Plusieurs dizaines de personnes étaient réunies jeudi pour rendre hommage à l'intellectuel, cinéaste et éditeur libanais Lokman Slim, retrouvé assassiné il y a tout juste une semaine dans le sud du pays. Lors de ces funérailles, la mère du défunt, Salma Merchak Slim, a appelé les jeunes du Liban à "vivre selon les principes" défendus par son fils, tandis que plusieurs représentants diplomatiques ont souligné l'importance de mener une enquête transparente sur l'assassinat.
La cérémonie, organisée dans le jardin de la résidence familiale des Slim à Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth, a été menée par des religieux chrétiens et musulmans, en présence d'ambassadeurs de plusieurs pays. Un grand portrait de l'intellectuel a été installé dans ce jardin, surplombant une plaque commémorative sur laquelle est écrit : "Ici, au paradis, vit un héros du Liban".
"Continuez à vivre selon les principes défendus par Lokman Slim et selon lesquels il a vécu", a lancé la mère de Lokman Slim à l'intention de la jeunesse libanaise. Elle a invité les jeunes Libanais à privilégier "le dialogue et la raison" qui leur permettront de "fonder une nation", et appelé à "poursuivre la lutte" menée par son fils pour le pays, tout en les exhortant à abandonner "la logique des armes, qui n'a bénéficié en rien au pays".
"Acte barbare et intolérable"
L'ambassadeur allemand à Beyrouth, Andreas Kindl, a de son côté rendu hommage au travail effectué par l'intellectuel et sa femme, Monika Borgmann, d'origine allemande, pour la culture au Liban. "Nous n'oublierons pas le travail qu'il a effectué pour que l'on n'oublie pas les événements" de l'histoire du pays, a-t-il affirmé, en référence notamment au centre de documentation Umam, fondé par le couple. Et M. Kindl de réclamer une "enquête transparente", à l'instar de l'ambassadrice des Etats-Unis, Dorothy Shea, qui a qualifié l'assassinat d'"acte barbare et intolérable". "Nous ferons notre possible pour perpétuer la vision" de Lokman Slim, a ajouté Mme Shea. L'ambassadrice suisse, Monika Kirgöz, a, elle, promis de "poursuivre le travail qu'il menait".
"Son sang a été versé comme sacrifice pour le peuple libanais opprimé", a déclaré dans sa prière le père Georges Sadaka, qui a salué en Lokman Slim "une lueur d'espoir de liberté pour ceux qui vivent dans l'obscurité". Un dignitaire chiite a pour sa part rendu hommage à "la foi profonde, l'éthique et l'humanisme" du cinéaste. Le père de Lokman Slim était un Libanais de confession chiite et sa mère est une Egyptienne chrétienne.
Plusieurs figures politiques étaient également présentes aux funérailles, notamment les ex-députés Michel Moawad et Ahmad Fatfat, ainsi que Salim Sayegh (Kataëb).
Lokman Slim a été retrouvé mort le 4 février dernier au Liban-Sud après avoir été porté disparu depuis la veille au soir, lorsqu’il était sorti du domicile de l’un de ses amis dans le village de Niha en soirée, et sa famille avait perdu tout contact avec lui. Son corps atteint de plusieurs balles avait été retrouvé dans une voiture de location, près de la localité de Touffahta dans le caza de Zahrani.
La victime était régulièrement la cible de menaces de la part de partisans du Hezbollah et du mouvement chiite Amal, mais refusait de s'y plier et continuait de vivre dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah. Son assassinat a choqué le pays et fait craindre un retour aux assassinats politiques comme durant la période allant de 2004 à 2013.
Un rassemblement à sa mémoire s'est également tenu à Paris en cours d'après-midi, place de la Sorbonne, où des dizaines de personnes se sont recueillies. Certaines d'entre elles portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Zéro Peur", le slogan lancé par la veuve de Lokman Slim, Monika Borgmann, il y a quelques jours. Plusieurs sit-in en hommage à Lokman Slim ont déjà été organisés ces derniers jours à Beyrouth.
commentaires (5)
"Les ambassadeurs allemand et américain réitèrent leur appel à une enquête transparente"., autrement dit non-libanaise. Mais voyons! Vous devez bien savoir qu'une telle enquête risquerait de "noyer la vérité "!
Yves Prevost
17 h 48, le 11 février 2021