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Politique - Gouvernement

Le Hezbollah préfère attendre d’y voir un peu plus clair

Saad Hariri est attendu aujourd’hui en Égypte pour un entretien avec Abdel Fattah al-Sissi.

Le Hezbollah préfère attendre d’y voir un peu plus clair

Saad Hariri rencontrant le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, au Caire le 21 novembre 2017. Photo Dalati et Nohra

Le président de la Chambre, Nabih Berry, savait bien ce qu’il faisait en publiant, lundi, un communiqué pour annoncer solennellement qu’aucun camp politique ne devrait détenir le tiers de blocage au sein du gouvernement et renvoyer, par la même, la balle dans le camp du tandem CPL-Baabda. Ce sont des messages multiples qu’il a adressés dans plusieurs directions, locales et internationales, à travers cette déclaration, laquelle a été surtout expliquée comme une critique à peine voilée de Nabih Berry – favorable à un gouvernement dirigé par Saad Hariri – au président Michel Aoun, à qui certains attribuent la volonté de chercher à se débarrasser du Premier ministre désigné, et à son gendre, le chef du CPL, Gebran Bassil, qui serait dans le même état d’esprit. Mais il n’y a pas que cette explication. Le communiqué de Aïn el-Tiné a aussi une autre vocation, celle d’affirmer l’attachement de son auteur à la présence de Saad Hariri à la tête du gouvernement et de montrer que le tandem Amal-Hezbollah se lave les mains de la paralysie actuelle, en attendant d’y voir un peu plus clair au niveau régional et international. Ce, surtout, après l’investiture du président américain, Joe Biden, et la volonté réaffirmée de la France de dynamiser son initiative en faveur du Liban.Qu’attend au juste le tandem Amal-Hezbollah et plus précisément le Hezbollah ?

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Fayçal Abdel Sater, analyste proche du Hezbollah, affirme que contrairement à de nombreuses analyses et spéculations faites dans ce sens, le parti de Hassan Nasrallah ne mise pas sur le succès des négociations américano-iraniennes. Il reconnaît toutefois qu’un tel dénouement aurait des retombées positives sur la scène locale. « Mais cela exige du temps, surtout qu’Israël envoie d’importants messages à l’administration américaine en Syrie », prévient-il. « Je crois que le Hezbollah attend une action française sérieuse qui aboutirait à la mise sur pied du cabinet », estime l’analyste. En d’autres termes, la formation chiite souhaite voir ce que propose le président français qui n’a pas caché sa volonté de revoir les critères qu’il avait posés pour la mise en place d’un cabinet de mission. Parrainé par le président français, Emmanuel Macron, le plan de sauvetage, au cœur de l’initiative française, prévoyait surtout la formation d’un cabinet de technocrates, capable de mettre sur les rails les réformes structurelles exigées par la communauté internationale afin de débloquer les aides promises au pays du Cèdre. S’exprimant devant la presse arabe et internationale vendredi dernier, M. Macron avait clairement réitéré son engagement à résoudre la crise politique au Liban. À travers la redynamisation de son initiative moins de deux semaines après l’investiture de M. Biden, Paris semble vouloir profiter du climat optimiste quant à de nouvelles négociations entre Téhéran et la communauté internationale au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien. Des tractations auxquelles Emmanuel Macron avait déclaré vouloir associer l’Arabie saoudite et le reste des monarchies du Golfe.

Une crise de confiance

Fayçal Abdel Sater insiste sur le fait que le problème réside essentiellement aujourd’hui dans la crise de confiance entre le chef de l’État et le Premier ministre désigné. C’est d’ailleurs par ce tout dernier point seulement que le Hezbollah s’efforce de justifier le surplace gouvernemental. « Aujourd’hui, la priorité devrait être la résolution de la crise de confiance entre Michel Aoun et Saad Hariri », déclare à L’OLJ un proche de la formation chiite. « Nous voulons que les deux hommes puissent établir un premier contact par téléphone, afin de se rencontrer dans une deuxième étape, et de s’entendre sur la formation du cabinet. Mais nos efforts n’ont toujours pas abouti », déplore ce proche du Hezbollah. Cette attitude du parti chiite, Joseph Bahout, directeur de l’Institut Issam Farès à l’Université américaine de Beyrouth, l’explique par le fait que le Hezbollah préfère observer les tensions politiques monter entre Michel Aoun et Saad Hariri, en attendant le début des négociations entre Washington et Téhéran. « Mais cela ne s’opérera pas avant deux mois au moins. Entre-temps, le blocage est appelé à durer », prévient-il. Même son de cloche chez Sami Nader, analyste politique, qui estime que le Hezbollah est au centre du blocage gouvernemental. « Pour faciliter la formation de la nouvelle équipe ministérielle, le Hezbollah devrait commencer par distancier la question libanaise des dossiers régionaux », dit-il, rappelant que les Américains s’attendent à ce que l’Iran fasse preuve de bonne volonté avant de lancer les négociations.

Hariri au Caire

Un autre analyste contacté par L’Orient-Le Jour, mais qui a requis l’anonymat, fait état de « signaux positifs » que le Hezbollah a captés et dont le Liban devrait profiter, en référence à la relance de l’initiative française en faveur du Liban. « Les Américains semblent favorables aux efforts français pour débloquer le dossier libanais », commente à son tour pour L’OLJ une source diplomatique française, qui fait savoir que les contacts français devraient s’intensifier dans les prochaines semaines avec les acteurs concernés par le dossier gouvernemental, y compris le Hezbollah. Sur le plan strictement local, le blocage reste entier. Preuve en est, la nouvelle attaque lancée par le bloc parlementaire aouniste contre le Premier ministre désigné, mais aussi contre le chef du législatif. Réagissant à la position que Nabih Berry avait exprimée lundi, le groupe a dénoncé « une campagne orchestrée visant à imputer au président de la République et au bloc du Liban fort la responsabilité de la crise actuelle », comme on peut lire dans un communiqué publié hier par le groupe.

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Une percée sécuritaire à résonance politique

C’est dans ce contexte de crispation que le Premier ministre désigné, qui campe sur sa position articulée autour de la formation d’un cabinet restreint de 18 ministres, s’envole pour le Caire, selon notre chroniqueur politique, Mounir Rabih. Saad Hariri qui s’est déjà rendu en Turquie et aux Émirats arabes unis et dont on dit qu’il attend qu’on lui fixe un rendez-vous à l’Élysée, pour s’entretenir avec le président français, Emmanuel Macron, de la question du gouvernement, sera reçu aujourd’hui par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, pour des discussions centrées sur le blocage au Liban.Ce déplacement intervient à l’heure où l’Égypte s’active dans le sens d’un déblocage de la crise politique, comme l’ont démontré les propos forts de l’ambassadeur d’Égypte à Beyrouth, Yasser Alaoui, à l’issue d’une rencontre avec le patriarche maronite, Béchara Raï, à Bkerké le 21 janvier dernier. Il avait déploré le vide gouvernemental, appelant au strict respect de la Constitution.

Le président de la Chambre, Nabih Berry, savait bien ce qu’il faisait en publiant, lundi, un communiqué pour annoncer solennellement qu’aucun camp politique ne devrait détenir le tiers de blocage au sein du gouvernement et renvoyer, par la même, la balle dans le camp du tandem CPL-Baabda. Ce sont des messages multiples qu’il a adressés dans plusieurs directions, locales et...

commentaires (12)

Le Hezbollah préfère attendre d’y voir un peu plus clair ! Ils vont mettre des lunettes pour écouter comme ca sent bon !

PROFIL BAS

19 h 17, le 04 février 2021

Tous les commentaires

Commentaires (12)

  • Le Hezbollah préfère attendre d’y voir un peu plus clair ! Ils vont mettre des lunettes pour écouter comme ca sent bon !

    PROFIL BAS

    19 h 17, le 04 février 2021

  • Ila attendent...comme ils le font depuis maintenant 30 ans. Le clientélisme les aide beaucoup puisqu’ils se sentent soutenus par une partie du peuple libanais qui a mangé et qui continue à manger à leurs râteliers. Je ne vais pas répéter ce que vous avez déjà écrit mais je voudrais rajouter que l’incompétence de nos politiques et leur étroitesse d’esprit sont aussi des facteurs aggravants. Bonne journée

    mokpo

    08 h 02, le 04 février 2021

  • ERRATUM,, prière de lire : leur intérêt EST le contraire au lieu de : et le contraire . Pour que ça SOIT le cas au lieu que ça SOI le cas Merci d’avance à la modération de bien vouloir publier cet ERRATUM

    Le Point du Jour.

    22 h 31, le 03 février 2021

  • Ils se complaisent dans l’attentisme et le Pays sombre dans la misère. Pendant qu’ils roulent carrosse le peuple est en moto-pieds. Ils ne manquent de rien et le peuple manque de tout, ils ont raison puisque le Maaléshe’shi (ça ne fait rien dans le sens ce n’est pas grave) est dans les habitudes ambiantes, ce qui nous tue les conforte, ce qui nous appauvrit les enrichis, ce qui nous affame les rassasie, leur intérêt et le contraire de celui du peuple. A ce tarif-là pourquoi voulez-vous qu’ils se dépêchent et se démènent contre leurs propres intérêts? Ils appliquent à merveille le proverbe qui dit : charité bien ordonnée commence par soi-même. Et eux rajoutent : et que le peuple crève, en tous cas s’ils ne le disent pas, ils font tout pour que ça soi le cas …

    Le Point du Jour.

    19 h 32, le 03 février 2021

  • Le Hezbollah a mis le bordel et maintenant il se lave les mains , il attend les ordres des Ayattollah ????

    Eleni Caridopoulou

    16 h 58, le 03 février 2021

  • Puisque nos chers politiciens ne savent faire qu'une chose: attendre pour voir ce qui se passe partout dans le monde avant de prendre des décisions...Pourquoi ne pas créer un seul bureau dont le travail serait...d'attendre et voir ? Nous économiserons ainsi de nombreux frais: salaires, entretien de leurs résidences, frais de représentation, café et boissons, chocolats et douceurs, fleurs, etc., etc. ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 18, le 03 février 2021

  • Merci de ne pas avoir publié mon commentaire...qui n'est pourtant pas plus "salé" que les autres apparaissant dans cette rubrique ce matin ! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 56, le 03 février 2021

  • BLOCAGE : BEAU-PERE ET GENDRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 24, le 03 février 2021

  • Dire que le sort du pays est suspendu et attend le bon vouloir des mafieux pour décider qui de l’un ou de l’autre aura le dernier mot et les mains libres pour continuer le saccage et la destruction de ce pays est affligeant. Nous avons le choix entre un gâteux, un sanguinaire et une marionnette qui prétend vouloir former un gouvernement fonctionnel en commençant par placer dans des postes clés des pions à la solde de l’Iran. Allez comprendre quelque chose dans ce mic mac. En attendant, des libanais meurent et d’autres sont massacrés par les FSI qui, parce qu’ils veulent savoir qui est à l’origine de l’assassinat de leurs proches dans le cataclysme maquillé en accident qui, ceux qui veulent savoir qui a tué leurs proches devant chez eux ou pire encore chez eux toujours avec une scène accidentelle qui, ceux qui se révoltent contre la faim et la dictature et sont empêchés par la barbarie pour faire régner l’ordre qui n’en est un. Mais libanais continuent à faire comme si tout allait bien et qu’un jour le problème trouvera une solution par lui même. C’est croire que la poule aura un jour des dents, mais qu’importe personne ne veut se mouiller pour voir un jour ce pays libéré et souverain. Bon courage pour la suite car les autres pays se sont chargés de trouver une solution qui leur convient et tant pis pour les citoyens libanais qui n’ont rien fait pour empêcher que cela arrive. Interdiction de pleurer dans les chaumières nous avons eu tout le temps pour réagir, mais rien...

    Sissi zayyat

    10 h 37, le 03 février 2021

  • c'est ca ! hezb attend d'y voir plus clair ! plus clair que quoi et que qui ? Hezb sait tres bien ce qu'il fait aujourd'hui comme il l'a su hier et ce qu'il a faire apres demain . facile pour lui puisque tout KELLON l'admet !

    Gaby SIOUFI

    10 h 32, le 03 février 2021

  • Il y a une grande illusion, entretenue par les politiques et la presse, selon laquelle le pays rentre dans les comptes politiques des grands et s'invite dans les calculs et les discussions internationale. Au point où nous en sommes, il serait permis de croire que ce n'est pas le cas. La France essaie de faire quelque chose, mais ça reste négligeable par rapport à la quantité de souffrance affligée par les enfants du pays à la population depuis plusieurs générations déjà. Le salut ne viendra que par la baisse de la rancune interne.

    Shou fi

    08 h 37, le 03 février 2021

  • C'est gonflant. Que ces incompétents nous fassent signe lorsqu'ils auront vu plus clair. En tout cas pour nous c'est très clair : ils n'en ont rien à cirer de la situation, ce ne sont pas eux qui souffrent au quotidien, cette paralysie ne les affecte pas. Ils sont là à attendre des échéances qu'ils s'inventent jour après jour, des relations internationales utopiques et qu'un pigeon vienne faire le boulot à leur place. Pourra-t-on un jour juger toute cette racaille ?

    Robert Malek

    01 h 04, le 03 février 2021

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