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Société - Covid-19

Le Parlement donne son feu vert à l’importation en urgence des vaccins

La Chambre adopte une loi protégeant pour deux ans les industries pharmaceutiques. Elle autorise aussi le secteur privé à importer les vaccins.

Le Parlement donne son feu vert à l’importation en urgence des vaccins

Le Parlement réuni hier au palais de l’Unesco, à Beyrouth. Photo Hassan Ibrahim

Le Parlement libanais réuni au palais de l’Unesco a adopté hier à l’unanimité la loi autorisant l’importation et l’inoculation dans l’urgence de vaccins anti-Covid-19. Dans un contexte sanitaire particulièrement difficile qui voit le nombre de nouvelles atteintes au coronavirus exploser au quotidien (6 154 nouveaux cas hier au Liban), une telle loi étudiée et finalisée en un temps record de quatre jours était très attendue. Non seulement les hôpitaux du pays sont saturés et se voient contraints de refuser des patients, mais le nombre de morts augmente inexorablement pour atteindre 1 825 victimes. Alors qu’une bonne cinquantaine de pays ont entamé des campagnes de vaccination massives, le Liban, lui, demeure à la traîne.

La loi « réglementant l’utilisation de médicaments (vaccins) pour lutter contre la pandémie de coronavirus » est indispensable, rappelons-le, pour l’introduction sur le marché libanais, et sous le coup de l’urgence, des médicaments et des vaccins anti-Covid-19. Elle protège les fabricants de vaccins, mais aussi les importateurs et le personnel soignant qui l’administre de toute poursuite judiciaire en cas d’effets secondaires, de maladies ou de décès des personnes inoculées, sauf en cas de fabrication défectueuse.

L'éditorial de Issa GORAIEB

Malédictions en deux maux

« Vu l’urgence sanitaire, les industries pharmaceutiques n’ont pas eu le temps de finaliser les études nécessaires. Elles ont développé leurs vaccins en moins d’un an pour certaines, explique à L’Orient-Le Jour le président du syndicat des importateurs de médicaments, Karim Jebara. Les autorités sanitaires ont donc jugé que les bénéfices des vaccins étaient nettement supérieurs aux éventuels effets secondaires. » D’où la nécessité pour les gouvernements d’adopter une telle loi, condition imposée par les fabricants, et d’assumer eux-mêmes la responsabilité, au besoin.

Deux millions cent mille doses, dans un premier temps

Le feu vert officiel a donc été donné hier à l’importation des vaccins anti-Covid-19 ayant été approuvés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et brevetés par la FDA américaine. Ce qui n’est pas encore valable pour les vaccins russe et chinois.

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« À l’issue d’un contrat entre le ministère de la Santé et le groupe pharmaceutique américano-allemand Pfizer-BioNTech, quelque deux millions cent mille doses seront importées par les autorités libanaises dans la deuxième semaine de février », a promis hier le président de la commission parlementaire de la Santé qui a planché sur la loi, Assem Araji. Présentant les volets de la loi adoptée, le député a expliqué que « le texte protège les industries pharmaceutiques pour une période de deux ans, dans l’attente du brevet définitif ». « La loi préconise de plus la création au sein du ministère des Finances d’une caisse pour l’indemnisation des personnes ayant subi des dommages importants », a-t-il ajouté.

Et comme une bonne nouvelle (même tardive) n’arrive jamais seule, le texte de loi approuvé hier par le Parlement autorise le secteur privé local à importer également des vaccins brevetés. C’est dans ce cadre que le Dr Araji a annoncé l’arrivée au Liban du vaccin AstraZeneca dans le courant du mois de mars, sans plus de précisions. Après avoir été déboutés par le fabricant américain Moderna qui réserve pour l’instant l’essentiel de sa production au marché américain, « les importateurs pharmaceutiques ont déjà lancé les pourparlers avec les laboratoires britanniques AstraZeneca/Oxford et américain Johnson & Johnson pour l’importation de quantités de vaccins », révèle pour sa part Karim Jebara. « En revanche, et dans l’état actuel des choses, je m’attends à ce que toute quantité de vaccins qui vienne au Liban durant les premiers mois soit immédiatement achetée par le ministère de la Santé pour appliquer son plan de vaccination », observe le président du syndicat qui dit se « baser sur ses discussions au ministère de la Santé ». « S’il y a un surplus, les autorités mettront alors des lignes directrices pour la distribution des vaccins par le secteur privé », ajoute M. Jebara.

Deux millions sept cent trente mille doses, par le biais du dispositif Covax

L’adoption de la loi a été saluée par le ministre de la Santé Hamad Hassan, qui est hospitalisé à l’hôpital Saint-Georges à Hadeth, de même que son fils, après avoir été contaminés par le virus. « Je remercie le président du Parlement, les membres de la commission parlementaire de la Santé et la Chambre d’avoir approuvé cette loi qui sécurise les progrès scientifiques pour les Libanais, malgré les circonstances complexes », a-t-il dit dans un tweet.

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À ces avancées s’ajoute la signature, hier, par le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Hassane Diab, et par le chef de l’État, Michel Aoun, du décret permettant le transfert au ministère de la Santé d’un second versement de 26,4 milliards de livres libanaises dédié à la plateforme Covax de l’OMS. Selon les autorités, « le Liban a réservé à travers le dispositif Covax deux millions sept cent trente mille doses supplémentaires de vaccin anti-Covid-19 de plusieurs sociétés internationales ».

Les regards sont à présent tournés sur la stratégie de vaccination du ministère de la Santé. Une stratégie sur laquelle planche le Dr Abdel Rahman Bizri, spécialiste en maladies infectieuses et président de la commission chargée des préparatifs du vaccin anti-Covid-19. Une stratégie qui doit impérativement répondre aux nombreuses interrogations de la population et des soignants.

Le Parlement libanais réuni au palais de l’Unesco a adopté hier à l’unanimité la loi autorisant l’importation et l’inoculation dans l’urgence de vaccins anti-Covid-19. Dans un contexte sanitaire particulièrement difficile qui voit le nombre de nouvelles atteintes au coronavirus exploser au quotidien (6 154 nouveaux cas hier au Liban), une telle loi étudiée et...

commentaires (8)

Il est étonnant de voir leur respect de la hiérarchie au sein de l’état lorsqu’il s’agit de signer des accords pour aider le pays et le peuple. Et comment ils transgressent toutes les lois en passant outre pour acheminer des armes et des produits explosifs pour détruire le pays. Quand ce n’est pas l’envoi des produits de premières nécessités à la Syrie pendant que le peuple libanais manque de tout. Où est l’armée pour aller donner un coup de main aux hôpitaux qui croulent sous le poids de ce virus? Où sont les hôpitaux de campagne reçus par les pays arabes avec les respirateurs que l’armée peut installer et s’en servir pour alléger la souffrance du peuple en attendant l’arrivée du vaccin? Pourquoi l’armée n’est jamais citée pour apporter de l’aide pour la campagne de vaccination? HN ne veut absolument pas l’impliquer dans aucune action patriotique pour accomplir ses devoirs de peur que les libanais la porte haut en estime et réclament sa présence d’une façon permanente. Et le président alors où est son autorité qu’il utilise pour bloquer le pays au lieu de l’imposer pour le sauver?

Sissi zayyat

13 h 38, le 17 janvier 2021

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Commentaires (8)

  • Il est étonnant de voir leur respect de la hiérarchie au sein de l’état lorsqu’il s’agit de signer des accords pour aider le pays et le peuple. Et comment ils transgressent toutes les lois en passant outre pour acheminer des armes et des produits explosifs pour détruire le pays. Quand ce n’est pas l’envoi des produits de premières nécessités à la Syrie pendant que le peuple libanais manque de tout. Où est l’armée pour aller donner un coup de main aux hôpitaux qui croulent sous le poids de ce virus? Où sont les hôpitaux de campagne reçus par les pays arabes avec les respirateurs que l’armée peut installer et s’en servir pour alléger la souffrance du peuple en attendant l’arrivée du vaccin? Pourquoi l’armée n’est jamais citée pour apporter de l’aide pour la campagne de vaccination? HN ne veut absolument pas l’impliquer dans aucune action patriotique pour accomplir ses devoirs de peur que les libanais la porte haut en estime et réclament sa présence d’une façon permanente. Et le président alors où est son autorité qu’il utilise pour bloquer le pays au lieu de l’imposer pour le sauver?

    Sissi zayyat

    13 h 38, le 17 janvier 2021

  • Même en ses temps difficiles, pourquoi le Liban n'a pas donné la priorité au laboratoire Moderna, dont le président fondateur n'est autre qu'un Libanais d'origine Arménienne, Noubar Afeyan est né au Liban d'arrières grands parents arrivés au Liban au début des années 1900 ... en outre, il semble que le vaccin Moderna soit plus facile à conserver que son concurrent Pfizer... Les intérêts ont probablement une raison que la raison ne connait pas..

    C…

    01 h 01, le 17 janvier 2021

  • J'espère que l'Etat n'a pas payé des acomptes à Pfizer et à Moderna, car selon les toutes dernières informations les vaccins ne fonctionnent pas bien!

    Shou fi

    00 h 49, le 17 janvier 2021

  • On amène 2750 tonnes d'explosifs, on les stockent durant 7 ans et quelqu'un s'en sert à volonté, sans tout ce brouhaha et l'on a cette explosion et la destruction d'une partie de la capitale ...mais pour des vaccins nécessaires, urgents et inévitables on se réunit on pond des lois, et bi rab' houna jmilé qu'ils ont fait leur devoir.. wow...

    Wlek Sanferlou

    23 h 44, le 16 janvier 2021

  • encore un exploit de nos honorables.

    Gaby SIOUFI

    17 h 51, le 16 janvier 2021

  • Ils ont hâte de se protéger du virus. Sans cela, cette loi aurait dormi comme bien d'autres.

    Esber

    11 h 53, le 16 janvier 2021

  • Adopter une loi aussi rapidement et à l’unanimité est trop inhabituel chez nos chers "élus". Ils ont sans doute rajouté une clause secrète donnant la priorité aux députés, leurs familles, leurs dépendants, leurs "clients", leurs sympathisants, et s’il reste quelque chose, ce sera pour la populace.

    Gros Gnon

    10 h 15, le 16 janvier 2021

  • « Vu l’urgence sanitaire, les industries pharmaceutiques n’ont pas eu le temps de finaliser les études nécessaires. Elles ont développé leurs vaccins en moins d’un an pour certaines, explique à L’Orient-Le Jour le président du syndicat des importateurs de médicaments, Karim Jebara. Cette affirmation est erronée et contre-productive pour la campagne de vaccination. La seule incertitude est la durée de protection qu'offre la vaccination mais on le saura très bientôt. Le développement des vaccins a profité d'une technologie performante et de plateformes déjà déployées pour tester des vaccins contre le cancer. Les études ont été menées de façon rigoureuse et ont inclus des dizaines de milliers de volontaires (des chiffres jamais vus précédemment). Par ailleurs, les résultats sont transparents et publiés dans les journaux médicaux les plus réputés (New England Journal of Medicine pour Pfizer/BioNTech et Moderna; Lancet pour Oxford/Astra Zeneca).

    Aftimos Philippe

    08 h 34, le 16 janvier 2021

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