Rechercher
Rechercher

Société - Reportage

Avant le bouclage total, les supermarchés et boulangeries pris d’assaut

Avant même que ne soit annoncée officiellement la fermeture des supermarchés (seule la livraison sera autorisée), dans le cadre d’un bouclage total du Liban pour enrayer la propagation du coronavirus, les Libanais faisaient des stocks de nourriture.


Avant le bouclage total, les supermarchés et boulangeries pris d’assaut

Des clients faisant la queue, hier, à l’entrée d’un supermarché. Photo Hussam Shbaro

Rayons vides, files d’attente interminables devant les portes des supermarchés et des boulangeries, embouteillages dans les rues…

Avant même que ne soit officiellement annoncé le bouclage total du Liban, du 14 au 25 janvier, afin de contenir la propagation du coronavirus, un véritable vent de panique a soufflé sur le pays, donnant lieu à des scènes quelque peu ahurissantes. Avant même que la question de la fermeture des supermarchés pour une durée de dix jours ne soit tranchée – il sera décidé que les supermarchés seront fermés aux clients, mais pourront continuer à les livrer –, la population s’est ruée dans les commerces pour faire ses provisions. Quitte à en oublier totalement les mesures de distanciation physique.

Devant un supermarché de Hamra, un employé tente tant bien que mal de faire respecter les consignes aux clients faisant la queue. Une femme âgée venue du quartier de la Quarantaine tente de négocier pour éviter la file. Des passants ahuris prennent en photo la scène. « Attendez votre tour s’il vous plaît », lance au même moment le gérant du magasin aux clients qui piétinent à l’entrée. En face de l’établissement, les livreurs remplissent chariots et scooters de sacs de denrées alimentaires et produits ménagers pour les livraisons à domicile. La cohue est telle que quatre hommes du service de sécurité de l’État sont postés en renfort pour faire respecter les distances.

Lire aussi

Bouclage total, état d’urgence sanitaire : des zones d’ombre entourent les décisions prises

Dans le supermarché, le « bip » incessant des caisses, le froissement des sacs en plastique et la sonnerie des téléphones du service client se mélangent à la musique de fond. Les chariots et les paniers se remplissent de grands packs d’eau, de papier toilette, de jus, de lait, de pâtes, de lentilles, de viande, de fromage, de labneh, d’huile, de produits surgelés et ménagers… Un homme, masqué, monte les marches du supermarché, les bras remplis de paquets de pâtes et de riz, pendant que les employés du rayon s’activent à remplir les étagères qui se vident continuellement. Déjà plus de pain sur les étagères, et les clients doivent trouver des alternatives. Le rayon « œufs », aussi, se vide. Un employé appelle un collègue par téléphone pour l’informer de la situation.

Sylvana, mère de trois enfants, remplit son panier de viande, pâtes, produits laitiers, et déplore n’avoir « pas trouvé de pain à temps ». Salwa, elle, tient fermement son sac de pain sous le bras. Venue avec son fils qui porte un panier rempli, elle fait aussi les courses pour sa voisine, trop âgée pour se déplacer. Marc, peu habitué des supermarchés, a l’air perdu. « Je ne sais même pas quoi acheter », lance-t-il devant les rayons. « J’ai pris du fromage, de l’alcool, du savon, du labneh… », dit-il. Deux femmes font la queue au rayon des fromages, et se tiennent entre deux signes collés sur le sol demandant de respecter la distanciation sociale. L’employée, dont la sueur perle sur le front, s’active à couper le fromage à la machine. Devant le primeur, voisin du supermarché, c’est la même scène. « Il y a beaucoup de pression aujourd’hui. Les gens ont peur du confinement et achètent davantage », explique Abed, 16 ans. Une voiture de police passe et demande aux citoyens, via un microphone, de ne pas déambuler sur les routes, désormais jonchées de sacs plastiques.


Dans un supermarché de Beyrouth, hier, des rayons totalement vidés par les clients, à deux jours d’un bouclage total. Mohammad Azakir/Reuters


« Nos stocks ont été vidés »

« Vous avez du pain ? » demande Rita, 76 ans, qui peine à rester debout devant la boulangerie. « Revenez demain », lui répond l’employé devant une foule qui semble avoir oublié, le temps d’une journée, les risques de propagation du virus.

« J’ai peur quand je fais la queue, les gens se collent presque à moi. C’est la seconde fois que je viens ici pour trouver du pain », déplore Rita, qui a fait le tour de quatre supermarchés. Une voiture est garée un peu plus loin. La banquette arrière est couverte de stock de papier toilette. « Avec tout ce monde à l’extérieur, on risque davantage d’attraper le virus qu’à l’intérieur », lance un homme d’une trentaine d’années aux employés de la boulangerie.

Alors que le nombre de cas de Covid-19 ne cesse d’exploser ces derniers jours, le syndicat des importations de denrées alimentaires a exhorté dans un communiqué la population à ne pas se ruer dans les supermarchés afin d’éviter la propagation du virus. Il rappelle également qu’il y a suffisamment de denrées alimentaires dans les dépôts et demande à la population d’acheter uniquement le nécessaire pour la semaine. Lors du bouclage du pays, les Libanais pourront, en outre, faire leurs courses en se faisant livrer. Manal, 35 ans, qui a l’habitude de tout acheter en double, ne trouve pas non plus de pain. Pain dont il a été par ailleurs décidé hier, pour ne rien arranger, que son prix augmentera. Le ministère de l’Économie et du Commerce a annoncé que le prix maximal d’un paquet de 900 grammes sera de 2 250 livres dès aujourd’hui, au lieu de 2 000 livres, et celui du paquet de 400 grammes sera de 1 500 livres, contre 1 000 livres auparavant.

Lire aussi

À Tripoli, « les pauvres ne peuvent plus se confiner, c’est fini »

Joëlle, 40 ans, accompagnée de ses deux enfants de 11 ans et 9 ans, n’a pas non plus trouvé de pain. « Nous reviendrons plus tard », lance, un peu plus loin, Sarah qui tourne les talons en découvrant la longueur de la file d’attente. Cette jeune femme de 28 ans n’ose pas entrer dans les supermarchés à cause de la foule. « Je ne panique pas, mais il n’y a plus de produits et j’ai peur de me retrouver sans rien », confie-t-elle. Quant à André, 60 ans, il achète « tout ce qui est achetable ». « On dirait qu’ils vont mourir de faim », ironise une employée de la boulangerie. À l’intérieur, l’odeur du pain reste vive même si les étagères sont quasi vides. Il est 16h30. La file d’attente devant la boulangerie ne cesse de croître. Un passant, en appel vidéo avec sa famille au Portugal, leur montre la queue devant les établissements. Ils rient de la situation. « C’est honteux », dit-il ensuite. Les images et vidéos de commerces alimentaires pris d’assaut inondaient hier les réseaux sociaux. De quoi alarmer les professionnels de santé, qui craignent une augmentation de la transmission du Covid-19. « Nous ne pouvons pas condamner ces gens qui ont des enfants et des obligations. Dans l’ordre des priorités, ne pas avoir faim passe avant le risque d’attraper le virus. Nous ne pouvons pas mettre toute une population sous une pression pareille et s’attendre à ce qu’elle agisse rationnellement », estime Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth.

Tous ceux qui ont préféré éviter la cohue se sont retranchés sur les services de livraison en ligne, eux aussi pris d’assaut. « Nos stocks ont été vidés », explique Fabienne Abou Rizk, la directrice générale de NokNok, une plate-forme de supermarché en ligne. « C’est un jour exceptionnel même si c’était attendu. Les gens sont paniqués et achètent de tout : ce dont ils ont besoin et n’ont pas besoin. Nous avons annoncé que les délais d’attente de livraison ne seront pas respectés aujourd’hui. Nous sommes toujours en train de procéder à des livraisons alors que nous avons clôturé le service il y a une heure. »

Rayons vides, files d’attente interminables devant les portes des supermarchés et des boulangeries, embouteillages dans les rues… Avant même que ne soit officiellement annoncé le bouclage total du Liban, du 14 au 25 janvier, afin de contenir la propagation du coronavirus, un véritable vent de panique a soufflé sur le pays, donnant lieu à des scènes quelque peu ahurissantes. Avant même...

commentaires (2)

Totalement hors sujet tout se passe devant les supermarchés.................vue de France!!!!!!

Beauchard Jacques

00 h 43, le 13 janvier 2021

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Totalement hors sujet tout se passe devant les supermarchés.................vue de France!!!!!!

    Beauchard Jacques

    00 h 43, le 13 janvier 2021

  • ET EN ATTENDANT BASSIL VEUT SE VENGER DE HARRIRI AVEC LE MOI ET HARRIRI AU GOUVERNEMENT OU PAS DE GOUVERNEMENT ET HARRIRI ECHAUDE PAR LE PASSE CAMPE SUR SES POSITIONS LA VERITE QU'A DONC FAIT CE PEUPLE POUR MERITER DE TELS DIRIGEANTS? AH OUI , J'AI OUBLIE IL A VOTE POUR EUX UN JOUR MAUDIT SOIT CE JOUR

    LA VERITE

    12 h 46, le 12 janvier 2021

Retour en haut