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Société - Covid-19

Le variant britannique de plus en plus perceptible au Liban

Un séquençage du virus à plus grande échelle doit être effectué pour confirmer si la nouvelle souche est dominante dans le pays.

Le variant britannique de plus en plus perceptible au Liban

Sur 66 cas diagnostiqués entre le 30 décembre et le 8 janvier au Centre médical universitaire - hôpital Saint-Georges, 38 contaminations sont causées par la souche britannique/sud-africaine. Photo Marc Fayad

La souche britannique serait-elle à l’origine de la hausse vertigineuse depuis fin décembre du nombre quotidien des contaminations au coronavirus et des décès des suites du Covid-19 ? Depuis quelque temps, et notamment depuis le week-end écoulé, cette question taraude les esprits. En cause, des tweets du Dr Eid Azar, spécialiste de maladies infectieuses au Centre médical universitaire – hôpital Saint-Georges, et du Dr Firas Abiad, directeur de l’hôpital gouvernemental universitaire Rafic Hariri, ainsi que de Petra Khoury, coprésidente de la Commission nationale chargée du suivi du Covid-19.

Sur son compte Twitter, le Dr Azar a ainsi déclaré que 57 % des cas de Covid-19 (38 sur 66 cas diagnostiqués entre le 30 décembre et le 8 janvier) dans l’établissement sanitaire au sein duquel il exerce sont causés par la souche britannique/sud-africaine (N501Y). « Quatre cas supplémentaires liés au vison danois ont été enregistrés aussi », s’est-il également inquiété. Le Danemark avait en fin d’année dernière abattu et enfoui dans l’urgence quinze millions de visons afin de combattre une mutation problématique du coronavirus.

De son côté, le Dr Abiad avait déclaré samedi que « la propagation de nouveaux variants du virus au Liban était attendue », soulignant toutefois que « les informations en provenance du Royaume-Uni, indiquant que certains variants sont plus mortels que les autres », sont plus inquiétantes. Le Dr Abiad faisait référence à une déclaration récente du Premier ministre britannique Boris Johnson qui avait souligné que le variant britannique, plus contagieux, semblerait être également plus mortel.

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Même son de cloche chez Petra Khoury qui a signalé dans une série de tweets que « contrairement aux virus de la grippe qui mettent des années à évoluer, le dernier coronavirus est en train de muter rapidement, de quelques semaines à quelques mois ». Elle a souligné que si sa propagation n’était pas freinée rapidement, il pourrait échapper « à l’immunité naturelle », mais aussi à celle procurée par le vaccin. Elle fait ainsi remarquer que « malgré le bouclage strict, 70 % des nouveaux cas détectés au Danemark sont dus à la nouvelle souche ». « Selon les experts danois, les cas pourraient quadrupler d’ici à début avril malgré le bouclage », a-t-elle ajouté, insistant sur l’importance de continuer à « effectuer des tests de dépistage, à retracer les cas et à les isoler pour au moins un an encore », et à respecter les mesures de prévention.

Taux stable de mortalité

Atika Berry, chef du département de la médecine préventive au ministère de la Santé, se veut rassurante. « Depuis trois mois, le pays enregistre 7,7 à 8 décès par mille contaminations, dit-elle à L’Orient-Le Jour. D’ailleurs, le Liban figure au nombre des pays qui ont le moins de décès dus au Covid-19. » Elle explique dans ce cadre que « d’un point de vue épidémiologique, le taux de mortalité est calculé en se basant sur le nombre cumulé des décès et des contaminations, et non pas sur les chiffres bruts du jour, puisque les personnes qui décèdent n’ont pas été testées le jour même pour le Covid-19, mais bien avant ». « Nous continuerons à surveiller la mortalité » pour voir l’impact de la nouvelle souche, assure-t-elle.

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La Dr Berry rappelle que la souche britannique a été détectée pour la première fois « en septembre, mais ce n’est que vers la mi-décembre qu’on a commencé à en parler ». « Ce nouveau variant circule certainement dans le monde, y compris au Liban, parce que depuis septembre, les gens continuaient de se déplacer et de voyager librement, constate-t-elle. En tant que ministère, nous sommes en train de récolter des échantillons randomisés de sites sentinelles pour les faire analyser à l’étranger. Cela permettra de savoir à quel point le nouveau variant est répandu dans le pays. Quoi qu’il en soit, les résultats de ces analyses n’influeront pas sur la stratégie nationale de réponse à l’épidémie, ni sur la surveillance épidémiologique, le traçage des cas ou le traitement. Les mesures de prévention doivent rester de mise. »

Rassemblements ou nouveau variant ?

« Une possible dissémination du variant britannique dans la collectivité pourrait être une explication des chiffres effroyables de nouvelles contaminations enregistrés au quotidien depuis fin décembre », selon une source proche de la Commission nationale chargée du suivi du Covid-19. De fait, depuis trois semaines, le pays enregistre une hausse vertigineuse de la courbe des contaminations avec en moyenne 5 000 cas enregistrés au quotidien. Le week-end écoulé, 102 décès (52 samedi et 50 dimanche) et 7 186 nouvelles contaminations (4 176 samedi et 3 010 dimanche) ont été signalés, faisant porter à 22 % le taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués pour les deux dernières semaines. Selon le bilan quotidien du ministère, le chiffre cumulé de cas depuis la détection de la première contamination en février 2020 s’élève désormais à 279 597, au nombre desquels 2 340 décès et 165 729 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 2 368 personnes sont hospitalisées, dont 913 en soins intensifs.

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« Deux autres pays connaissent une importante hausse quotidienne des cas de Covid-19, et ce malgré le bouclage qui y est observé, poursuit-on dans les mêmes milieux. Il s’agit d’Israël, qui a enregistré en dix jours 105 000 nouvelles contaminations, contre 65 000 au Liban sur la même période. Idem pour le Portugal qui a enregistré en dix jours 165 000 nouveaux cas. Cette hausse des cas est due soit au nouveau variant, soit aux rassemblements, puisque, dans ces trois pays, des réunions familiales ont été prévues à l’occasion des fêtes religieuses de fin d’année, sachant que tant en Israël qu’au Portugal, le variant britannique a été détecté. »

Selon cette source, il faut faire un séquençage à grande échelle du virus pour pouvoir confirmer si la souche britannique est désormais dominante dans le pays. « Mais le Liban n’a pas les moyens techniques pour le faire à grande échelle, des échantillons devant être envoyés à l’étranger », indique-t-elle.

Les nouvelles directives à l’arrivée à l’AIB : isolement à domicile plutôt qu’à l’hôtel

La direction générale de l’Aviation civile a annoncé hier un amendement des procédures à suivre pour les passagers arrivant à l’Aéroport international de Beyrouth. Désormais, la période d’isolement que ces derniers devaient observer à l’hôtel pour une durée de 72 heures, le temps que le résultat du PCR effectué à l’arrivée leur soit communiqué, est remplacée par un isolement à domicile.

Cette mesure sera appliquée à partir du mercredi 27 janvier, a annoncé l’administration dans un communiqué, soulignant que le respect de cette quarantaine sera surveillé par les autorités municipales, en coopération avec le ministère de la Santé et une application mobile spécifique qui sera développée à ces fins. Aucune précision sur la durée de cette quarantaine à domicile n’a été donnée.

L’Aviation civile explique que cette décision a été prise étant donné le faible taux de contamination au coronavirus des passagers arrivant à l’AIB, qui ne dépasse pas les huit pour mille, « soit douze cas par jour, ce qui est considéré comme très limité par rapport au nombre de contaminations enregistrées parmi les personnes résidant au Liban ».

Toutes les autres dispositions concernant l’arrivée des passagers à Beyrouth resteront inchangées et sont prolongées jusqu’au 27 janvier, ajoute la direction générale. Selon ces mesures, tous les passagers âgés de plus de douze ans doivent présenter lors de l’enregistrement un test PCR négatif émanant de l’un des laboratoires certifiés par les autorités du pays de départ, un test qu’ils devront effectuer 96 heures maximum avant leur arrivée au Liban, sans quoi ils ne seront pas autorisés à embarquer.

La souche britannique serait-elle à l’origine de la hausse vertigineuse depuis fin décembre du nombre quotidien des contaminations au coronavirus et des décès des suites du Covid-19 ? Depuis quelque temps, et notamment depuis le week-end écoulé, cette question taraude les esprits. En cause, des tweets du Dr Eid Azar, spécialiste de maladies infectieuses au Centre médical universitaire...

commentaires (3)

Les tests effectués au Liban détectent-ils les nouveaux variants? Il semblerait que pas...

Joumana Jamhouri

08 h 29, le 25 janvier 2021

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Commentaires (3)

  • Les tests effectués au Liban détectent-ils les nouveaux variants? Il semblerait que pas...

    Joumana Jamhouri

    08 h 29, le 25 janvier 2021

  • "... Le Danemark avait en fin d’année dernière abattu et enfoui dans l’urgence quatre millions de visons ..." - c’est quinze millions, pas quatre. Vérifiez vos sources...

    Gros Gnon

    04 h 52, le 25 janvier 2021

    • Bonjour, Merci pour votre commentaire. L'information a bien été corrigée dans l'article. Cordialement

      L'Orient-Le Jour

      13 h 27, le 25 janvier 2021

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