Droit et libertés publiques

Écrits sur l'État de droit de Bahige Tabbarah, 2020, 432 p.

Avocat de renom, ancien député et ministre, Bahige Tabbarah vient de publier un recueil trilingue intitulé Écrits sur l'État de droit qui réunit des études et articles ayant pour dénominateur commun le droit et les libertés publiques. Qu'il évoque la Constitution libanaise trop souvent malmenée, l'abolition de la peine de mort, la vacance dans les institutions constitutionnelles (sujet d'actualité !), la religion et la fonction de légiférer, le mariage et le statut personnel civil facultatif, le tribunal spécial pour le Liban, la réforme de la justice, les droits de la femme, la loi électorale, l'arbitrage et la médiation, la privatisation, les accords de Taef et de Doha, la présidence de la République ou l'âge électoral qu'il souhaite ramener de 21 ans à 18, il fait preuve d'une vaste culture, d'un grand respect pour les institutions et d'une clairvoyance dans l'analyse. Désireux de faire du Liban une vraie démocratie, il passe au crible les obstacles qui en contrecarrent l'établissement et critique le confessionnalisme outrancier qui mine le système et menace le vivre-ensemble...

À ces études, enrichies de références et d'observations tirées de sa propre expérience, l'auteur ajoute des souvenirs personnels, à propos de sa nomination comme ministre en 1973 ou de ses rapports avec le Conseil constitutionnel créé à son instigation en 1993, et évoque Rafic Hariri, baptisé « le Haussmann libanais », le ministre Fouad Boutros, mais aussi son maître d'école, l'écrivain et journaliste Fouad Sleiman, trop tôt disparu.

En refermant ce recueil, le lecteur ne peut s'empêcher de regretter qu'un juriste de cette trempe n'ait pas été nommé à la tête du gouvernement. Cadeau empoisonné ? Peut-être. Mais pour sortir de la médiocrité ambiante, la désignation d'une telle personnalité eût été salutaire.