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Société - Covid-19

De Beyrouth, la campagne de vaccination s’étend à l’ensemble du pays

L’ordre des médecins met en garde contre des voix dissidentes qui poussent la population au doute et à l’attentisme.


De Beyrouth, la campagne de vaccination s’étend à l’ensemble du pays

Le Dr Charaf Abou Charaf, président de l’ordre des médecins, donnant l’exemple et se faisant vacciner à l’hôpital Saint-Georges. Photo N. Haddad

Alors que le Liban a passé hier la barre des 4 000 décès causés par le Covid-19 (dont 44 au cours des dernières 24 heures), la campagne de vaccination contre le coronavirus, entamée dimanche, s’est étendue hier à l’ensemble du pays, avec la participation d’une dizaine d’hôpitaux privés et publics, soigneusement choisis pour toucher toutes les communautés. Des lots de doses du vaccin Pfizer sont ainsi parvenues, sous surveillance technique et administrative, à l’Hôtel-Dieu et à l’hôpital al-Rassoul al-Aazam, à Beyrouth, aux hôpitaux universitaires Notre-Dame des Secours, à Jbeil, et Dar el-Amal, à Baalbeck, à l’hôpital privé Aïn-Wzaïn (Chouf) et aux hôpitaux gouvernementaux de Saïda, Nabatiyé, Tripoli, Zahlé, Baabda et Batroun.

Dans le chef-lieu du Liban-Sud, c’est le Dr Abdel Rahman Bizri, président du comité scientifique de la campagne, qui a supervisé le processus de vaccination, après la réception de 300 vaccins. « Cette journée est historique et cruciale pour faire face à l’épidémie de coronavirus dans le Sud », a déclaré M. Bizri, soulignant toutefois que « la vaccination a commencé de manière limitée pour plusieurs membres du secteur sanitaire à ce stade et devrait être intensifiée dans les deux prochains jours ». « La vaccination des personnes de plus, puis de moins de 75 ans suivra », a-t-il ajouté, en espérant que « davantage de centres agréés seront ouverts ».

Par ailleurs, pour faire l’équilibre avec les vaccins administrés dans une maison d’accueil de Broummana tenue par les religieuses de la Croix, une centaine de pensionnaires et de membres du personnel soignant de l’asile islamique pour vieillards relevant des Makassed ont été vaccinés hier. En tout état de cause, il semble que la campagne est toujours en période de rodage et qu’une certaine désorganisation continue de la marquer. Il faudrait en fait, comme cela s’est fait pour le Covid-19, une publication quotidienne du nombre des vaccins administrés et de leur répartition géographique, ainsi que des progrès de la campagne en termes de pourcentage de la population totale, sachant que celle-ci doit englober le corps diplomatique, les réfugiés syriens et palestiniens ainsi que la main-d’œuvre étrangère résidente.

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À ce stade, même les hôpitaux ne sont semble-t-il pas toujours informés à l’avance du nombre de vaccins qu’ils recevront, ni de leur destination.

Selon le Dr Eid Azar, infectiologue et directeur médical de l’hôpital Saint-Georges, 500 vaccins ont été administrés dans cet établissement, principalement au personnel médical venu d’autres hôpitaux de Beyrouth. Ce que le Dr Azar ne dit pas, toutefois, c’est que ces convocations ont été faites à l’initiative de l’hôpital auquel ont été livrés les vaccins, mais sans affectation particulière, ajoute-t-on de source informée. Au demeurant, on était toujours, hier, dans la phase de vaccination des membres du personnel médical, selon une liste établie par le ministère de la Santé.

Complications informatiques

Toutefois, il est évident que le programme informatique complexe chargé de la sélection des candidats au vaccin, de sa transmission à l’intéressé puis du traitement de la réponse de ce dernier comprend des lacunes qu’il faudra combler au fur et à mesure de leur apparition.

Selon des sources médicales ayant requis l’anonymat, il faudra accorder au comité de gestion de la campagne « une période de grâce » au cours de laquelle il corrigera et comblera les lacunes du programme.

De son côté, répondant indirectement aux 17 000 membres du corps médical qui attendent leur convocation, le Dr Abdel Rahman Bizri a précisé que le programme informatique prévoit leur rendez-vous pour la vaccination non par ordre d’inscription mais par groupe d’âge (plus de 75 ans ; entre 65 et 75 ans ; moins de 65 ans). En outre, même à l’intérieur de ces sous-groupes, a-t-il dit, il sera tenu compte de leur état de santé (gravité des maladies chroniques signalées).

Interrogé dimanche soir au sujet des dentistes inscrits sur la plateforme, le Dr Bizri a précisé que leur tour viendrait « dans deux ou trois semaines ». Une anomalie, sachant que le tour des journalistes et des photographes de presse, tout aussi exposés, mais différemment, commence la semaine prochaine, selon un communiqué syndical. Mais, ajoute une source informée, comme pour les médecins, le programme informatique sélectionnera les plus exposés d’abord, selon des critères d’âge et d’état de santé, et selon la nature de leur mission.

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De son côté, le ministre sortant de la Santé Hamad Hassan, qui a effectué une tournée à Baalbeck, Zahlé, Baabda, a précisé que le Mont-Liban avait enregistré le taux d’inscription le plus élevé sur la plateforme de vaccination, regrettant la grande disparité sur ce plan entre les différentes régions, sachant que le Mont-Liban est le mohafazat le plus densément peuplé du pays.

Selon lui, le nombre de personnes qui se sont enregistrées sur la plateforme de vaccination du ministère est désormais d’environ 600 000, un chiffre insuffisant par rapport à la population de six millions d’habitants. Le ministre sortant de la Santé a toutefois souligné au micro de la MTV depuis Baalbeck qu’une hausse encourageante des inscriptions avait été constatée ces deux derniers jours sur fond de lancement de la campagne. 36 000 nouvelles personnes ont ainsi été enregistrées samedi, le jour de l’arrivée des premières doses à l’aéroport de Beyrouth, auxquelles se sont ajoutées 56 000 nouvelles inscriptions sur la plateforme pour la seule journée de dimanche.

« Vacciner 50 % des Libanais en 2020 »

Hier, lors d’une conférence de presse, le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf, a appelé les Libanais à se faire vacciner en masse et à ne pas accorder de crédit aux rumeurs colportées sur de possibles effets secondaires des vaccins ou leur validité. « Les doses qui nous parviendront cette année sont suffisantes pour vacciner 50 % des citoyens, tandis que le reste sera vacciné l’année prochaine », a-t-il affirmé, appelant l’État à faciliter l’importation de tous les vaccins conformes aux normes mondiales, sachant que des doses du vaccin britannique AstraZeneca/Oxford et du russe Spoutnik V seraient réceptionnées dans les prochaines semaines, et qu’une étude exhaustive a été réclamée sur le vaccin chinois.

« Il faut faire vite pour obtenir une immunité communautaire de 80 % (environ 5 millions de personnes vaccinées) et réduire le nombre de patients, de complications et de décès », a lancé le Dr Abou Charaf. « Le retard dans l’administration des vaccins peut conduire à de nouvelles mutations du virus sur lesquelles le vaccin n’aurait pas d’efficacité », a-t-il averti, invitant les médias à encourager la campagne de vaccination, « plutôt que de la freiner en accordant trop de crédit à des francs-tireurs de la santé publique ne disposant pas de véritables références, et à faire preuve de prudence face à ceux qui se disent spécialistes mais n’ont pas publié dans des revues fiables et propagent des informations qui nourrissent une attitude attentiste ».

Alors que le Liban a passé hier la barre des 4 000 décès causés par le Covid-19 (dont 44 au cours des dernières 24 heures), la campagne de vaccination contre le coronavirus, entamée dimanche, s’est étendue hier à l’ensemble du pays, avec la participation d’une dizaine d’hôpitaux privés et publics, soigneusement choisis pour toucher toutes les communautés. Des lots de doses...

commentaires (3)

Un objectif juste 50% de vaccinations en 2020? Nos fonctionnaires medicaux ne se precipitent pas. Ils se font vacciner personellement d'abord et ensuite, rassasiés, ils mettent la barre au ras des paquerettes.

Tina Zaidan

14 h 30, le 16 février 2021

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Commentaires (3)

  • Un objectif juste 50% de vaccinations en 2020? Nos fonctionnaires medicaux ne se precipitent pas. Ils se font vacciner personellement d'abord et ensuite, rassasiés, ils mettent la barre au ras des paquerettes.

    Tina Zaidan

    14 h 30, le 16 février 2021

  • Bravo, vous agissez en dépit de nos gouvernants déplorables, et en cela vous valez mieux que certains pays européens où c'est la pagaille totale. Il faudra juste faire attention à ne pas vacciner les pistonnés et les riches avant les autres!

    Politiquement incorrect(e)

    12 h 12, le 16 février 2021

  • De grâce il ne faut plus utiliser le terme asile pour vieillards , terme déshonorant et humiliant Il faut dire résidence pour personnes âgées dépendantes Je remercie par avance l auteur de cet article Dr fadi labaki

    fadi labaki

    09 h 15, le 16 février 2021

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