À l’heure où les estimations de la Banque mondiale font état de 45 % de la population libanaise vivant sous le seuil de pauvreté et 22 % sous le seuil d’extrême pauvreté, un prêt de 246 millions de dollars de cette même instance, destiné à fournir une assistance alimentaire et scolaire à près de 200 000 familles, a fait l’objet d’un débat houleux hier au Parlement. La crise économique et financière que subit le pays, aggravée par la pandémie du coronavirus, rend ces aides indispensables. Mais la réunion qui s’est tenue hier par les commissions parlementaires des Finances, des Affaires sociales, du Travail et de la Santé, en présence du ministre des Finances Ghazi Wazni, s’est terminée par un report de la décision d’approuver le projet d’entente avec la BM.
Les points soulevés par les députés sont nombreux, et certains d’entre eux, notamment les élus du Hezbollah, parlent de « violations constitutionnelles ». Les irrégularités qu’ils évoquent concernent principalement la procédure de transfert de ce dossier au Parlement, qui aurait dû passer par une adoption préalable en Conseil des ministres. Or depuis la démission du cabinet de Hassane Diab en août, le Conseil ne s’est plus réuni, pour quelque raison que ce soit. « Il s’agit d’une entorse constitutionnelle à laquelle il faudra trouver une solution », affirme à L’Orient-Le Jour Élie Ferzli, vice-président de la Chambre qui présidait la session.
Serait-il possible que cette aide si urgente soit rejetée en raison de tels arguments ? Un gouvernement d’expédition des affaires courantes peut-il prendre de telles décisions ? « Il s’agit effectivement de questions qu’il faudra régler, mais une issue n’est pas exclue, le débat est reporté à la semaine prochaine », répond-il.
L’autre point qui a alimenté le débat découle de l’insistance de la Banque mondiale à confier la gestion de la distribution des coupons d’approvisionnement au Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), et non à un interlocuteur libanais, notamment le ministère des Affaires sociales qui est en charge des aides alimentaires habituellement, dans un signe clair de manque de confiance dans les autorités officielles. Feignant la surprise, des députés ont crié aux atteintes « à la dignité du peuple libanais », parmi eux le député Hezbollah Hassan Fadlallah.
Pour sa part, M. Ferzli a souligné « ne pas vouloir commenter cette question », précisant que les députés attendent certaines clarifications de la part de la BM et du ministère des Affaires sociales avant de poursuivre le débat… la semaine prochaine. Parmi les détails qui devront être abordés et qui ne sont toujours pas clairs, le taux de change qui sera adopté dans le cadre de ce projet (puisque le prêt est en dollars et que les aides sont prévues en livres).
Et la dignité ?
Les députés du Hezbollah étaient particulièrement loquaces hier après la réunion des commissions. Le député Ali Fayad a estimé que l’accord entre le Liban et la Banque mondiale « contient de nombreuses violations constitutionnelles ». « Il est vrai que le pays souffre d’un manque de liquidités en devises fortes, mais nous devons prendre en compte certaines règles qui ne doivent pas être enfreintes », a poursuivi le député, sans plus de détails, selon des propos rapportés par le site el-Nashra.
Le député Hassan Fadlallah, lui aussi membre du groupe parlementaire du Hezbollah, a critiqué « les lacunes constitutionnelles et juridiques » entourant cette aide, mettant en garde contre un « gaspillage de fonds au détriment des principaux bénéficiaires ». « Il est vrai que les institutions de l’État sont dans un piteux état et qu’il y a un manque de confiance de la part des bailleurs de fonds, mais cela justifie-t-il que l’on se place sous l’autorité de la Banque mondiale et qu’on annule le rôle de l’État, au détriment de la souveraineté du pays et la dignité de son peuple ? » s’est exclamé M. Fadlallah. « Le gouvernement sortant aurait dû jouer son rôle pour que l’accord respecte la Constitution, les lois et la souveraineté », a-t affirmé.
« Nous demandons que l’aide soit distribuée en dollars », a plaidé pour sa part Hadi Abou el-Hessen, député de la Rencontre démocratique, à l’issue de la réunion, à l’heure où la BDL est accusée de vouloir redistribuer en livre libanaise à un taux inférieur à celui du marché noir le montant alloué par la BM en dollars. Il a ajouté que « le projet de prêt de la Banque mondiale doit s’accompagner de l’arrêt de la contrebande de marchandises et de devises fortes et d’un projet de rationalisation des subventions ». « Le gouvernement sortant tente d’éluder la question du plan de rationalisation des subventions et de refiler la patate chaude au prochain cabinet, mais on ne gère pas les affaires courantes avec une telle légèreté », a-t-il prévenu.
« Nous souhaitons que le projet de prêt de la BM pour aider les familles les plus nécessiteuses soit approuvé par le Parlement, en espérant que le gouvernement et les ministères compétents géreront cette question ainsi que celle de la rationalisation des subventions, jusqu’à ce que le gouvernement soit formé et l’initiative française mise en œuvre », a-t-il conclu.
De son côté, le député Mohammad Hajjar du courant du Futur a profité de l’occasion pour rappeler que « la crise aiguë que vivent les Libanais est causée par l’absence d’un gouvernement en exercice aux prérogatives complètes, qui peut se réunir et prendre des décisions ».
Enfin, le député Alain Aoun du Courant patriotique libre a estimé que ce prêt est une partie d’un plan global qui serait un filet de sécurité social, à un moment où la rationalisation des subventions de données essentielles sera un coup de plus porté au pouvoir d’achat d’une population en pleine paupérisation.
Et Bien soyons heureux que nos "Défenseur" et nos "Résistants" sont là pour nous avertir que le projet de la BM est anti-constitutionnelle et fait entrave a la justice... Waw ! Vraiment ? Vous êtes encore plus ridicule que je ne le croyais les Résistants ! Quand est-ce que le Hezbollah a respecté la constitution libanaise ? Si nos chers Hezbollahi respectaient la constitution libanaise, ils déposeraient leurs armes. Ils ne feraient plus de contrebande. Ils ouvriraient leurs livres, comptables. Ils montreraient patte blanche. etc... Un ridicule consommé. Ils utilisent la constitution uniquement selon leurs intérêts et celles de l'Iran ! Et entre temps, la famine prend de l'expansion. Bravo a nos "Résistants" Nos Zéros Nationaux !
17 h 51, le 17 février 2021