression au Liban ne cesse de se dégrader ces dernières années, de nombreux journalistes et militants se retrouvant convoqués par la justice ou par les services de sécurité pour avoir exprimé leurs opinions. Dernier épisode tragique en date, l'assassinat de Lokman Slim, intellectuel et opposant notoire au Hezbollah, retrouvé assassiné de plusieurs balles le 4 février au Liban-Sud.
Dans son classement annuel en 2020, Reporters sans Frontières plaçait le Liban à la 102ème place sur 180 pays en matière de liberté de presse. Le Pays du Cèdre perdait ainsi une place par rapport à l'année précédente, dans une trajectoire baissière entamée en 2015.
Le président de la commission parlementaire de l'Information et des Télécoms, Hussein Hajj Hassan (Hezbollah), a appelé mercredi à censurer les contenus politiques "diffamatoires" retransmis sur les chaînes télévisées libanaises, dans une allusion notamment à l'émission politique de la journaliste Dima Sadek, qui avait récemment ouvertement critiqué le Hezbollah dans la foulée de...
commentaires (16)
J'aurai souhaité que le (ou la) rédacteur anonyme de cet article, eut un peu plus fouillé son sujet. La MTV a été interdite dans une bonne partie du Liban (géréé, d'une main de fer par le hizb) pour l'empêcher d'enhardir la population de ces zones qui critique le hizb et en même temps c'est aussi taper sur les ressources publicitaires de la MTV qui a mon avis sera interdite longtemps dans ces lieux. Quand à la chaine Al-jadid, je félicite Mme Khayat pour son professionnalisme en réponse à sa convocation et ici je m'adresse à la rédaction de L'OLJ qui dit "que le Jadid aurait été interdit", non cette chaine a été effectivement interdite de diffusion dans les zones controlées par le hizb. Enfin quand à l'explication de Hajj Hassan sur les raisons de leur interdiction de diffusion, elle n'est qu'un résumé de l'arrogance de ce parti !!
DJACK
12 h 21, le 19 février 2021