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Société - Covid-19

Bouclage total, état d’urgence sanitaire : des zones d’ombre entourent les décisions prises

Du jeudi 14 au lundi 25 janvier à l’aube, les mesures de lutte contre la pandémie sont durcies. L’aéroport reste ouvert.


Bouclage total, état d’urgence sanitaire : des zones d’ombre entourent les décisions prises

À partir de jeudi matin et jusqu’au lundi 25 janvier, il sera interdit de sortir de chez soi. Mohamed Azakir/Reuters

Au terme d’une longue réunion extraordinaire au palais de Baabda, le Conseil supérieur de défense a décidé hier de renforcer les mesures de lutte contre le Covid-19 qui continue de se propager à pas de géant, fauchant au passage une vingtaine de vies au quotidien en moyenne. De fait, le pays a enregistré hier 3 095 nouvelles contaminations et 23 décès, avec un taux de positivité de 16,2 % au cours des deux dernières semaines. Ces chiffres font grimper à 222 391 le nombre cumulé des contaminations depuis la détection du premier cas en février 2020, au nombre desquelles 1 629 décès et 143 616 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 1 549 personnes sont hospitalisées, dont 585 en soins intensifs, soit 89 hospitalisations supplémentaires en 24 heures, ainsi que 26 admissions en soins intensifs au cours de la même période.

Le Conseil supérieur de défense a ainsi annoncé le bouclage total du pays à partir du jeudi 14 janvier à 5h et jusqu’au lundi 25 janvier à la même heure, décrétant dans ce cadre l’état d’urgence sanitaire. Les Libanais ne pourront donc pas sortir de chez eux pendant cette période. Quelques exceptions sont prévues pour le personnel de santé, les journalistes, les militaires, des employés du secteur alimentaire et d’autres travailleurs jugés essentiels.

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Dans ce contexte, il n’est pas clair si l’armée sera chargée de faire appliquer les mesures prises, comme c’est le cas dans l’état d’urgence militaire, sachant que sur le terrain, « les effets sont similaires qu’il s’agisse de mobilisation générale ou d’état d’urgence pour ce qui est du couvre-feu, de la fermeture de certains secteurs, des déplacements… », comme l’explique à L’Orient-Le Jour Saïd Malek, constitutionnaliste.

Contactée par L’OLJ, une source au palais de Baabda souligne que « dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, tous les secteurs de la santé doivent concentrer leurs efforts pour lutter contre une catastrophe sanitaire, en l’occurrence le Covid-19 ».

Mesures à l’aéroport

Les décisions prises par le Conseil supérieur de défense se basent sur les recommandations émises hier matin par la commission interministérielle chargée de lutter contre la pandémie qui s’était penchée sur la situation sanitaire. Une réunion à laquelle a refusé d’assister le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, qui souhaitait que la commission interministérielle adopte des recommandations plus strictes, incluant entre autres la fermeture de l’aéroport et la réduction au strict minimum de la liste d’exemptions. Une liste qui reste encore longue.

Hier donc, le Conseil supérieur de défense a décidé de garder l’aéroport ouvert. Les mesures sont toutefois renforcées pour les passagers en provenance du Caire, de Bagdad, d’Istanbul, d’Addis-Abeba et d’Adana, « 85 % des cas importés de Covid-19 provenant de ces pays ». Les voyageurs en provenance de ces villes doivent, à leur arrivée, rester confinés une semaine durant dans un hôtel, à leurs propres frais, et subir deux tests PCR, l’un à leur arrivée et le second six jours plus tard. De plus, le flux aérien sera réduit pour ne représenter que 20 % du nombre des passagers enregistrés à la même période l’an dernier. Les voyageurs des autres pays que ceux susmentionnés devront eux aussi subir deux tests PCR, à leur arrivée et une semaine plus tard. Ils doivent également loger dans un hôtel, à leurs frais, pour une période ne dépassant pas les 72 heures, le temps que le résultat du test effectué à l’aéroport leur soit communiqué. Si le PCR est négatif, ils devront néanmoins passer les jours qui les séparent de leur second test en isolement à domicile. S’ils sont contaminés au coronavirus, « les directives du ministère de la Santé seront appliquées », énonce la circulaire du Conseil supérieur de défense sans plus de précisions. Sont exemptés de l’obligation d’isolement les diplomates et leurs familles, les délégations officielles, les membres de la Finul, ainsi que toutes les personnes ayant reçu un vaccin contre le coronavirus, preuve médicale à l’appui. Ces dernières devront quand même subir un test PCR à leur arrivée à l’aéroport, « par mesure de précaution ». Par ailleurs, tout passager souhaitant se rendre à Beyrouth doit être muni d’un résultat PCR négatif et avoir rempli le formulaire en ligne mis en place par les autorités sanitaires libanaises et disponible sur l’application « Ma3an », à défaut de quoi il ne pourra pas embarquer à bord de son vol à destination du Liban.

https://www.lorientlejour.com/article/1247831/a-tripoli-les-pauvres-ne-peuvent-plus-se-confiner-cest-fini-.html

Par ailleurs, l’entrée au Liban par les voies maritime et terrestre sera interdite tout au long de cette période. Seuls seront autorisées à passer les personnes en transit, à condition d’être munies de leur billet de voyage.

Autres mesures

Seront donc fermés les administrations publiques, les municipalités et leurs fédérations, les offices autonomes, les universités et écoles privées et publiques, les crèches, les jardins publics, les corniches maritimes, les clubs de sport et les terrains sportifs publics et privés, en intérieur et en extérieur. De même pour le Casino du Liban, les institutions commerciales, les sociétés privées, les marchés populaires, les cinémas, les musées, les salles de théâtre, les salles de vidéo poker, de jeux électroniques et en ligne. Les fêtes publiques et privées, les soirées et les événements sociaux sont interdits, à l’instar de tout genre de rassemblements. Tous les événements religieux doivent être annulés. Le ministère de l’Intérieur ainsi que les autorités religieuses seront chargées d’appliquer cette décision.

La circulaire demande également aux ministères concernés d’imposer aux hôpitaux privés l’augmentation des lits dans les unités de soins intensifs dédiées au Covid-19, sous peine, entre autres, d’annuler les contrats entre ces établissements et les tiers payants. Selon la catégorie à laquelle ils appartiennent, ces établissements doivent assurer entre 4 et au moins 12 lits supplémentaires en unités de réanimation. De leur côté, les services de sécurité et les autorités judiciaires doivent, conformément à la circulaire, appliquer les articles du Code pénal sanctionnant les hôpitaux qui refusent de recevoir un patient souffrant du Covid-19.

Avant le bouclage total, les supermarchés et boulangeries pris d’assaut

Avant le bouclage total, les supermarchés et boulangeries pris d’assaut

Concernant la vie au quotidien, les gens craignant la fermeture des supermarchés comme il avait été annoncé la veille, s’y sont rués hier en masse pour faire leurs provisions pour les jours à venir. Pourtant, selon la circulaire, ils resteront ouverts, ainsi que tous les autres commerces d’alimentation (bouchers, poissonneries, légumiers, épiciers, restaurants et fast-food, épiciers et supermarchés…), de 5h à 17h. Mais ils ne sont autorisés qu’à assurer les livraisons à domicile. Les kiosques de presse ouvriront de 5h à 12h et les boulangeries de 8h à 15h.Par ailleurs, il est interdit aux personnes qui ne bénéficient pas d’exemptions « de sortir de chez elles à partir du 14 janvier à 5h et jusqu’au 25 janvier à la même heure » sauf en cas d’urgence médicale ou pour s’approvisionner, à condition de montrer la facture des achats effectués. Une mesure qui soulève plusieurs questions : est-il interdit de faire sortir son chien ? Est-il interdit de sortir marcher? Que faire si on est arrêté à un barrage en se rendant à la pharmacie ? Que doivent faire les personnes qui doivent effectuer un test PCR ?... Autant d’interrogations sans réponses hier.Toutes ces mesures seront, selon la circulaire du Conseil supérieur de défense, sujettes à une réévaluation « périodique » par une commission incluant des représentants des ministères de la Santé, de l’Intérieur, du Tourisme et des Transports publics.

Au terme d’une longue réunion extraordinaire au palais de Baabda, le Conseil supérieur de défense a décidé hier de renforcer les mesures de lutte contre le Covid-19 qui continue de se propager à pas de géant, fauchant au passage une vingtaine de vies au quotidien en moyenne. De fait, le pays a enregistré hier 3 095 nouvelles contaminations et 23 décès, avec un taux de positivité...

commentaires (4)

Maudits soient-ils avec leurs décrets de déments!

Christine KHALIL

23 h 18, le 12 janvier 2021

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Commentaires (4)

  • Maudits soient-ils avec leurs décrets de déments!

    Christine KHALIL

    23 h 18, le 12 janvier 2021

  • Ils sont incompétents comme ceux qui les ont placé là où ils sont.

    DJACK

    18 h 19, le 12 janvier 2021

  • PLUS D'INCOERENCE QUE CA ON MEURT. A T ON JAMAIS ENTENDU DIRE QUE LES BOULANGERIES FONT DES DELIVERY? LES EPICIERS, LEGUMIERS,? LES CHARCUTIERS DE QUARTIER ? TRAFIC AERIEN REDUIT A 20% ??? PAR QUEL PHENOMENE POSSIBLE ARRIVERONT ILS A APPLIQUER CELA ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 25, le 12 janvier 2021

  • Êtes-vous sûrs qu’il boudait Hamad Hassan ? Peut être qu’il est simplement grippé.

    Ghandour Yasmine

    06 h 45, le 12 janvier 2021

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