C’est un communiqué au vitriol qu’a récemment publié le collectif TMT (Tajammoh mouwakabat al-thaoura – Rassemblement pour l’accompagnement de la thaoura) contre les armes du Hezbollah, appelant à unir les efforts pour que le parti chiite dépose son arsenal militaire et restitue ainsi au pays sa souveraineté.
Fondé par des intellectuels, dont l’avocat Chibli Mallat, TMT réunit des dizaines de groupes issus de la société civile dans l’esprit d’une coordination pour tenter de trouver une alternative à la classe dirigeante. Le rassemblement a dédié sa déclaration à la mémoire de l’intellectuel Lokman Slim, un farouche opposant du Hezbollah assassiné au Liban-Sud, fief du parti pro-iranien. Me Mallat ainsi que Hana Jaber, autre membre de TMT et chiite de confession, ont d’ailleurs participé jeudi au sit-in organisé à Paris (place du Panthéon), en hommage à l’activiste disparu.
« L’armement du Hezbollah est devenu un instrument pour faire plier les Libanais et assassiner les figures éminentes parmi eux », indique la déclaration de TMT, soulignant plus généralement qu’« il sert les intérêts de l’Iran ». « Cet armement nous a entraînés dans des conflits avec certains pays arabes (…) et nous a soustraits au droit international, bafouant constamment les résolutions internationales, notamment les résolutions 1559, 1680 et 1701 », peut-on encore lire. « Nous appelons haut et fort à la constitution d’un large ralliement national, pour faire face à l’occupation et la tutelle iraniennes via son bras armé au Liban, afin d’aboutir à un État libre et indépendant, dont la souveraineté s’étendrait sur tout son territoire, et dans lequel les Libanaises et les Libanais seraient, sans discrimination, à égalité devant la loi », poursuit le communiqué, tout en insistant : « Nous sommes convaincus que l’effondrement du Liban est dû à la mainmise du Hezbollah sur le destin du pays. Nous œuvrons pour que le Liban retrouve son indépendance complète (…), pour que le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix soient exclusivement limités à l’exécutif, et pour que les armes soient détenues uniquement par l’armée et les forces de sécurité légales. »
« Le mur de la peur est cassé, lance à L’Orient-Le Jour Nawal Méouchi, membre de TMT, en réponse à une question sur le ton du communiqué. Nous tentons de convaincre les forces nationales et internationales d’œuvrer pour l’intérêt du Liban, en l’occurrence permettre au pays de recouvrer sa souveraineté. » Ce n’est pas simplement à coups de déclarations virulentes que les membres de l’organisation cherchent à atteindre leur objectif. « Nous nous réunissons chaque semaine via Zoom. Nous menons des contacts avec des ONG, notamment Human Rights Watch et Amnesty International. Nous étudions des dossiers et organisons de nombreux webinaires avec des acteurs politiques et économiques américains, suisses, hollandais et d’autres européens », indique Nawal Méouchi, persuadée que la conjugaison des efforts pourrait aboutir « à la mise en place d’un cadre d’action afin de libérer le Liban ». « L’armée syrienne n’est-elle pas sortie du territoire en avril 2005 alors que quelques mois plus tôt ceci était impensable ? » interroge l’activiste, confiante. « Le Hezbollah doit remettre ses armes à l’armée libanaise et revoir sa doctrine », martèle-t-elle.
Intimidations et menaces de mort
Un autre membre de TMT, l’ancien président du Conseil d’État Chucri Sader, affirme dans le même esprit que le problème crucial au Liban est l’armement illégal. « Il est impossible de cohabiter avec un détenteur d’armes, et il ne peut y avoir de discussions avant la remise de ces armes », estime-t-il. « La corruption et les autres problèmes nationaux sont les conséquences de la suprématie armée du Hezbollah », ajoute M. Sader, faisant assumer à l’entente de Mar Mikhaël la responsabilité dans « la couverture de ces armes ». « Or, selon la Constitution, il y a une seule autorité, celle de l’État », rappelle l’ancien magistrat, accusant le président de la République Michel Aoun de « défendre des armes anticonstitutionnelles et de violer ainsi la Loi fondamentale ». Et Chucri Sader de déplorer que « le chef de l’État se soit détourné du discours et de la position fermes qu’il tenait auparavant contre les armes du Hezbollah ».
Dans son communiqué, TMT évoque aussi les élections législatives. Le rassemblement estime « illégale » une participation du Hezbollah au prochain scrutin (prévu en mai 2022) s’il ne renonce pas aux armes. Il accuse le parti chiite de « menacer (…) le droit des Libanais à voter librement à travers des intimidations et des menaces de mort ». Chucri Sader et Nawal Méouchi précisent à cet égard que TMT inclut diverses personnalités issues de tous les coins du pays, du Sud au Nord, parfaitement aptes à se porter candidats.
Toujours au motif de détention d’armes illégales, les signataires du document refusent au parti pro-iranien le droit de disposer de portefeuilles ministériels dans le gouvernement en gestation. Ils demandent par ailleurs aux organisations mondiales et aux États qui veulent soutenir le Liban de ne pas fournir leurs aides via le ministère de la Santé. Motif invoqué : ledit ministère « est aux mains du Hezbollah ».
commentaires (13)
La seule solution est de desarmer le Hezbollah!
Pierre Hadjigeorgiou
08 h 38, le 17 février 2021