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Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre à mes élèves, à tous les élèves

Ça fait un an que vous êtes enfermés à la maison, et en dépit de cette dématérialisation soudaine de tout contact direct avec l’école, je vous retrouve un an après avec cette envie – que je qualifierais d’inébranlable – d’étudier et de progresser dans vos études. Je vous retrouve un an après avec l’angoisse d’avoir de bonnes notes pour faire plaisir à vos parents et, « au fond », pour vous donner de la motivation de continuer. Je vous retrouve un an après, toujours soucieux de votre dossier universitaire, dans le but d’être acceptés dans les universités prestigieuses auxquelles vous rêviez depuis si longtemps, ce rêve que vous insistez à réaliser, coûte que coûte.

Durant les heures de cours, je ne vous vois pas, mais je vous entends quand vous me posez des questions autour d’un concept mal compris, ou disons, que vous avez mal entendu à cause de la mauvaise connexion. Parfois, je m’énerve de répéter la même chose cinq fois en deux minutes. À des moments, je perds mes nerfs, je me demande jusqu’à quand on peut continuer ainsi, je m’imagine occuper un emploi dans une autre profession. J’essaye de me calmer et de continuer mon cours sans vous faire sentir quoi que ce soit. Après tout, cela n’est pas de votre faute.

Vous voir étudier ainsi m’a inspiré à dégager des leçons positives de cette situation où toutes les circonstances ne nous sont pas favorables. Quand je vous vois immergés dans ce nouveau processus d’enseignement, et avec les conditions techniques et sanitaires qui ne sont pas toujours au rendez-vous, je me dis que nous avons tous ici une chance d’évoluer autrement, de nous transformer. Dans ce contexte, je ne peux pas m’empêcher de penser à la citation du philosophe George Santayana, qui dit : « Un enfant qui ne s’est instruit qu’à l’école n’est pas un enfant instruit. » Dans l’ère postcorona, vous serez de nouvelles personnes ayant survécu une pandémie historique, ayant relevé le défi de l’apprentissage en ligne et ayant appris à compter sur elles-mêmes. Bref, vous vous instruisez dans la vraie vie. Profitez-en !

Ce que nous vivons n’est pas facile, et je comprends parfaitement votre frustration. Quand vous m’exprimez votre désir de retourner à l’école, je me tais, je fixe l’écran bouche bée et je me retrouve sans mots. Je n’aurais jamais cru qu’un jour viendrait où j’entendrais mes élèves exprimer leur lassitude du fait de rester à la maison et leur envie d’aller à l’école. Quand tout redeviendra-t-il normal ? Je n’en ai aucune idée et je ne prétendrai jamais le savoir vu que nous vivons dans un monde où les événements imprévus et les décisions inattendues nous tombent dessus comme une foudre, presque quotidiennement. Toutefois, sachez que votre travail sérieux, votre ponctualité, votre capacité d’adaptation remarquable, votre intérêt et votre détermination sont pour nous tous une source continuelle de motivation, d’optimisme, de force et d’inspiration pour aller de l’avant et pour continuer le combat du distanciel, que l’on ne risque pas d’oublier de sitôt. Pour tous les élèves qui s’en sortent et qui essayent de s’en sortir, et même pour ceux qui ne s’en sortent pas, je crie haut et fort : Vous êtes des héros, de vrais héros !

Continuez ainsi et n’oubliez pas qu’après la pluie, il y a toujours le beau temps !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Ça fait un an que vous êtes enfermés à la maison, et en dépit de cette dématérialisation soudaine de tout contact direct avec l’école, je vous retrouve un an après avec cette envie – que je qualifierais d’inébranlable – d’étudier et de progresser dans vos études. Je vous retrouve un an après avec l’angoisse d’avoir de bonnes notes pour faire plaisir à vos parents et,...

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