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Environnement - Déchets ménagers

Nouvelle minicrise de déchets, nouvelle solution temporaire

Les ordures s’amoncellent depuis quelques jours dans les rues du Mont-Liban en raison de la énième fermeture « définitive » de la décharge côtière qui dessert la région. Le problème, financier, devrait toutefois en principe être réglé aujourd’hui par le ministère des Finances.

Nouvelle minicrise de déchets, nouvelle solution temporaire

Les ordures amoncelées dans les rues du Metn. Photo Marc Fayad

En matière de gestion des déchets ménagers au Liban, les crises se suivent et se ressemblent : un amoncellement soudain d’ordures dans les rues, signe d’un désaccord entre l’un des entrepreneurs (pour la collecte ou la gestion) et l’État, une nouvelle solution temporaire qui se profile, et qui se solde généralement par un déblocage de fonds et un agrandissement de la décharge, suivie d’une disparition des détritus qui débordaient des bennes… Jusqu’à la crise suivante.

L’amoncellement de déchets constaté dans les rues du Mont-Liban nord et de quelques quartiers à Beyrouth ces deux derniers jours, résultant de la fermeture de l’unique décharge qui dessert cette zone, répond au même schéma et pourrait avoir un épilogue similaire : ainsi, le différend avec l’entrepreneur qui gère la décharge desservant ces quartiers pour le compte de l’État serait réglé dès aujourd’hui par un déblocage de fonds du ministère des Finances. Le Mont-Liban nord ainsi que certains quartiers de Beyrouth sont desservis par la décharge côtière de Bourj Hammoud-Jdeidé, formée de deux composantes. Mais seule la décharge de Jdeidé, gérée par l’entrepreneur Dany Khoury en vertu d’un contrat signé avec le Conseil du développement et de la reconstruction, accueillait encore des tonnes de déchets. Or, la compagnie a annoncé sa sursaturation et entrepris de la fermer définitivement il y a deux jours, dénonçant par le fait même l’inaction du gouvernement qui avait pourtant, en septembre dernier, opté pour un agrandissement de la décharge par l’annexion d’un terrain adjacent de 40 000 mètres carrés, également dans le périmètre de Jdeidé (voir L’OLJ du 24 septembre). Or, le stockage en hauteur dans la même décharge s’est poursuivi durant trois mois supplémentaires sans que l’aménagement du nouvel espace, également côtier, n’ait lieu. Que s’est-il donc passé ?

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Selon une source proche du dossier, le gouvernement avait effectivement accordé le 23 septembre dernier, une autorisation exceptionnelle à l’entreprise de Dany Khoury pour aménager la nouvelle décharge sur le terrain désigné, ce qui devait régler le problème de sa saturation. Le gouvernement, par le biais du CDR, a demandé au même entrepreneur de présenter une offre pour l’aménagement du nouveau terrain, souligne cette source à L’OLJ. Toutefois, dans un contexte de crise économique et de dévaluation de la monnaie, un nouveau problème, qui devient récurrent dans ce genre de situation, s’est posé : pour l’aménagement, l’entrepreneur a besoin d’importer des équipements et exige une partie des paiements en dollars afin de pouvoir s’en acquitter. Or, l’État paie actuellement tous ses entrepreneurs sur base d’un dollar à 1 500 livres libanaises, loin de son taux réel sur le marché qui tournait hier autour de 8 600 livres pour un dollar.

Toujours selon cette source, le contrat n’ayant pas été finalisé, l’entrepreneur s’est trouvé dans l’obligation de continuer à stocker les déchets en hauteur, étant donné la saturation du terrain, sans perspective de passage imminent au nouveau terrain. D’où son insistance à fermer le site juste après les fêtes.

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Un moyen de faire pression sur le gouvernement ? C’est normal, estime cette source, puisqu’un entrepreneur ne peut continuer à travailler sans aucune garantie par rapport à l’avenir, d’autant plus qu’il est risqué de stocker les sacs poubelles en hauteur.Selon les informations de L’OLJ, l’affaire devrait toutefois être réglée aujourd’hui puisque le ministre sortant des Finances Ghazi Wazni a procédé au déblocage des fonds pour mettre en marche le nouveau contrat. La LBCI précise qu’il s’agira d’un paiement de 18 millions de dollars alloué à l’agrandissement de la décharge. Entre-temps, l’aménagement de la nouvelle décharge nécessitant au moins un mois, l’entrepreneur devrait continuer à utiliser le site saturé, les ordures devant donc être levées des rues incessamment.

Un cercle vicieux

La résolution de cette crise, si elle se confirme aujourd’hui, continue d’obéir à la même logique de fuite en avant qui ne résout jamais le problème en profondeur. La décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé a été saturée une première fois en mai 2020, précocement par rapport au plan initial de sa construction, car le tri des déchets est insuffisant au Liban. Le gouvernement d’expédition des affaires courantes de Hassane Diab avait alors une première fois décrété une prorogation de sa durée de vie par un stockage en hauteur sur un mètre et demi. Le confinement dû au coronavirus et la baisse de l’activité économique auraient pu prolonger cette solution artificielle jusqu’en automne de la même année n’était-ce la double explosion du 4 août au port de Beyrouth qui a détruit l’unique centre de tri de la zone couverte par la décharge. Des déchets sans aucun tri arrivaient donc quotidiennement au site, dont l’entrepreneur a annoncé une seconde fois la saturation en septembre 2020, d’où la décision d’aménager ce terrain adjacent de 40 000 mètres carrés gagnés sur la mer et déjà remblayés.

Au grand dam des écologistes, ces solutions hypercentralisées, autant géographiquement qu’administrativement, ne prennent pas en compte les critères environnementaux de réduction, de tri, de compostage et de recyclage des déchets. Par une telle gestion des déchets, le pays se trouve continuellement empêtré dans des politiques en forme de cercle vicieux, doublement coûteuses parce qu’elles impliquent de consacrer des terrains toujours plus vastes à l’enfouissement des déchets et ne donnent pas la possibilité de profiter des matières recyclables ou transformables, sans compter les désagréments et les dégâts écologiques.

En matière de gestion des déchets ménagers au Liban, les crises se suivent et se ressemblent : un amoncellement soudain d’ordures dans les rues, signe d’un désaccord entre l’un des entrepreneurs (pour la collecte ou la gestion) et l’État, une nouvelle solution temporaire qui se profile, et qui se solde généralement par un déblocage de fonds et un agrandissement de la...

commentaires (2)

Les images sont bien tristes, et c'est bien que dans ses articles, le OLJ suit la problematique. Je ne pense pas qu'un incinérateur c'est une bonne solution. Il faut plus de lois pour reguler l'economie libanaise. Dans mon opinion, le Liban c'est une economie import-export avec des tonnes de materiels importes , il faut des lois qui obligent l'importateur aussi de exporter les dechets. Et bien-sur aussi encourager moins de dechets, par exemple par l'usage de moins de plastiques.

Stes David

14 h 08, le 10 janvier 2021

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Commentaires (2)

  • Les images sont bien tristes, et c'est bien que dans ses articles, le OLJ suit la problematique. Je ne pense pas qu'un incinérateur c'est une bonne solution. Il faut plus de lois pour reguler l'economie libanaise. Dans mon opinion, le Liban c'est une economie import-export avec des tonnes de materiels importes , il faut des lois qui obligent l'importateur aussi de exporter les dechets. Et bien-sur aussi encourager moins de dechets, par exemple par l'usage de moins de plastiques.

    Stes David

    14 h 08, le 10 janvier 2021

  • Ils n’ont jamais eu l’argent dans les caisses pour installer un incinérateur moderne et propre comme dans tous les pays développés. Ils ont préféré remplir leur comptes et leurs poches avec

    Sissi zayyat

    16 h 37, le 09 janvier 2021

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