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Politique - Décryptage

Macron bientôt à Riyad : les relations entre Hariri et MBS au menu des entretiens

Tous les yeux sont actuellement tournés vers le discours que doit prononcer dimanche le président du Conseil désigné Saad Hariri à l’occasion de la seizième commémoration de l’assassinat de son père, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005. D’autant que ce discours devrait donner des indications sur la récente tournée arabo-occidentale qui l’a mené du Caire à Abou Dhabi jusqu’à Paris et peut-être à Ankara, tout en dévoilant ses intentions au sujet de la formation du gouvernement. Ce dossier est en effet gelé depuis le 23 décembre 2020, date de la dernière rencontre entre Michel Aoun et Saad Hariri. Il y a eu entre-temps la diffusion de la vidéo qui montrait l’extrait d’une conversation entre le chef de l’État et le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, dans laquelle le premier avait estimé que Saad Hariri avait menti. Il y a eu aussi la guerre des communiqués entre, d’un côté, la présidence de la République et le Courant patriotique libre et, de l’autre, le courant du Futur, qui semblait essentiellement destinée à remplir un temps mort... dans l’attente d’un événement quelconque qui faciliterait un déblocage.

En principe, et selon des déclarations répétées du président de la Chambre, Nabih Berry, le blocage gouvernemental serait essentiellement interne et il se résumerait à une grave crise de confiance entre Aoun et Hariri. Il y a certainement du vrai dans cette affirmation, mais si le blocage n’était dû qu’à des raisons internes, pourquoi le président du Conseil désigné se rendrait-il dans toutes ces capitales arabes, régionales et européennes dans l’espoir de provoquer une percée ? Les proches du courant du Futur expliquent que Saad Hariri souhaite sonder les dirigeants arabes et européens, en particulier français, à cause de l’initiative qu’ils ont lancée pour sortir le Liban de l’impasse dans l’espoir qu’ils appuient sa propre position et favorisent une reprise de contact entre lui et Michel Aoun, « tout en poussant ce dernier à renoncer à ses conditions dans le choix des ministres chrétiens ». Cela peut paraître étrange de faire appel à un chef d’État étranger pour pousser deux responsables libanais à parler entre eux, surtout d’un sujet aussi délicat et dans une période aussi critique pour le pays. Mais au Liban, tout est possible.

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En même temps, il y a probablement un autre objectif recherché à travers les contacts étrangers de M. Hariri. Selon une source diplomatique européenne, s’il est certain que le volet interne occupe une place importante dans le blocage gouvernemental actuel, il ne constitue toutefois pas la seule entrave. Toujours selon la même source, les contacts entrepris par le Premier ministre désigné en Égypte et aux Émirats arabes unis visaient non seulement à expliquer sa propre position, mais aussi à demander aux dirigeants de ces pays d’intercéder en sa faveur auprès des autorités saoudiennes, et en particulier de l’héritier du trône, le prince Mohammad ben Salmane (MBS). En effet, en dépit de ses efforts en ce sens et des déclarations publiques qui affirment que les relations entre l’émir ben Salmane et M. Hariri se sont normalisées après l’épisode de la démission de 2017, ce dernier ne bénéficie pas aujourd’hui d’un appui saoudien clair dans la formation du gouvernement et dans tous les autres dossiers libanais. À tous ceux qui les ont sollicités, les dirigeants saoudiens n’ont pas caché leur manque d’intérêt pour le Liban, surtout depuis que, selon eux, le Hezbollah y est devenu aussi puissant. Or, sans l’appui saoudien, qui est traditionnellement un des points de force de la communauté sunnite au Liban, Saad Hariri se sent défavorisé face à ses rivaux ou adversaires locaux. Selon la source précitée, il aurait donc tenté de frapper à la porte des Égyptiens et des Émiratis qui ont d’excellentes relations avec les dirigeants saoudiens. Mais la réponse saoudienne était toujours la même : le Liban ne fait pas actuellement partie de nos priorités, et tant que le Hezbollah y est aussi puissant, nous n’avons pas l’intention d’y intervenir de quelque façon que ce soit. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a d’ailleurs fait récemment une déclaration publique en ce sens. En plus des multiples problèmes auxquels doit faire face le président du Conseil désigné, il faut donc ajouter le handicap que constitue pour lui le manque d’intérêt saoudien pour le Liban. Il s’est donc rendu en France pour solliciter l’aide du président français Emmanuel Macron qui devrait se rendre à Riyad à la fin de ce mois. Le président français, qui s’implique beaucoup dans le dossier libanais, a déjà évoqué ces questions avec MBS. Il l’a lui-même affirmé lors de la conférence de presse tenue à Beyrouth le 1er septembre 2020. Mais les bonnes dispositions annoncées ne se sont pas traduites concrètement, et le processus de formation du gouvernement évolue dans le même cercle vicieux. Toujours selon la source diplomatique européenne, le président français devrait évoquer avec ses interlocuteurs saoudiens plusieurs dossiers, notamment le retour à l’accord sur le nucléaire iranien en y incluant désormais l’Arabie saoudite. Selon la même source, cela ne devrait pas être facile de pousser les Iraniens à accepter cette proposition, même si les Saoudiens envoient depuis quelque temps des signes positifs à l’Iran. Par contre, toujours selon la même source, ils ne veulent rien entendre au sujet du Liban. La mission d’Emmanuel Macron ne devrait donc pas être facile. Toutefois, selon la source diplomatique précitée, si la situation dans la région, et entre les États-Unis, l’Europe et l’Iran, évoluait dans un sens positif, il se pourrait bien que les dossiers conflictuels se débloquent l’un après l’autre...

Tous les yeux sont actuellement tournés vers le discours que doit prononcer dimanche le président du Conseil désigné Saad Hariri à l’occasion de la seizième commémoration de l’assassinat de son père, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005. D’autant que ce discours devrait donner des indications sur la récente tournée arabo-occidentale qui l’a mené du...

commentaires (5)

Que l’on soit d’accord ou pas, les articles de Mme Haddad sont intéressants

Citoyen Lambda

09 h 48, le 11 février 2021

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Commentaires (5)

  • Que l’on soit d’accord ou pas, les articles de Mme Haddad sont intéressants

    Citoyen Lambda

    09 h 48, le 11 février 2021

  • Des revelations interessantes de mme haddad ..

    nabil zorkot

    09 h 07, le 11 février 2021

  • Selon mes sources, cet article est de la pure fantaisie destiné à discréditer une fois de plus Saad Hariri qui certes a beaucoup de choses à se reprocher mais ne fait pas l’objet de sanctions de la part du Tresor Americain pour corruption comme d’autres personnes citées dans cet article. Selon ces mêmes sources, il est étonnant que l’auteure de l’article passe sous silence l’assassinat de Lokman Slim. Sans doute que ses sources réfléchissent encore à une entourloupe pour trouver le coupable idéal à designer

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 50, le 11 février 2021

  • C’est bien débloquer mais dans quelle sens ?’ Et surtout pour qu’elle vie sociale ?!

    Bery tus

    06 h 32, le 11 février 2021

  • Il n’y pas de conclusion?

    Zovighian Michel

    03 h 41, le 11 février 2021

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