Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Crises au Liban

Prêt de la BM : "L'accord contient de nombreuses violations constitutionnelles", selon des députés du Hezbollah

Prêt de la BM :

Le député Ali Fayyad, membre du bloc parlementaire du Hezbollah. Photo d'archives Ani

Le député Ali Fayyad, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a estimé mardi que l'accord entre le Liban et la Banque mondiale (BM) visant à développer un système national de filets de sécurité sociale financé par une aide d'urgence de 246 millions de dollars "contient de nombreuses violations constitutionnelles",

"D'un point de vue constitutionnel, l'accord entre le Liban et la Banque mondiale (BM) pour implémenter en urgence le développement du système national de filets de sécurité sociale dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et la crise économique dans le pays contient de nombreuses violations", a affirmé le député du bloc de la "Fidélité à la Résistance", lors d'une séance de plusieurs commissions parlementaires consacrée à l'approbation de cette aide. "Il est vrai que le pays souffre d'un manque de liquidités en devises fortes mais nous devons prendre en compte certaines règles qui ne doivent pas être enfreintes", a poursuivi le député, sans plus de détails, selon des propos rapportés par le site el-Nashra.

Le député Hassan Fadlallah, lui aussi membre du Hezbollah, a également critiqué "les lacunes constitutionnelles et juridiques" entourant cette aide, mettant en garde contre un "gaspillage de fonds au détriment des premiers bénéficiaires". "Il est vrai que les institutions de l'État sont dans un piteux état et qu'il y a un manque de confiance de la part des bailleurs de fonds, mais cela justifie-t-il que l'on se place sous l'autorité de la Banque mondiale et qu'on annule le rôle de l'Etat, au détriment de la souveraineté du pays et la dignité de son peuple ?", s'est enfin exclamé M. Fadlallah. "Le gouvernement sortant aurait dû jouer son rôle pour que l'accord respecte la Constitution, les lois et la souveraineté", a-t affirmé.

"Nous demandons à ce que l'aide soit distribuée en dollars", a plaidé pour sa part Hadi Abou el-Hassan, député de la Rencontre démocratique du leader druze Walid Joumblatt, à l'issue de la réunion, à l'heure où la BDL est accusée de vouloir redistribuer en livre libanaise à un taux inférieur à celui du marché noir le montant alloué par la BM en dollars. Il a ajouté que "le projet de prêt de la BM doit s'accompagner de l'arrêt de la contrebande de marchandises et de devises fortes et d'un projet de rationalisation des subventions". "Le gouvernement sortant tente d'éluder la question du plan de rationalisation des subventions et de relayer cette patate chaude au prochain gouvernement, mais on ne gère pas les affaires courantes avec une telle légèreté", a-t-il prévenu. "Nous souhaitons que le projet de prêt de la BM pour aider les familles les plus nécessiteuses soit approuvé par le Parlement, en espérant que le gouvernement et les ministères compétents gèrent cette question et celle de la rationalisation des subventions, jusqu'à ce que le gouvernement soit formé et l'initiative française mise en œuvre", a-t-il conclu.

Le projet de loi n'ayant pas pu être approuvé par les commissions conjointes à l'issue des débats, les députés se réuniront à nouveau mardi prochain 23 février pour poursuivre leur étude du texte, a annoncé le député Alain Aoun à notre consœur, L'Orient Today.

Fin janvier, le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, avait signé une aide d'urgence de 246 millions de dollars qui devra se faire sous forme de transferts d'argent et d'accès aux services sociaux pour environ 786.000 Libanais vivant dans la pauvreté et qui sont victimes des crises économique et sanitaire sévères que traverse le Liban. L'aide vise à répondre aux crises "aggravées et sans précédent" que subit le pays, avait affirmé la Banque mondiale mi-janvier en annonçant l'approbation du prêt.

Le Liban connaît depuis l'automne 2019 sa pire crise économique et financière depuis des décennies ayant entraîné une baisse de 19,2% du PIB en 2020, une inflation à trois chiffres et une paupérisation à grande échelle, estime la BM. Le président de la République, Michel Aoun, avait affirmé veiller à ce que le prêt en question soit distribué "en toute transparence" aux ménages les plus précaires.

Selon la BM, 45% de la population vit aujourd'hui sous le seuil de la pauvreté et 22% sous le seuil d'extrême pauvreté. La crise économique a été aggravée par une instabilité politique qui perdure depuis octobre 2019 et la pandémie mondiale qui a contraint le pays à décréter plusieurs confinements depuis mars 2020.

Fin décembre, le directeur régional de la BM pour le Moyen-Orient Saroj Kumar Jha avait exprimé la crainte que le taux de pauvreté au Liban n’atteigne les 60 %, alors qu’un rapport de l’Escwa (la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale) datant d’août dernier avait déjà établi qu’entre 2019 et 2020, le taux d’extrême pauvreté était passé de 8 à 23 % et que plus de 55 % de la population libanaise vivait désormais dans la pauvreté. Outre les restrictions imposées pour lutter contre la pandémie de coronavirus, la crise au Liban, qui sévit depuis plus d'un an, a également été aggravée par la double explosion meurtrière du 4 août 2020. Au Liban, pays officiellement en défaut de paiement auprès de ses créditeurs depuis mars 2020, aucun système de sécurité sociale, d'allocation de chômage ou de pension de retraite n'est prévu par l'État.

La BM finance en outre la distribution de vaccins anti-Covid-19 au Liban. Le pays a lancé sa campagne de vaccination dimanche. Celle-ci est supervisée par le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en partenariat avec la BM, afin de veiller à ce que le processus se déroule en toute transparence, selon les normes mondiales en vigueur.

Le député Ali Fayyad, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a estimé mardi que l'accord entre le Liban et la Banque mondiale (BM) visant à développer un système national de filets de sécurité sociale financé par une aide d'urgence de 246 millions de dollars "contient de nombreuses violations constitutionnelles","D'un point de vue constitutionnel, l'accord entre le Liban et la Banque...