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Société - Communautés

Tensions politiques en vue des élections du Conseil supérieur grec-catholique

Le patriarche Absi vient d’annoncer que le scrutin aura lieu à temps, malgré les restrictions dues à la pandémie, non sans évoquer la nécessité de « ne pas aborder la mission de cette institution avec une mentalité et des méthodes politiques ».

Tensions politiques en vue des élections du Conseil supérieur grec-catholique

Le patriarche grec-catholique Youssef Absi. Photo ANI

Les élections du conseil exécutif du Conseil supérieur grec-catholique melkite, dont le mandat est arrivé à expiration le 8 novembre dernier, prennent décidément une tournure politique. Des dissensions profondes, notamment autour du poste très convoité de vice-président du conseil (un poste laïc), font surface ces derniers temps. Ce qui expliquerait le ton plutôt alarmiste du communiqué publié hier par le patriarche grec-catholique Youssef Absi, dans lequel il annonce que le scrutin aura lieu le 3 mars, au plus tard le 17 si le quorum n’est pas atteint la première fois.

Dans ce communiqué, le patriarche tient des propos assez énigmatiques, estimant que « ce Conseil supérieur est une création ecclésiastique et non politique, du fait de la présence et de la participation d’évêques et d’ordres religieux en son sein, d’où le fait qu’il convient de ne pas aborder sa mission avec une mentalité et des méthodes politiques ». « Ce qui se déroule actuellement est étranger au Conseil supérieur et contraire à sa mission et à son esprit, poursuit-il. Il faudrait aujourd’hui aider le patriarche à aborder efficacement la situation par laquelle passe le Liban, au lieu de se disputer des postes, au point d’en arriver à se haïr. »

Mgr Absi ajoute : « La question qu’il faudrait se poser est la suivante : est-il ou non de l’intérêt des fils de cette communauté et du Liban d’avoir un conseil actif ? Si la réponse est oui, il faudrait œuvrer pour que le Conseil supérieur soit opérationnel au plus tôt, en surmontant tous les obstacles. »

De quelles dissensions parle le patriarche ? Selon des sources concordantes, il s’agit de tiraillements autour du poste de vice-président, occupé depuis deux mandats par l’ancien ministre et député de Beyrouth Michel Pharaon (qui ne peut briguer un troisième mandat suivant le règlement interne de cette institution). Il semble que l’on se dirige vers une candidature de Salim Jreissati, ancien ministre et conseiller actuel du président de la République Michel Aoun. En face, on parle aussi d’une candidature de Salim Wardé, ancien ministre nommé par les Forces libanaises, mais qui se revendique aujourd’hui comme indépendant. Serait-on donc face à un duel qui répercuterait la rivalité entre deux grandes forces politiques « chrétiennes », et cela expliquerait-il la crainte exprimée par le patriarche ?

Sollicité par L’Orient-Le Jour, M. Jreissati a catégoriquement refusé de se prononcer sur la question, ne confirmant ni infirmant sa candidature. Pour sa part, l’actuel vice-président, Michel Pharaon, affirme à notre journal que « ce poste est traditionnellement réservé à une personnalité qui jouit d’une légitimité, mais qui n’a pas de coloration politique flagrante ». Celle-ci doit, selon lui, être naturellement « soutenue par une majorité au sein du collège électoral de quarante personnes ». Il assure qu’il ne soutiendrait pas une personnalité « si elle ne jouit pas d’une marge d’indépendance ». L’ancien député certifie cependant que les dissensions politiques au sein du haut conseil, qui est « la voix de la communauté » selon lui, ne sont pas nouvelles et resurgissent à chaque rédaction d’un communiqué politique, dans lequel le vice-président doit jouer un rôle d’arbitre.

Pourquoi Zahlé ?

M. Pharaon fait mention d’un autre facteur qui marque ce scrutin, relatif à une « tradition » qui se perpétue depuis la création de ce Conseil supérieur : celle de l’alternance, à ce poste de vice-président laïc, de personnalités de Beyrouth et de Zahlé (chef-lieu de la Békaa et fief de cette communauté). Or M. Pharaon étant originaire de Beyrouth, les membres de Zahlé estiment que le prochain élu devrait être originaire de la ville. Le député de Zahlé, Georges Okaïs, du groupe parlementaire des Forces libanaises, confirme cette tradition, dans un entretien avec L’OLJ.

« Les conflits politiques ne sont étrangers à aucun scrutin, il ne faut donc pas s’en étonner, étant donné les regrettables rivalités entre forces politiques chrétiennes dans le pays, dit-il. (L’ancien ministre) Melhem Riachi et moi-même avons essayé de sortir le Conseil supérieur de ce schéma en proposant d’annuler le poste de vice-président, afin que cette institution soit consacrée aux compétences au sein de la communauté, et que les politiques s’affrontent dans d’autres arènes. Mais cela a été rejeté. »

Georges Okaïs n’exclut pas un scénario de face-à-face entre MM. Jreissati et Wardé. « Malgré sa coloration politique affichée, M. Jreissati a le doit de présenter sa candidature, et nous avons le droit de nous opposer à lui, poursuit-il. Pour ma part, je préférerais qu’une personnalité rassembleuse de Zahlé soit candidate, et que tout ce duel soit évité. Mais si la bataille devait avoir lieu, qu’elle soit démocratique. »

Ces tensions politiques poussent certaines voix à s’élever pour demander le report des élections, surtout dans le contexte actuel de pandémie. Le patriarche Absi, qui réside à Damas, leur répond indirectement dans son communiqué quand il assure que la loi 212, qui a prolongé les délais dans certains domaines pour cause de pandémie, n’empêche pas l’organisation d’élections au sein des associations, soulignant que « les précautions d’usage seront prises » et n’excluant pas « le recours au vote en ligne si les circonstances nous y contraignent, une expérience déjà tentée avec succès par d’autres ». De son côté, Michel Pharaon ne se dit pas hostile à la tenue des élections dans les délais, mais demande que soit consulté le comité juridique du conseil.

Les élections du conseil exécutif du Conseil supérieur grec-catholique melkite, dont le mandat est arrivé à expiration le 8 novembre dernier, prennent décidément une tournure politique. Des dissensions profondes, notamment autour du poste très convoité de vice-président du conseil (un poste laïc), font surface ces derniers temps. Ce qui expliquerait le ton plutôt alarmiste du...

commentaires (5)

LA POLITIQUE S,IMMISCE DANS LES RELIGIONS ET LES RELIGIONS DANS LA POLITIQUE. UNE SPECIALITE PRESQUE EXCLUSIVEMENT LIBANAISE.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 18, le 03 février 2021

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Commentaires (5)

  • LA POLITIQUE S,IMMISCE DANS LES RELIGIONS ET LES RELIGIONS DANS LA POLITIQUE. UNE SPECIALITE PRESQUE EXCLUSIVEMENT LIBANAISE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 18, le 03 février 2021

  • La religion Chrétienne a beaucoup de confession , c'est un problème

    Eleni Caridopoulou

    17 h 21, le 03 février 2021

  • il ne manquait plus que jreissati raspoutine soit elu a ce poste ! la vraiment ce serait le comble ! PS. mais au fait en quoi cela serait il surprenant hein dites ? au pays des cedres morts tout est admis, meme RASPOUTINE !

    Gaby SIOUFI

    10 h 18, le 03 février 2021

  • Vraiment ils nous soûlent avec leurs querelles de gamin... Y a pas vraiment un catholique au Liban autre que ces deux mauviettes pour postuler?

    Fadi Chami

    06 h 53, le 03 février 2021

  • Étant de cette "communauté" que nous souhaiterions être Catholique d'abord, Grecque Melkite ensuite, il me semble que ce poste de "vice président" est devenu obsolète. Le rôle premier de notre petite église élitiste (inutile de faire l'inventaire des intellectuels, industriels, banquiers de cette communauté d'élite au sein du "monde arabe" et francophone) de deux millions d'âmes (la moitié dispersée dans tous les pays du Machreb, l'autre ailleurs dans le monde principalement en francophonie) est d'abord de rapprocher les églises orthodoxes (dont nous avons conserver l'essentiel des rites) de l'Eglise Universelle (pour laquelle nous reconnaissons le primat du successeur de Pierre) mais aussi de témoigner de la VÉRITÉ et de la bonne nouvelle auprès des autres, musulmans, juifs, agnostiques, païens,... La question est donc de savoir si cette institution ne préfère pas laisser la pseudo politique libanaise, cette sorte de babaganouche odieux, aux politiques qui sont de toutes façons de tous bords et pas toujours très catholiques, tout en préservant la dimension spirituelle de cette "communauté" très particulière plutôt que de s'embourber dans les politiques libanaises, syriennes et autres douteuses, versatiles et stupides. Nous n'avons ni besoin d'émir, ni besoin d'imiter les autres, d'autant plus que notre spécificité fait que nous sommes cette communauté aux milles émirs, des "maleks"; ce qui pouvait être un sobriquet désignant notre fidélité à Byzance est devenu un titre.

    Nicolas ZAHAR

    06 h 30, le 03 février 2021

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