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Politique - Crise gouvernementale au Liban

Hariri après son entretien avec Aoun : Pas d'avancée sur la formation du gouvernement

"Ma position est constante et claire : un gouvernement de 18 ministres tous experts", affirme le PM désigné.

Hariri après son entretien avec Aoun : Pas d'avancée sur la formation du gouvernement

Le président libanais, Michel Aoun (g), s'entretenant le 12 février 2021 au palais de Baabda avec le Premier ministre désigné, Saad Hariri. Photo Twitter/Présidence libanaise

De retour à Beyrouth après un bref déplacement à Paris où il avait été reçu mercredi par le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, s'est brièvement entretenu vendredi au palais présidentiel de Baabda avec le chef de l'Etat Michel Aoun de la formation du gouvernement. M. Hariri a toutefois affirmé qu'aucune avancée sur ce dossier n'a été enregistrée jusque-là. Il s'agit du tout premier contact entre MM. Aoun et Hariri depuis le 23 décembre dernier, alors que de profondes divergences politiques les opposent au sujet de la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis six mois dans un Liban en pleine crise politico-économique.

"Je ne change pas de position"

"Je me suis entretenu avec le président de la République et je poursuivrai ces discussions", a annoncé M. Hariri depuis le palais de Baabda. "Il n'y pas d'avancée concernant la formation du gouvernement, mais j'ai expliqué (au président Aoun) l'opportunité en or que nous avons. À partir d'aujourd'hui, chaque partie assume ses responsabilités", a insisté le Premier ministre désigné. Il a ensuite rappelé que lors de sa visite en France, il a "ressenti un enthousiasme (français) pour la formation d'un gouvernement au Liban". "Le problème réside sur le plan de la constitution d'un cabinet formé d'experts indépendants des partis politiques. Sans cela, aucune réforme ne peut être entreprise", a estimé le chef du Courant du Futur. "Si quelqu'un pense qu'un gouvernement regroupant des ministres affiliés à des partis politiques pousserait la communauté internationale à faire preuve d'ouverture envers nous (...), il se trompe. L'idée essentielle est de former un gouvernement constitué de ministres experts qui ne provoquent pas les partis politiques et qui travaillent uniquement pour appliquer le projet qui leur est présenté", a ajouté Saad Hariri. "Ma position est constante et claire : un gouvernement de 18 ministres tous experts. Je ne change pas de position à ce sujet", a-t-il enfin martelé.

La présidence de la République, qui précise que l'entretien s'est tenu à la demande de M. Hariri, n'a pas tardé à réagir. Dans un bref communiqué, elle a affirmé que Saad Hariri "n'a rien apporté de nouveau sur le plan de la formation du gouvernement".

Le billet de Gaby NASR

Démantibulators

Nommé pour former le nouveau cabinet le 22 octobre 2020, Saad Hariri n'est toujours pas parvenu à accomplir cette tâche. Il a effectué ces dernières semaines une tournée régionale en se rendant notamment en Egypte, aux Emirats et en Turquie, afin d'obtenir un soutien international. Quant au président Macron, il tente de réactiver la feuille de route qu'il avait lancée le 1er septembre à Beyrouth pour une sortie de crise du Liban, dans la foulée de l'explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth. Cette catastrophe avait poussé le Premier ministre Hassane Diab à démissionner. Mercredi soir, Saad Hariri avait été reçu par le président français pour un dîner de travail, selon son bureau de presse, alors que Paris n'avait pas officiellement communiqué sur cette réunion. Les deux hommes avaient notamment discuté "des difficultés intérieures libanaises qui entravent la formation du gouvernement et des moyens de les surmonter", selon le bureau de presse de M. Hariri. Le chef du Courant du Futur avait également exposé les efforts qu'il déploie "pour restaurer les relations arabes du Liban et mobiliser un soutien face aux crises auxquelles il est confronté".

"Je ne suis prêt à aucune concession"

Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, "les responsables français ont contacté mercredi le président Aoun en lui demandant quelles concessions il était prêt à faire. Le chef de l'Etat leur aurait rétorqué en disant : +Je ne suis prêt à aucune concession. Que le Premier ministre désigné revienne au Liban, qu'il se rende au palais de Baabda pour me voir afin que nous puissions résoudre la crise gouvernementale à deux+".

L'analyse d'Anthony SAMRANI

Les réminiscences du 8 et du 14 Mars

Toujours selon notre correspondant, le président Macron se serait montré "compréhensif envers Saad Hariri et sa position en faveur d'un gouvernement composé de 18 ministres et sans tiers de blocage pour quiconque (...)". "Les responsables français auraient donc conseillé à M. Hariri de se rendre à Baabda afin de dire au président Aoun qu'il reste sur sa position". A travers cette attitude, le Premier ministre désigné voulait montrer que malgré toutes les pressions internationales, c'est le président Aoun qui est responsable du blocage du processus, selon notre correspondant.

Saad Hariri doit prononcer dimanche un discours politique très attendu, à l'occasion des 16e commémorations de l'assassinat de son père, l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.

De son côté, Ali Hassan Khalil, député affilié au mouvement Amal du président de la Chambre, Nabih Berry, a exprimé le souhait que les efforts déployés sur le double plan local et international débouchent sur la formation d'un nouveau gouvernement. S'exprimant vendredi lors d'une rencontre par visioconférence avec des responsables au sein d'Amal, Ali Hassan Khalil a estimé que le premier pas vers la résolution des crises dont souffre le pays réside dans "une entente politique autour de la formation d'un cabinet composé de personnalités non affiliées aux partis politiques, et capables de mettre sur les rails les réformes exigées par la communauté internationale, comme le stipule l'initiative française". M. Hassan Khalil a, en outre, déploré les "actions de certains protagonistes qui cherchent à contrôler l'action du cabinet". Une flèche décochée en direction du tandem Michel Aoun-Gebran Bassil (chef du Courant patriotique libre) accusé par ses détracteurs de vouloir obtenir le tiers de blocage au sein de la future équipe ministérielle.  

Pour sa part, Ibrahim Amine Sayyed, chef du conseil politique du Hezbollah, a affirmé que son parti presse pour la formation d'un nouveau cabinet dans les plus brefs délais. "Tout le monde sait que le Hezbollah tient à ce que le nouveau gouvernement soit formé le plus rapidement possible", a déclaré le responsable chiite dans un entretien accordé à la radio al-Nour, proche du parti. Et M. Sayyed de refuser d'établir un lien entre la naissance du cabinet et la poursuite des négociations autour du dossier nucléaire iranien entre son allié Téhéran d'une part, et Washington et le reste de la communauté internationale d'autre part. "Il s'agirait là d'une exagération", a estimé le dignitaire chiite, appelant les protagonistes libanais à régler leurs problèmes, sans attendre (l'aide) de l'extérieur". 

L'appui du Vatican

Par ailleurs, l'ambassadeur du Liban au Vatican, Farid Elias el-Khazen, a affirmé vendredi que le Saint-Siège appuie l'initiative française. "Le Vatican aborde les initiatives et prises de position exprimées au Liban, notamment de la part du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, avec ouverture et sérieux, même s'il ne les commente pas", a souligné M. Khazen dans un entretien à l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), assurant que "le Saint-Siège tient à ce que l'intérêt général soit préservé, afin de parvenir à des solutions aux crises". "Le Vatican soutient l'initiative française, ainsi que toute initiative qui pourrait contribuer à sortir le pays de sa situation critique, a ajouté le diplomate. Il (le Vatican, ndlr) n'épargnera aucun effort en ce sens", a-t-il ajouté.

Le patriarche Raï exerce depuis plusieurs semaines de fortes pressions pour que le cabinet voie le jour le plus rapidement possible. Dimanche dernier, il a franchi un nouveau cap en appelant à la tenue d'une conférence internationale sous les auspices de l'ONU pour examiner la question libanaise. Le lendemain, le pape François avait mis en garde, devant le corps diplomatique accrédité au Vatican, contre le fait que le Liban "risque de perdre son identité", plaidant pour "un engagement national et international renouvelé pour favoriser la stabilité du pays face à un faisceau de crises économiques, politiques et sociales".

De retour à Beyrouth après un bref déplacement à Paris où il avait été reçu mercredi par le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, s'est brièvement entretenu vendredi au palais présidentiel de Baabda avec le chef de l'Etat Michel Aoun de la formation du gouvernement. M. Hariri a toutefois affirmé qu'aucune avancée sur ce dossier n'a...

commentaires (13)

Si la formule à 18 ne passe pas à Baabda, il doit se retirer normalement et passer le témoin à quelqu'un d'autre. C'est déjà 4 mois ! Le tiers bloquant pourquoi faire? si de toutes les façons les pro CPL/Hezb seront de facto majoritaire. Difficile à comprendre !

Shou fi

22 h 43, le 12 février 2021

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Si la formule à 18 ne passe pas à Baabda, il doit se retirer normalement et passer le témoin à quelqu'un d'autre. C'est déjà 4 mois ! Le tiers bloquant pourquoi faire? si de toutes les façons les pro CPL/Hezb seront de facto majoritaire. Difficile à comprendre !

    Shou fi

    22 h 43, le 12 février 2021

  • IL Y A AU LIBAN DEUX GENRES DE PRETENDUS LIBANAIS. LES MERCENAIRES ET LEURS COLLABOS D,UN COTE QUI ONT TOUT DETRUIT DANS CE PAYS ET LES IMBECILES QUI CROIENT POUVOIR ENCORE DISCUTER AVEC EUX.

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 18, le 12 février 2021

  • Conclusion simple : pas de gouvernement. D’ailleurs à quoi sert un gouvernement dans cette république bananière dotée d’une monnaie de singe qui vaut à peine son pesant de papier ainsi qu’une administration bourrée de fonctionnaires corrompus et incompétents. Le pays dans sa formule actuelle n’existe plus. Soit on trouve une nouvelle équation soit on continue notre descente aux enfers

    Lecteur excédé par la censure

    20 h 25, le 12 février 2021

  • 5000000 de libanais attendant le Prez et le Prem pour qu'ils s'entendent... Et tfehhh ...

    Wlek Sanferlou

    19 h 32, le 12 février 2021

  • Cette mandature, marquée par des arguties de mauvaise foi dénotent une incapacité chronique à gouverner. Toute sa carrière politique a été semée d'incohérences depuis sa fameuse guerre de libération en passant par sa visite en syrie, après qu'il ait soutenu mordicus que les syriens étaient responsables de la mort de Hariri, où il n'a pas daigné soulever le problème des Libanais disparus dont les militaires, sans oublier sa déclaration "lunaire" lors de l'inauguration de la plate forme pétrolière le jeudi 27 février 2020 qualifiant ce jour d'historique pour les Libanais.... Finalement la seule réalisation qu'il a réussie est l'inauguration du nouveau pont à Jal El Dib.... un peu mince comme bilan.

    C…

    18 h 00, le 12 février 2021

  • Pour avoir du foin

    Sissi zayyat

    16 h 08, le 12 février 2021

  • Hariri se pavane en maintenant qu’il est pour un gouvernement technocrate et neutre alors pourquoi ne pas nous dévoiler la mouture pour qu’on puisse le croire, lui qui n’a jamais tenu parole et qui a ouvert le bal du marchandage en acceptant l’inacceptable à savoir que les vendus puissent choisir leur ministères et leurs ministres et pas les autres. Il veut rester coûte que coûte dans la politique et accuse les autres de faire de même alors que le peuple a crié haut et fort que nous ne voulons plus d’aucun d’eux. Kelloun yeiné kelloun. Ils sont sourd ou ils jouent aux ânes pour avoir du roi ?

    Sissi zayyat

    16 h 08, le 12 février 2021

  • Toute cette clique croit que le Liban est sa propriété et les citoyens ses esclaves et qu’ils peuvent en disposer comme bon leur semble. Il ne réaliseront le contraire que le jour où toute la nation se met en rang uni et à pas cadencé tous en directions de toutes les institutions étatiques qui sont la propriété du peuple pour les chasser et ainsi libérer le pays et par la même occasion se libérer de leurs chaînes. Tant que nous continuerons à accepter l’inacceptable ils iront loin dans l’horreur en espérant lasser les citoyens jusqu’à la soumission.

    Sissi zayyat

    16 h 01, le 12 février 2021

  • Je propose que nous zappions 2021 et cela jusqu'aux élections présidentielles, cela nous épargnera la même scie quotidienne pendant 365 jours encore, avec le covid ça fait beaucoup; pourquoi pas une rubrique bricolage/jardinage/cuisine. Un lecteur blasé.

    Christine KHALIL

    14 h 34, le 12 février 2021

  • Depuis des semaines, Aoun demandait à se réunir avec Hariri, pour soit disant, hâter la formation du gouvernement. Chose faite mais sans résultat. A ce stade, il est clair que Aoun ne se soucie de rien, même au prix de voir le pays plonger un peu plus dans le chaos. Et pire, il invite Diab à appeler le gouvernement démissionnaire à se réunir.. Quand à Hariri, malgré son attachement à une formation idéale, il ne doit pas douter des obstacles auxquels que sa formation  éventuelle buterait, dans le vote de confiance, et après, dans les réformes attendues, avec un parlement difficile à convaincre. Pour cela, peut-être, il faudrait attendre que le destin invisible, puisse remédier à plusieurs constantes, et aider ce pauvre pays, si toutefois, d'ici la, il reste viable.

    Esber

    14 h 04, le 12 février 2021

  • La déclaration de Hariri contient un mensonge et une contradiction. Il prétend vouloir former un gouvernement formé d'experts indépendants des formations politiques alors qu'il a, d'emblée , accepté que le ministre des Finances et les ministres chiites soient nommés par le tandem Amal-Hezbollah. Ce qui a évidemment poussé les autres partis à réclamer le même privilège. Par ailleurs il dit vouloir des ministres qui n'entrent pas en confrontation avec les partis. Comment pourront-ils remettre de l'ordre sans dénoncer la corruption, et donc, inévitablement, entrer en confrontation avec leurs prédécesseurs et leurs partis?

    Yves Prevost

    13 h 56, le 12 février 2021

  • "... le Saint-Siège appuie l'initiative française ..." - Notre (p)résident s’en fiche complètement, tant qu’il a la bénédiction du Fakih dont seule l’opinion compte.

    Gros Gnon

    13 h 44, le 12 février 2021

  • LE PAPE APPUIE L'INITIATIVE. AH BON ! DONC LES PROBLÈMES DU LIBAN SONT TERMINÉS...J'AURAIS PRÈFÈRÉ QU'IL ENVOIE UN DE SES TAPIS OU N'IMPORTE QUEL PETIT OBJET DU VATICAN POUR UNE VENTE AUX ENCHÈRES QUI PEUT RAPPORTER GROS POUR LES PAUVRES AU LIBAN. CES PAUVRES QUI EUX, RESSEMBLENT À JESUS QUI N'AVAIT RIEN.

    Gebran Eid

    12 h 46, le 12 février 2021

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