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Politique - Liban-Vatican

Sévère admonestation du pape François à la caste politique libanaise

Le message de Noël reflète « la prédilection » du saint-père pour le Liban, explique le nonce apostolique.

Sévère admonestation du pape François à la caste politique libanaise

A deux reprises la semaine dernière, le pape Français a évoqué le Liban et demandé à ses dirigeants d’être à l’écoute du peuple. Photo tirée du compte Facebook du souverain pontife

C’est un message d’une grande tendresse (pour les victimes), mais aussi d’une grande sévérité (pour les coupables) que le pape François a adressé au patriarche et à tous les Libanais, « sans distinction de communauté ni d’appartenance religieuse », à l’occasion de la fête de Noël, et dans lequel il leur promet de les visiter « dès que possible ».

« Les Libanais devraient apprécier à sa juste mesure le fait que le pape leur ait adressé un message à Noël. La démarche n’est pas habituelle », a assuré hier, dans une correspondance romaine de l’ANI, l’évêque Youhanna Rafic Warsha, vicaire patriarcal maronite auprès du Saint-Siège. Ce que confirme au Liban le nonce apostolique Joseph Spiteri qui précise que deux messages seulement de cette nature ont été adressés cette année par le pape François, l’un aux Libanais, l’autre à la population du Soudan du Sud, à majorité chrétienne.

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Pour le nonce, ce message reflète « la prédilection » que le pape François éprouve pour une nation qui traverse en ce moment la crise la plus sévère de son histoire. « Je sens au fond de l’âme la gravité de ce que vous êtes en train de perdre », y affirme le pape, s’adressant surtout aux jeunes, qu’il appelle « à résister à la tempête » et « à ne pas perdre l’espérance ».

Le volet interne

Si le message s’adresse aussi à la communauté internationale, invitée à tenir le Liban à l’écart de ses tensions, c’est surtout son volet interne et la sévère admonestation qu’il adresse aux dirigeants libanais, en particulier aux chrétiens d’entre eux, qui doivent compter. Dans son message, François exhorte les responsables politiques à s’engager « avec sérieux, honnêteté et transparence », afin que le pays du Cèdre « puisse parcourir un chemin de réformes et continuer dans sa vocation de liberté et de cohabitation pacifique ».

Empruntant ses mots à une homélie de 1931 du patriarche Élias Hoyeck, le pape a exhorté les responsables politiques à revoir leurs méthodes et conduites. « Vous les monarques, vous les responsables, vous les juges de la terre, vous les députés qui vivez aux dépens du peuple, a-t-il dit, (…) vous êtes tous obligés, à titre officiel, de poursuivre vos efforts avec ardeur au service de l’intérêt public. Votre temps n’est pas pour vous, votre travail n’est pas pour vous mais pour l’État et pour la patrie que vous représentez. »

« Entende qui a des oreilles pour entendre », a simplement commenté à ce sujet le nonce apostolique. « Il s’adresse à l’équipe du président », assure pour sa part l’universitaire Antoine Courban.

Dans son message urbi et orbi prononcé après la messe de Noël le 25 décembre, le pape est revenu sur ce thème en affirmant : « Que l’étoile qui a éclairé la nuit de Noël soit un guide et un encouragement pour le peuple libanais pour que, dans les difficultés qu’il est en train d’affronter, avec le soutien de la communauté internationale, il ne perde pas l’espérance. Que le Prince de la Paix aide les responsables du pays à mettre de côté les intérêts particuliers et à s’engager avec sérieux, honnêteté et transparence, pour que le Liban puisse parcourir un chemin de réformes et continuer dans sa vocation de liberté et de cohabitation pacifique. »

Pour l’ambassadeur du Liban auprès du Saint-Siège, Farid Élias el-Khazen, le message du pape est des plus clairs. Il s’inscrit dans la droite ligne de ce pour quoi plaide la communauté internationale : les réformes. « Dans les mêmes termes que la communauté internationale, le Vatican est en train de dire aux Libanais : “Nous ne pouvons pas agir à votre place. C’est à vous de le faire ; mais nous sommes là pour vous soutenir” », affirme M. el-Khazen.

La place des jeunes

Le nonce apostolique précise de son côté que « les préoccupations du pape vont à tous les Libanais, mais plus particulièrement aux jeunes ». « Chers fils et filles du Liban, dit ainsi le message, ma douleur est grande de voir la souffrance et l’angoisse étouffer l’esprit d’entreprise et le dynamisme du pays du Cèdre. Plus encore, il est douloureux de se voir voler toutes les plus chères espérances de vivre en paix et de continuer à être, pour l’histoire et pour le monde, un message de liberté et un témoignage de bien vivre ensemble ; et moi qui, de tout cœur, prends part tant de vos joies que de vos peines, je sens au fond de l’âme la gravité de ce que vous êtes en train de perdre, surtout quand je pense aux nombreux jeunes à qui toute espérance d’un avenir meilleur est enlevée. »

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À côté de cette admonestation aux dirigeants libanais, le souci majeur du pape semble être que les Libanais défendent leur unité interne. Il est clair, assurent des sources, que le souverain pontife est au courant des moindres détails de la situation du pays, notamment de la dislocation des institutions et de l’exode de la jeunesse.

« Comme le cèdre, dit le message, puisez aux profondeurs de vos racines du vivre-ensemble pour redevenir un peuple solidaire ; comme le cèdre qui résiste dans la tempête, puissiez-vous tirer profit des contingences du moment présent pour redécouvrir votre identité, celle qui consiste à porter au monde entier le parfum du respect, de la cohabitation et du pluralisme, celle d’un peuple qui n’abandonne pas ses maisons ni son héritage ; l’identité d’un peuple qui n’abandonne pas le rêve de ceux qui ont cru en l’avenir d’un pays beau et prospère. »

Identité vs neutralité

« Identité, respect, cohabitation, pluralisme. » Cette terminologie n’est pas étrangère à celle qu’utilise le Vatican depuis les années Jean-Paul II. On ne manque pas de souligner, dans certains cercles religieux, que le mot « neutralité » ne figure pas dans le message du pape. Et ces milieux de rappeler que, lors de sa visite au Liban, en septembre dernier, le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, s’était contenté de déclarer que la campagne en faveur de la « neutralité active » du Liban est à l’étude, qu’il importe que le Liban soit « mis à l’abri des conflits externes » et que, pour le Vatican, « il importe essentiellement que le Liban préserve son identité et son rôle au Moyen-Orient et dans le monde », comme modèle de vivre-ensemble, de pluralisme et de liberté. « Le Vatican est beaucoup plus dans la ligne tracée par le Document sur la fraternité humaine signé à Abou Dhabi par le pape et l’imam d’al-Azhar », ajoute Antoine Courban, qui déplore – comme le fait aussi Farès Souhaid – le relatif manque d’attention et de suivi accordé par les Églises du Liban à ce texte.

Ce point de vue est également celui de l’avocat Abbas Halabi, qui a participé en observateur au synode pour le Liban convoqué par Jean-Paul II en 1995. « Le Liban est scruté à la loupe par le Vatican, dans la conscience que la qualité de la présence chrétienne, le respect qu’elle inspire, le rôle politique qu’elle remplit sont déterminants pour la présence chrétienne dans tout le Moyen-Orient. De l’état du partenariat islamo-chrétien au Liban dépend l’avenir du monde arabe », assure M. Halabi.

Pas de visite dans l’immédiat

En tout état de cause, le message du pape « à tous les Libanais sans distinction de communauté exprime aussi la position d’un État qui a son influence dans le monde : c’est une prise de position ferme du Saint-Siège à l’égard de la souffrance du peuple libanais à cause de sa caste dirigeante », affirme l’écrivain et journaliste Roberto Ruggiero, un expert sur les questions du Moyen-Orient et les affaires ecclésiastiques, cité par l’ANI, dans sa dépêche romaine.

Pour sa part, le vicaire patriarcal maronite à Rome, l’évêque Youhanna Rafic Warsha, relève que, sans prononcer les mots de « neutralité active » du Liban pour laquelle milite le patriarche maronite depuis juillet, le pape a quand même abordé la substance de cette requête, en demandant « une fois encore à la communauté internationale d’aider le Liban à rester en dehors des conflits et des tensions régionales ». Enfin, à la promesse d’une visite « dès que possible », on précise, de source proche de l’ambassade du Liban près le Saint-Siège, qu’un voyage du pape est toujours minutieusement préparé, parfois plus d’un an à l’avance, et qu’il n’est donc pas possible que le saint-père effectue une visite « impromptue ».


C’est un message d’une grande tendresse (pour les victimes), mais aussi d’une grande sévérité (pour les coupables) que le pape François a adressé au patriarche et à tous les Libanais, « sans distinction de communauté ni d’appartenance religieuse », à l’occasion de la fête de Noël, et dans lequel il leur promet de les visiter « dès que possible »....

commentaires (4)

Cher Pape, El Massih disait "que ceux qui ont des oreilles écoutent et des yeux voient", nos valeureux polichinelles n'ont ni yeux ni oreilles juste des bouches et des estomacs pour tout avaler et tout ch...! sans rien laisser au peuple. Il faut les envoyer dans des cochons qui iront se jeter dans un précipice tant ils en seront dégoûtés..

Wlek Sanferlou

15 h 04, le 29 décembre 2020

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Commentaires (4)

  • Cher Pape, El Massih disait "que ceux qui ont des oreilles écoutent et des yeux voient", nos valeureux polichinelles n'ont ni yeux ni oreilles juste des bouches et des estomacs pour tout avaler et tout ch...! sans rien laisser au peuple. Il faut les envoyer dans des cochons qui iront se jeter dans un précipice tant ils en seront dégoûtés..

    Wlek Sanferlou

    15 h 04, le 29 décembre 2020

  • Il a le pouvoir d’excommunier ceux d’entre eux qui prennent prétexte de "représenter les chrétiens" pour commettre leurs méfaits. Alors? Il attend quoi, sa béatitude? La fin des chrétiens du Liban?

    Gros Gnon

    10 h 39, le 29 décembre 2020

  • Votre Sainteté , nous vous exhortons d’excommunier de La Sainte Église tous les responsables libanais catholiques. Ils faut même leur interdire de faire le signe de La Croix car ce sont des criminels qui continuent leurs crimes contre la population libanaise en toute impunité. Bien entendu, ce principe s’applique aussi aux dirigeants politiques des autres communautés

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 20, le 29 décembre 2020

  • CES CLIQUES MAFIEUSES D,ALIBABAS INNES AUX MAINS TRES LONGUES POUR DEVALISER PROMPTEMENT ETAT ET PEUPLE ET SE PARTAGER LES BUTINS SONT SOURDS AUX ADMONESTATIONS. IL LEUR FAUT UNE VRAIE REVOLUTION POUR LES DEGAGER DE MALGRE, LES INCARCERER ET LES JUGER APRES AVOIR SAISI TOUS LEURS AVOIRS LIQUIDES ET IMMOBILIERS DANS LE PAYS ET DANS LES PAYS PARADIS DES CLIQUES MAFIEUSES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 55, le 29 décembre 2020

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