Nouvel épisode dans le feuilleton des propos polémiques du ministre libanais sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi : selon lui, l'expérience des femmes à la tête du ministère qu'il dirige a été un échec. Une pique lancée à son prédécesseur, Raya el-Hassan, qui a occupé ce poste entre janvier 2019 et janvier 2020 dans le cabinet de Saad Hariri. Pour tenter de se justifier face à la journaliste Layal Ekhtiyar, de la chaîne Al-Horra, le ministre sortant affirme qu'une femme "ne peut pas s'abaisser à de bas niveaux" pour traiter notamment avec des consommateurs et des dealers de drogue.
"L'expérience des femmes à la tête du ministère de l'Intérieur a-t-elle été une réussite, selon vous ? En toute honnêteté, oui ou non ?", lui demande la journaliste, lors d'un entretien télévisé diffusé lundi soir. Après quelques secondes d'hésitation, Mohammad Fahmi répond : "Non".
وزير الداخلية اللبناني محمد فهمي للحرة: تجربة النساء في وزارة الداخلية غير ناجحة
— قناة الحرة (@alhurranews) December 28, 2020
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"Pourquoi me posez-vous ce genre de questions ?
"Raya el-Hassan a donc échoué en tant que ministre de l'Intérieur ?", lui demande la journaliste. "Non, elle n'a pas échoué, mais nous vivons dans une jungle au Liban. Vous pensez que nous vivons dans un pays ?", lance alors le responsable, visiblement mal à l'aise. "Vous pensez qu'un homme est plus capable de maintenir la sécurité qu'une femme ?", lui lance alors son interlocutrice. "L'homme traite cela avec plus de... Mais pourquoi vous me posez ce genre de questions ?", s'emporte alors Mohammad Fahmi. "Se comporte avec quoi ?", demande Layal Ekhtiyar, qui tente de pousser le ministre sortant dans ses retranchements. "Moi, je peux m'abaisser à un niveau très bas, alors qu'une femme ne peut pas le faire", se défend le ministre sortant.
"Un niveau bas sur quel plan exactement ? Au sein de la classe politique ?", lui demande-t-elle. "Au sein de la société. (...) Est-ce qu'une femme peut se rabaisser au niveau de ceux qui consomment de la drogue ou la vendent ? Il y a une certaine situation au Liban. Nous ne vivons pas au Royaume-uni, en Suède, ou à Londres. Il y a une certaine culture chez nous. La femme ne peut pas se rabaisser à un certain niveau. Je ne parle pas de mentalité orientale ou occidentale, mais au Liban, la situation est malsaine", conclut Mohammad Fahmi.
Le ministre sortant de l'Intérieur avait récemment provoqué l'indignation d'une grande partie de la population, en conseillant aux Libanaises de "cuisiner un peu" pendant le reconfinement du pays. Quelques jours plus tard, il provoquait la colère du corps judiciaire en affirmant que "pas moins de 95% des juges sont corrompus". Des propos qui lui ont valu d'être interrogé par la justice. Ce même ministre s'était également vanté à la télévision d'avoir tué deux miliciens durant la guerre civile de 1975-1990 et d'avoir bénéficié, selon lui, de la protection du président de la République, Michel Aoun, qui était officier au sein de l'armée à l'époque, comme M. Fahmi.
On en a assez avec les bavardages irrecevables de ce ministre.
18 h 35, le 29 décembre 2020